VI

2.3K 112 3
                                    

- Laurenceeeee?

- Aleeeeeeeeex!

- Aller! Viens ce soir! Ma mère fait du poulet!

- Parce qu'en plus elle cuisine fancy ? Alors, là, aucune chance.

- Okay, là, t'as pas le choix. Tu viens. Laue, c'est le seul moment où je vais t'obliger à faire une chose pour laquelle tu vas me détester pour la vie, mais tu viens. C'est la seule et unique fois où t'es obligée. S'il te plait? me supplia-t-il.

- On dit pas 's'il de plait' lorsqu'on ordonne.

- On se voit ce soir! Je passe te chercher à 17 heures à l'hôpital. Que tu le veuilles ou non!

* . *. * . * . *. * . *

- Je suis vraiment désolée de ne pas pouvoir rester plus longtemps... Ça me brise le cœur de te laisser tout seul, aussi souvent et aussi longtemps, mais tu connais Alex, j'ai pas le droit de lui refuser quoi que ce soit. Il a tellement été présent pour moi ces dernières années... C'est comme une sorte de payback, si tu veux. Et oui, je suis sûr et certaine que c'est pas un petit ami que j'essaierai de te cacher, il est vraiment gay. Il m'a même déjà dit qu'il te trouvait sexy... mais je crois que j'étais pas supposée te le dire.

- Je crois qu'il t'en voudra pas trop.

        J'ai carrément bondit sur place. J'ai dû me retrouver à trente centimètre du plancher, sans exagérer.

        Et pour boucler la boucle, c'est lui, c'est imbécile de fils à papa, qui me fixe, là, dans le cadre de porte, un sourire espiègle aux lèvres, son carnet de notes sous le bras, son crayon entre les dents.

- On t'a jamais dit qu'écouter aux portes, c'est mal? demandai-je.

- On t'a jamais dit que suivre les étrangers durant leur journée de travail, c'est mal? son maudit sourire s'élargissant.

- Okay, t'a gagné.

        Merde.

        Comment il a su ça lui?

- C'était pas un défi, me répondit-il avec un haussement d'épaules.

- De toute façon, avec toi, il n'y aurait pas de challenge.

        Bravo Laurence! La meilleure façon de plomber une ambiance.

- Alors comme ça, Alex a un œil sur ton frère?

        Ouais, c'est ça, change de sujet. Pauvre type.

- Pourquoi? Tu veux son numéro?

        Facepalm. S'il vous plait, que quelqu'un me la ferme. Puisque, visiblement, j'en suis pas capable moi-même.

- Oh, je suis hétéro, malheureusement. Les bites, ça m'attire pas trop.

        En plus il trouve ça drôle?

- Mais toi, je trouve que t'as une face à être gay, me dit-il.

        Pardon? Mais pour qui il se prend, à la fin ? !

- QUOI? voir qu'il vient de me sortir ça.

- Oh, je n'sais pas. Un petit je-ne-sais-quoi dans l'attitude de salope peut-être.

- De salope? Mais tu te prends pour qui?

- Ah, pardon. C'est pas toi Laurence Jones, emmerdeuse de première, ado rebelle qui fait chier le personnel médical en entier?

-Wow. Quelle belle réputation j'ai ici.

-Si tu faisais des efforts aussi.

Je pris place sur le lit à côté de Jordan, face au p'tit con devant moi.

- Tu m'connais pas. T'es qui pour me juger?

-Oses dire que toi, tu ne m'as pas jugé dès que tu m'as vu.

Bon, il faut le dire, il marque un point.

-Je te l'avais dit.

-J'ai rien dit du tout.

-Je sais. Ton silence parle, c'est tout.

Qu'il se taise, si non, je le frappe.

-Est-ce qu'on pourrait recommencer, tu crois?

-Recommencer quoi?

-Ça, nous.

-Nous?

-Wow, fais-toi pas d'idées, je suis fiancé. Je parlais juste de notre... euh... relation médecin/patient.

-De quoi est-ce que tu me soignes?

-Je te soigne..?

-J'voulais juste de faire remarquer que t'es pas réellement mon médecin, mais celui de mon frère. Alors, techniquement, c'est pas une relation médecin/patient qu'on a plus.

-Alors c'est quoi comme relation ?

-T'as vraiment besoin d'une étiquette?

-Non.

-Alors ça a pas de nom.

Une chance qu'Alex arrive d'ici cinq minutes - il n'est jamais en retard - parce que je ne crois pas que je puisse rester en compagnie de monsieur je-suis-fiancé-et-travail-dans-le-même-hôpital-que-mon-père-ce-qui-fait-de-moi-quelqu'un-de-cool-même-si-je-ne-le-suis-pas-et-ne-le-serai-jamais bien longtemps.

« Alors... »

« Alors quoi? »

Oups. J'ai peut-être été un peu bête. Mais juste un petit peu.

« T'es célibataire? »

« Et toi t'es pas un peu trop fiancé pour poser ce genre de questions à une fille? »

« Je ne faisais qu'entretenir la conversation, c'est bon. Si tu veux pas répondre à la question parce que tu as honte d'être seule, n'y réponds pas. C'est simple. »

« Mais j'ai pas honte! Qu'est-ce qui te met des idées comme ça en tête? »

« Alors t'es célibataire. »

« J'ai jamais dit ça! »

« T'as jamais dit le contraire non plus. » me fit il si gentiment remarquer.

« Oh ferme-la, avant que je m'énerve! »

« Comme si ça serait pire qu'à l'habitude. »

Il vient de me boucher. Mais genre vraiment. C'est la première fois de ma vie que moi, Laurence, j'ai rien à répondre à quelqu'un qui, dans un sens, vient de m'insulter. Parce que ce qu'il dit, dans le fond, c'est vrai. J'suis toujours énervée. Toujours chiante avec tout le monde - sauf peut-être Alex. J'insulte la planète en entier, ne fait qu'à ma tête et ne me soucis que de moi ou à la limite Jordan et Alex. C'est tout.

Ça m'énerve encore plus qu'il ait raison, que j'ai tord et que je ne le connaisse que depuis deux grosses heures (soit le temps total où je l'ai vu ou lui ait parlé).

Alors quand Alex débarque dans la pièce, je ramasse mon sac en silence et le suis sans parler, sans même réagir aux saluts polis que les deux gars s'échangent

Je ne fais que revivre en boucle les dernières minutes qui viennent de s'écouler.

Et ne trouve rien d'autre à ajouter que

« Ça serait si pire si j'étais vraiment célibataire? »

« Non. J'ai jamais dit que ça le serait. »

Évidement qu'il me répondrait un truc dans le genre.

« Alors, oui, je le suis. Et fière de l'être pour l'éternité.»

* . * . * . * . * . * . * . * . *
* . * . * . * . * . * . * . * . *

#NoFarytaleFic Sur Twitter
@StefAnnny04

It's No Fairytale (French)Where stories live. Discover now