XIV

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   Une heure et demie.

   Ça doit faire une heure et demie qu'on est assis à notre table, maintenant. Et environ une demie-heure qu'on ne dit plus rien. Et c'est pesant. 

   Les shooters sont tous vides. J'ai pas la force d'aller en chercher d'autres et il semble trop saoul pour trouver le bar, même s'il est seulement à huit mètre d'où nous sommes.

   Triste vie.

   Il vaudrait sans doute mieux que je désaoule un peu et que je le ramène chez lui. Le problème, c'est qu'il risque de ne pas être capable de se rendre jusqu'à sa porte d'entrée sans se perdre et je doute que j'en ressorte indemne si je l'aide. Sa fiancée risque de m'en mettre toute une. Si elle en a les couilles.

   Alors, soit je le ramène chez moi, soit je le fait désaouler aussi. La première option est totalement irréalisable, parce qu'il est hors de question qu'il vomisse demain matin sur mon divan. Et je n'ai aucune idée comment le rendre sobre.

   Peut-être de l'eau ? Non! Du café! Ou de la tisane.

   J'suis tellement saoul que je sais même pas ce que je raconte.

«Justiiiiiin?»

   Et je suis tellement saoul que ce que je dis semble vraiment long à formuler.

«Quoi?»

   Sa bouche à l'air toute pâteuse. Peut-être que si je posais la mienne dessus, je l'aiderai un peu.

   Arg! Qu'est-ce que je raconte merde.

«Je m'emmerde.»

«On aurait du aller dans un bar. On aurait eu raison de s'emmerder.»

   J'éclatais de rire. N'empêche, il a raison. Sauf qu'on serait sans doute encore plus saoul que l'on ne l'est déjà, vu que, dans les bars, y'a des serveuseurs - what? - payés pour nous apporté nos consomamtions. On est même pas obligé de se lever.

   Dans le fond, c'est sans doutes mieux comme ça.

«Viens danser avec moi!»

   Ce fût à son tour de rire aux éclats.

«Est-ce que tu m'as regareder? J'suis presque mort et toi tu veux que je me lèves et me trémousse sur une piste de danse? En plus, j'suis mauvais en danse sobre.»

«Alllllllller! S'te plait! On va rire.»

«Ton entousiasme me fait rire assez comme ça merci. Pas besoin d'aller danser pour ça.»

«Justiiin!»

«Vas-y, toi! Je te regarde.»

«T'es tellllllllement poche.»

     Pourtant, je me levais, lui fit un clin d’œil et rejoignis les autres filles sur la piste de danse. Pas la peine d'avoir peur du jugement ou d'être gênée, les filles sont toutes aussi saoul, certaines même beaucoup plus, que moi. Alors je me lance. Je me faufile parmi la horde de salopes en chaleur et me laisse entraînée par leur frénésie.

 Je me colle contre elles alors qu'elles font pareilles, sûrement heureuses d'avoir une nouvelle partenaire. Je sens des mains sur mes hanches et lorsque je me penche pour vérifier leur identité, je les remarque manucurées et peinturée d'un rose éclatant. Pas besoins d'avoir peur dans ce cas.

   La fille ne me maintient pas, au contraire. Elle m'entraîne à sa suite, me fait balancer les hanches de la façon la plus sexy qui existe, tout en se collant contre moi. Heureusement que d'autres nous entourent, sinon j'aurai été gênée par les regards des hommes autour.

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