XI

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   Quelle conne.

   Ça m'apprendra à moi, à essayer de me rapprocher des gens assez stupide pour « suivre les traces de leurs parents »! Moi, on m'a toujours dit d'apprendre des erreurs de mes parents, pas de les reproduire une par une.

   Franchement.

   Je senti une goutte tomber de mon œil.

   Pourquoi je pleure, merde?

   C'est pas comme si...

   Comme si...

   Comme si j'avais des espoirs avec lui. On est vraiment trop différents.

   Oui, différents.

   Tellement différents.

   Mais merde! En quelques jours, je crois que j'ai pleuré plus souvent que toutes les fois que je pleure en cinq ans. Honte à moi.

   Avec mon père toujours absent, Jordan dans le coma et Alex qui ment sans cesse à ses parents, je me sens seule. J'en ai beaucoup à gérer toute seule, ça devient lourd. Ça m'affaiblis, dans un sens. Pareille pour toute les nuits où je dors pas; elles m'avantagent pas.

   Pas de ma faute si je saute presque sur le premier venu à m'accorder de son temps et un peu d'affection.

   Pas de ma faute non plus si je m'empêche pas d'écouter ce qu'il dit.

«Oh, pas tout de suite, ma puce. Je dois encore rester un peu plus tard, je te l'ai dit ce matin.»

   Semblerait qu'y a pas que mon père qui fasse des heures supplémentaires.

«Oui, ce matin, avant de partir.»

   Semblerait aussi qu'il sort avec le genre de fille qui n'écoute qu'à moitié lorsque ça ne les intéresse pas.

«Non, je ne peux pas.»

   Il vient de te le dire, grosse conne.

«Parce que je pourrais perdre mon internat.»

   Ah, oui. Bonne raison pour l'éviter, elle.

«Il n'y a pas que lui qui prend les décisions. Et je ne veux pas avoir à dépendre de lui toute ma vie.»

   Enfin, il a compris quelque chose.

«Écoute, je te rappel plus tard.»

   Ou pas. C'est toi qui voit.

«Quoi? Pourquoi tu ne serais plus là?»

   Pourquoi tu chiales? C'est pas comme si elle te manquerait.

«Comment tu n'as pas que ça à faire, m'attendre? Je ne t'ai jamais demandé ça!»

   Ben... tu lui as quand même demandé de te donner sa main.

«Tu aurais peut-être dû y penser avant d'accepter d'être ma femme. Maintenant, excuse-moi, mais j'ai du travail. Nous en reparlerons quand je rentrerai.»

Bien dit!

Mais, euh... Merde! Il s'en vient par ici!

Je décidai d'agir normalement – ou le plus possible – et m'assis à côté de Jordan, sagement, lissant soigneusement les draps de son lit à ma portée. Jusqu'à ce que l'autre imbécile rentre dans la chambre, son téléphone toujours en main.

«Oui, toujours endormis. Profondément, en plus de ça. Tu peux repartir d'où tu viens.»

«Mademoiselle, si vous permettez, j'aimerai – »

Je me levai d'un bond, fulminante, l'écume presque aux lèvres, le doigt pointé directement sur lui, accusatrice.

«Non! Non! Je te permets pas! Maintenant dégages!»

«Miss Jones, je vous en pris, je voudrais simplement– »

«Je vous ais dit non! NON!»

«ME LAISSEREZ-VOUS PARLER? Milles pardon, mais Ciel, avez-vous toujours été aussi têtu et insupportable? Je ne veux en aucun point vous embêter plus que je ne l'ai déjà fait. Je suis simplement revenu pour vous présenter mes plus plates excuses et...»

Il se mit à jouer nerveusement avec son protecteur de téléphone, les yeux fixé sur l'objet, comme s'il était cent fois plus intéressent que la conversation qu'il tentait d'avoir.

«Tu as eu le culot de venir dans la pièce, tu pourrais au moins avoir le culot de finir ta phrase.»

«Non.»

«Non!? Non quoi?»

«Je ne l'aime pas.»

Une claque. Je viens de me prendre une claque en plein visage. Bieber junior vient d'enfin admettre quelque chose dont je ne l'aurais jamais cru capable.

«Et..?»

«Quoi « et »?»

« Qu'est-ce que tu compte faire à propos de ce petit problème? »

« Petit problème? Est-ce que vous avez entendu ce que je viens de vous avouer? Je viens d'avouer ne pas aimer, mais alors pas du tout, la femme à laquelle je suis fiancé. Je vais me marier avec cette femme. Cette femme va devenir l'être auquel ma vie va se mettre en orbite autour et je ne suis même pas fichu de ressentir ne serait-ce qu'un minuscule gramme d'amour pour elle. Ma vie n'a aucun sens. »

« Tu n'as qu'à la quitter. C'est pourtant simple. Non? »

« Non! Absolument pas! C'est la fille du plus grand donateur de cet hôpital. Celui qui fait presque vivre ma famille. Celui grâce à qui mon père a pu avoir son emplois en premier lieux! Si je la laisse tomber, je laisse tomber ma famille au grand complet! »

« Et ce serait si pire que ça? »

« QUOI!? »

« Je veux dire... c'est pas comme si tu semblais proche de ton père, s'il t'obliges à marier cette conn- femme. »

« Ce n'est pas seulement à cause de ça.»

«Oh mon Dieu! Je t'en supplie, arrête de prononcer chacun des mots qui existe sur la planète. Parles naturellement, pas constipement.»

« Constipement? C'est même pas un mot! »

« Au moins, t'as avaler un ne pour une fois! »

Il me sourit timidement, jouant toujours avec son téléphone.

« Je voudrais savoir si... enfin... si tu pouvais m'en – arg – m'en apprendre plus? »

« T'en apprendre plus? »

« Oui. Sur ton, ton mode de vie. »

« Mon mode de vie? »

Je ne pu m'empêcher de laisser sortir un rire.

« Vous semblez très – »

« Reviens au tu, reviens au tu. »

« Eum, tu semblez – sembles très libre. Peut-être que de t'avoir – de te voir me ferais du bien. M'aiderais à me libéré, moi aussi, dans un sens. Est-ce que ça fait du sens? »

« Penses pas. Mais j't'ai compris. Tu viens? »

« Où ça? »

« On va aller boire un verre. »

« Je suis supposé resté ici jusqu'à 20 heures. »

« Il est passé 20 heures. Alors? »

« Laisse-moi le temps de prendre mon manteau. »


It's No Fairytale (French)Where stories live. Discover now