13. Tan

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Tan garda les yeux fixés sur l'astre solaire tandis que celui-ci tombait à l'horizon. Il pouvait entendre Jinah, derrière lui, en train d'aider Nazat à ranger sa maison. Il avait essayé de les aider mais Jinah lui avait dit qu'il la gênait bien plus qu'il n'aidait. Peut-être était-ce parce que sa motivation s'était envolée.

    Il en voulait à tellement de monde à présent. À Aédé pour avoir disparu, à l'ancien Roi de Mélène pour avoir instauré cette stupide Élection, aux deux autres Rois pour s'être laissés faire, à sa mère pour lui avoir caché la vérité sur Rénan, à ce dernier pour les avoir abandonnés, et enfin il s'en voulait. Il s'en voulait de réagir comme ça, de laisser Jinah gérer les choses pendant que lui se morfondait comme un enfant, et surtout de ne pas savoir quoi faire pour aider Nazat, son grand-père.

    Quand Dalian disparut pour de bon au loin derrière les arbres, plongeant la maison dans l'ombre, il s'arracha à sa contemplation et se leva. Le vieil homme et Jinah étaient dans la cuisine. Pendant que la jeune fille préparait quelque chose à manger, l'homme lui racontait toutes sortes d'histoires sur Rénan, enfant. Il la prenait encore pour Ellie. La jeune fille ne protestait pas. Tan la soupçonnait d'apprécier toutes ses histoires. Lui-même en trouvait certaines amusantes, mais il ne pouvait empêcher ses pensées de revenir sur les actes de son père, et aussitôt, les histoires n'étaient plus si drôles.

    Jinah lui jeta un coup d'œil alors qu'il entrait dans la pièce. Elle sourit ensuite à Nazat qui lui parlait toujours.

    — L'autre jour, racontait celui-ci, il m'a traîné dans tous les magasins de la ville pour te trouver un cadeau !

    Tan s'assit sur une chaise, attirant le regard du vieillard qui lui sourit.

    — Je ne sais même plus ce que tu as fini par prendre, fiston !

    Tan resta figé un instant, ne sachant que dire. Il se gratta la tête à la recherche d'une réponse. Cette situation le mettait vraiment mal à l'aise, même trois jours après. Il n'arrivait pas à s'habituer au fait que Nazat le prenne pour son père. C'était bien trop étrange. Il balbutia :

    — Euh... C'est que... Je ne m'en souviens plus...

    Nazat lui fit une légère tape sur la tête qui le fit grimacer.

    — Ne suis-je pas censé être le plus vieux de nous deux ? Voilà que c'est toi qui perds la tête !

    Jinah émit un léger rire. Nazat désigna quelque chose autour de son cou.

    — N'est-ce pas ça ? Le collier que tu portes ?

    Jinah baissa les yeux pour découvrir le pendentif de sa mère, une émeraude aussi verte que ses yeux. Elle sourit légèrement.

    — Oh, non. C'est un cadeau de ma mère. Un porte-bonheur selon elle.

    Nazat hocha la tête avant d'enchaîner sur les bienfaits des pierres. Tan remarqua qu'il semblait en savoir énormément sur le sujet. Pas étonnant pour quelqu'un qui avait dû garder l'emplacement de Dilia secret toute sa vie, au point de l'oublier. Il devait sûrement avoir fait beaucoup de recherches dessus.

    Tan se leva d'un coup. Une idée lui était venue comme par magie. Les deux autres le dévisagèrent, surpris. Jinah fronça les sourcils. Tan s'empressa de s'expliquer :

    — D'où tenez-vous toutes ces connaissances ? demanda-t-il à son grand-père. Je crois qu'elles pourraient nous être utiles.

    Nazat secoua doucement la tête.

    — Des livres, et cesse de me vouvoyer. Qu'est-ce qui te prend ?

    Tan hésita. Il se tourna vers Jinah qui lui passa un savon par le regard. Il ne se faisait vraiment pas à cette situation. Il s'excusa une bonne dizaine de fois en s'efforçant de faire comme si tout était normal.

La Légende d'AédéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant