21. Tan

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S'il sortait vivant de cette vallée, Tan se promit de passer ses prochaines vacances près d'une source d'eau fraîche sans bouger. Encore fallait-il qu'il en sorte.

    — On y est presque, murmura-t-il à Jinah.

    Celle-ci ne lui répondit pas. À vrai dire, cela faisait un moment qu'il ne l'avait pas sentie bouger. Inquiet, il s'arrêta.

    — Jinah ?

    — Je... je suis encore... là, l'entendit-il marmonner.

    Bien loin d'être rassuré, il reprit la route en accélérant la cadence. Son amie était en danger et la forêt était encore loin. Il mit toutes ses douleurs et ses craintes de côté et accéléra encore. Peu importait que Jinah ne soit pas si légère, peu importait qu'il ne soit pas du tout sportif d'ordinaire, il devait faire vite. Si ce fichu soleil voulait bien disparaître derrière des nuages, il l'en remercierait toute sa vie. Mais l'astre s'en moquait royalement et trônait toujours au milieu du ciel immensément bleu comme pour les narguer. Il ignorait quelle anomalie autorisait qu'on les grille de cette façon. Ce n'était pas normal.

    Il sentit une goutte de sueur dégouliner depuis son front et s'empressa de l'essuyer du revers de la main. 

    — Tu es toujours là Jinah ? demanda-t-il.

    — Mmh...

    — On va y arriver, promit-il.

    Il continua son chemin, plus déterminé que jamais. Mais au bout d'une vingtaine de minute, il fut obligé de s'arrêter. Il déposa Jinah sur le sol le plus doucement possible et se laissa tomber sur le dos. Il avait mal partout et son corps le brûlait affreusement. Il tourna la tête vers Jinah pour voir qu'elle semblait endormie. C'était mauvais signe. Elle était rouge à cause du soleil et son front formait de drôles de plis, comme si elle souffrait. Tan inspira un grand coup, termina le peu d'eau qu'il leur restait et se releva. Il fallait qu'il atteigne ces fichus arbres.

    Il hissa la jeune fille tant bien que mal sur son dos puis reprit la route. Il pouvait voir la forêt se rapprocher et pourtant elle lui semblait de plus en plus loin. Il respirait difficilement et devait sans cesse être concentré pour empêcher Jinah de tomber. Le temps passait et il lui semblait toujours s'éloigner des bois.

    Alors qu'il commençait à perdre espoir, il distingua trois silhouettes s'approcher. Il continua d'avancer vers elles pour enfin recevoir de l'aide mais fut forcé de s'arrêter de nouveau pour poser Jinah qui pesait de plus en plus lourd. Lorsqu'il releva la tête, les trois personnes étaient presque à sa hauteur. Il y avait deux garçons et une fille. Tous trois étaient habillés comme n'importe qui mais portaient par-dessus une sorte de cape bleu pâle leur couvrant la tête. 

    — Aidez-moi s'il vous plait, demanda Tan. Mon amie a besoin d'être soignée.

    — Nous allons vous aider, répondit l'un des garçons, le plus âgé semblait-il. 

    Il dépassait Tan d'une demi-tête et ses yeux verts étaient emplis de maturité. Il retira sa drôle de cape et la tendit à Tan. 

    — Enfile ça, pour te protéger du soleil. Daliaé ?

    La fille retira sa cape à son tour et entreprit de la mettre sur Jinah. Les deux garçons prirent ensuite Jinah pour la porter jusqu'au petit village pendant que la fille aidait Tan à se relever. Elle lui tendit également une bouteille d'eau qu'il s'empressa de boire toute entière. Ils rejoignirent ensuite les deux garçons en direction de la forêt. Tout au long de leur marche, Tan ne cessait de jeter des coups d'œil inquiets vers Jinah qui semblait profondément endormie. Sa poitrine se soulevant à chacune de ses inspirations était le seul indice qu'elle soit encore en vie. 

La Légende d'AédéWhere stories live. Discover now