11. ... avant la désillusion

1.5K 121 51
                                    

Le mardi 4 janvier 2000

Dans les bras de George, la douleur de Léna s'atténuait un peu. Son souffle s'apaisait et ses tremblements cessaient. C'était toute la magie d'un simple câlin. C'était la magie de l'amitié. Léna aurait voulu ne plus jamais bouger d'ici, pour que jamais elle ne puisse souffrir à nouveau. Les bras qui l'entouraient lui étaient si agréables, même l'odeur du vieux pull dans lequel sa tête était fourrée lui semblait enivrante.

Tandis que les battements du cœur de Léna s'accéléraient, que sa chaleur corporelle commençait à monter en flèche, la jeune femme réalisa qu'elle avait sacrément envie d'embrasser les lèvres qui se trouvaient quelque part au-dessus de sa tête. Une idée qui se fit de plus en plus entêtante jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus penser à autre chose qu'à ça.

Pourtant, il s'agissait de George. George Weasley, son ami... Léna se fit la réflexion que l'embrasser n'était certainement pas une bonne idée. Elle ignorait même d'où cette idée lui était venue. Quelque chose ne tournait pas rond dans son esprit. Et pourtant...

Aussi stupide ce désir soit-il, elle en avait véritablement envie. Elle savait aussi combien elle pourrait regretter un tel geste. C'était typiquement le genre d'actes qui pouvait ficher une amitié en l'air, si on y prêtait pas plus d'attention. Mais en cet instant, elle se fichait totalement de ce que sa raison lui dictait. Elle n'était pas réellement en état de disserter sur le sujet.

Alors Léna dégagea sa tête de l'épaule de George et, sans lui laisser le temps de réagir, déposa ses lèvres sur les siennes. La sensation ne fut pas vraiment différente du baiser qu'ils avaient partagé lors de cette fameuse soirée du nouvel an. Ce soir là, son esprit était obscurci par l'alcool. En cet instant, anesthésiée par la douleur qui régnait dans son cœur, elle était à peu près dans le même état que si elle avait été saoule. La fatigue et la peine lui faisaient perdre tout discernement.

Néanmoins, la sensation de ces lèvres chaudes sur les siennes lui était agréable et elle ne voulait pas que cela s'arrête. Elle flottait sur un petit nuage. Malheureusement, elle déchanta très vite. Doucement mais fermement, George la repoussa.

– Qu'est-ce que tu fais, Léna ? demanda-t-il avec douceur.

La jeune femme lui adressa un regard curieux. Son petit nuage se dissipa et elle eut l'impression de retomber lourdement sur une surface inconfortable. La réalité l'avait rattrapée et elle n'avait d'autre choix que de lui faire face.

– Ce que je fais ? Cela me parait pourtant évident... répondit Léna.

– Tu sais très bien ce que je veux dire, répliqua George. Tu ne sais pas ce que tu fais.

– Comment ça ? Il me semble que je suis assez grande pour savoir ce que je fais.

– Dans ce cas, tu dois savoir que ce n'est pas une bonne idée.

– Et pourquoi ça ?

– Tu vas mal, Léna. Je ne sais même pas si tu te rends compte à quel point.

– Cela me passera, c'est temporaire, réfuta-t-elle alors même qu'elle savait qu'il avait raison. Et je ne vois pas le rapport.

George secoua la tête.

– Je vais te dire ce que je crois, reprit George. Je crois que tu souffres plus que tu ne l'imagines. Tu souffres parce que tu n'es jamais parvenue à faire le deuil de ton frère. Tu en as pris conscience, je le sais, mais seulement en surface. Crois-moi, je sais de quoi je parle mieux que quiconque. Mais le mensonge n'est pas une solution. De même que l'alcool, ou toute autre façon de mettre ses problèmes de côté.

Une éclaircie dans un ciel sombre [George Weasley] Where stories live. Discover now