XIX

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J'ouvris les yeux, encore endormie, pour la deuxième fois aujourd'hui. Sauf que le réveille fut mille fois mieux que le précédent. Plus tôt, un méga mal de tête m'avait pris d'assaut, mais là, je suis bien.

Et totalement seule dans le lit.

Je dois dire que, pour une première fois, il n'est pas mal du tout au pieu. Vraiment bon même. Mais, dans un sens, ce genre de choses-là, surtout chez l'homme, c'est inné. Alors je devrais pas trop le complimenter.

Arrg! Je peux pas arrêter d'y penser, je sens encore ses mains partout sur moi. Je suis courbaturée comme jamais.

Bon, s'il était allé au toilette, il serait déjà revenu. Je sais qu'il n'est pas partit, ce n'est absolument pas son genre. Non. Je dirais même que lui, son genre, ce serait de revenir pour demander un deuxième tour.

Que je serai prête à lui accorder. Pas tout de suite, évidement. Disons, dans une heure ou deux.

Je regarde l'heure. Bon. J'ai déjà manqué une bonne partie de la journée et de mes cours. Pas la peine de se presser pour ne pas être en retard.

Je m'étire, roule dans tous les sens dans le lit - son côté transpire encore son odeur - avant de me redresser. Je suis certaine que j'ai une tête à faire peur, comme chaque fois que j'écarte les jambes. Je ne me suis pas démaquillée, hier soir. Je dois avoir du mascara qui a coulé, les cheveux en vrac. Ça ne sert pas à grand-chose que je m'arrange. S'il n'est pas partis avec mon caractère de merde, il ne partira sans doute pas pour un visage défigurer.

Merde, je suis encore nue. Faudrait peut-être que je m'habille, au cas - peu probable - que mon père soit à la maison. Je ramasse donc la chemise de Justin sur le sol et l'enfile rapidement, boutonne de travers le devant, attrape une culotte dans mon tiroir et sors de ma chambre. L'odeur d'huile, d'œufs, de pains et de confiture se fait sentir jusqu'au deuxième étage.

Je suis le corridor et descends jusqu'au rez-de-chaussée. Je rejoins ensuite la cuisine où je trouve un Justin à moitié à poil - en boxer, donc - entrain de cuisiner notre déjeuner.

« Mais qu'est-ce que tu fous? »

Il tressaillit légèrement avant de se tourner vers moi, un léger sourire aux lèvres.

« Ce n'est pas assez évident pour toi? » répliqua-t-il.

« Non, pas trop. »

« Le déjeuner, voyons! »

« Non! Oui! Non, ce que je veux dire, c'est, pour- pourquoi t'es encore ici? » clarifiai-je.

« Parce que j'ai dormis ici? Qu'on a couché ensemble ce matin? »

« C'était ce matin? »

« Il est seize heures. »

« Ta femme doit s'inquiété. »

« Je sais. »

Le pire, c'est qu'on dirait qu'il s'en fou. Royalement. Seigneur.

« Ça te déranges pas? » demandai-je en prenant place sur l'ilot de cuisine, en face d'une des assiettes qu'il avait sans doute pris le temps de placer pour nous.

« Pas vraiment. Je suis avec toi. »

Ouais... comme si ça allait résoudre tes problèmes, mon gars.

« Justin... »

« Je sais, je sais. » Il lâcha la cuiller de bois avec laquelle il remuait les œufs dans la casserole pour venir faire le tour de l'ilot et se mettre derrière moi, encercler ma taille et me faire pivoter pour lui faire face. « Je sais que c'est trop tôt. Beaucoup trop tôt. Que c'est fou et irresponsable de ma part. Mais j'y peux rien. Cette nuit, c'était... Cette nui, c'était parfait. Enfin, ce matin. C'était bon. Très bon. J'ai jamais ressenti ça, Laurence, et je ne veux pas que ça s'arrête. Peu importe le prix à payer. »

« Tu dis ça aujourd'hui, mais demain, quand je serai pas là, et que tu devras affronter le regard de tes parents ou ce soir, devant Marie-Hélène, ce sera un autre discourt que tu sortiras. »

« J'en douterai. »

Il se pencha doucement vers moi, relevant gentiment mon menton, ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Ses yeux papillonnaient entre les miens et ma bouche, analysant chacune de mes réactions, près à battre en retraite dès que je serai inconfortable.

Sauf que je voulais que ça arrive. Je voulais que ses lèvres se posent sur les miennes, qu'il m'embrasse jusqu'à me faire perdre le nord. Et bien que mon cœur lui crie de se dépêcher, ma tête en avait décidé autrement. Je méritai mieux. Alors, je détournais la tête.

« Qu'est-ce qu'il se passe? »

« Je suis désolée. » soufflai-je contre sa peau. « Je suis désolée, mais je peux pas. C'est au-dessus de mes forces. Je ne peux pas. »

« Tu ne peux pas quoi? »

« Tu dois choisir. C'est soit moi, soit elle. Je ne peux pas être un deuxième choix. Maintenant, va-t'en. Tu reviendras lorsque tu seras célibataire. »

« Laue... »

« DÉGAGES! » Je me dégageai en hurlant, le repoussant de toutes mes forces. « Ramasse tes affaires et va-t'en. Si tu as les couilles de faire ce qu'il y a à faire, tu reviendras. Sinon, on se verra à l'hôpital lorsque je passerai voir mon frère. »

Il soupira doucement et se résigna à gravir l'escalier jusqu'au deuxième afin d'aller chercher ses choses. Je retins mes larmes jusqu'à ce qu'il redescende, pose ses lèvres sur mon front et sorte de la maison. Dès que la porte se fut refermée, je reculai en trébuchant jusqu'au mur le plus proche et m'y laissai glisser, des hoquets envahissant mes oreilles alors que je laissais toute ma rancœur et ma peine sortir à sa guise.

Je savais que j'avais fait ce qu'il fallait. Je refusais d'être celle qui l'attendrait sagement dans la placard pour ces moments où il aurait besoin d'une Marie-couche-toi-là. Je refusais aussi d'être encore celle qui se faisait promener en bateau par un connard de la pire espèce. J'avais assez donné.

N'empêche, même si c'était la meilleure décision que j'aurai pu prendre, son goût amer parfuma l'odeur de la pièce, s'imprégna dans ma gorge et ralentit les battements de mon cœur.

« Je suis désolée, » répétai-je.

Pourtant, cette fois-ci, je ne savais pas à qui je m'adressai, à lui... ou à moi-même.

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Les derniers chapitres, je sais, je les ais postés tous vraiment rapidement.

L'école recommence bientôt. donc je préviens tout de suite que je vais poster moins souvent. L'école avant tout!

Vous me direz ce que vous préféré; un chapitre par semaine ou un chapitre + un autre avec les pensées de Justin par semaine.

Dites-moi aussi si vous préféré qu'ils soient plus long ou moins long, je vais essayer de m'arranger.

MERCI DE ME SUIVRE!


It's No Fairytale (French)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant