17. Le meilleur des amis

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Le vendredi 4 février 2000

– Et toi, Lee, comment tu vas ?

Lee dévisageait Léna avec surprise. Cela pouvait paraître étrange, mais on lui posait rarement cette question, à part en termes de politesse mais, dans ces cas là, personne n'attend jamais réellement de réponse. Cependant, la question de Léna paraissait avoir été posée avec sincérité et c'est ce qui intriguait Lee.

– Moi ? releva-t-il en haussant un sourcil.

– Oui, toi. Si George est ton meilleur ami, Fred l'était aussi, jusqu'à... jusqu'aux tragiques événements qui sont survenus. Alors, comment tu vas ?

Lee haussa les épaules, ne sachant pas quoi répondre. Il n'était généralement pas celui pour lequel on s'inquiétait. Il n'était pas celui qui avait perdu un frère, une sœur, ou un parent. Et pourtant, il était vrai qu'il avait perdu un meilleur ami. Un meilleur ami qu'il considérait comme un frère. Cependant, il avait toujours du gérer cette perte seul, c'était une fatalité qu'il avait acceptée.

Pour la première fois depuis très longtemps, Lee se posa donc cette question : comment allait-il ? Il s'agissait d'une question anodine et, pourtant, le jeune homme peinait à y répondre. Il n'avait que très peu de temps dans sa vie pour y réfléchir, ou peut-être ne le prenait-il pas suffisamment car il avait l'impression que cela importait peu, que tout le monde s'en fichait. Peut-être était-ce un tort.

– Je vais bien, je crois, répondit finalement Lee.

Il poussa un long soupir et, sous le regard patient de Léna, il décida de se confier.

– Ça a été un coup dur, la perte de Fred. C'était vraiment une période difficile quand c'est arrivé. J'ai assisté à la scène, tout comme George... Cela paraissait tellement irréel sur le moment. Tout ce qui s'est passé ce jour-là paraissait irréel, en fait. Après tout ce qu'on avait vécu ensemble, je peinais à croire que Fred puisse vraiment être... mort (Lee avala difficilement sa salive en prononçant ce mot). Mais après ça, je me devais d'être présent pour George. J'ai fait mon deuil de mon côté. Je savais que c'était ça que Fred attendait de moi, que je sois là pour son frère, avant toute autre chose. Rien n'a plus jamais été pareil, bien sûr. D'un trio, nous sommes passés à un duo. Et George n'était plus vraiment le même mais, là aussi, je me devais de toute faire pour qu'il puisse se relever plus fort. Un travail qui est encore en cours, bien sûr.

Léna médita un instant sur les paroles de Lee.

– George a vraiment de la chance de t'avoir, déclara-t-elle finalement avec admiration.

– J'ai fait ce que je devais faire, c'est tout, répliqua Lee. C'était mon rôle et ça le sera toujours.

– Tout le monde n'aurait pas pu le faire, crois moi, rétorqua Léna. Faire passer les intérêts des autres avant les siens, surtout quand on souffre, ce n'est pas à la portée de tous.

Lee haussa de nouveau les épaules.

– George est comme un frère pour moi. Tout ce que je veux, c'est qu'il aille mieux. Je ferais tout pour ça. J'estime que c'est normal. Je leur dois beaucoup, à lui et Fred, tu sais ?

– Tu es vraiment trop modeste, commenta Léna en souriant.

– Moi, modeste ? répéta Lee avec un rire. Je crois bien que c'est la première fois qu'on me dit ça.

– En ce qui concerne George, crois-moi, tu es tout ce qu'il y a de plus modeste.

Lee ne répondit rien. Son effective modestie l'en empêchait. La vérité, c'était qu'il était prêt à beaucoup de sacrifices pour George, mais ça, même à George, il ne l'avouerait jamais à voix haute. Car on ne dit jamais ce genre de chose à un frère, surtout quand on a trop de fierté.

Une éclaircie dans un ciel sombre [George Weasley] Where stories live. Discover now