13. Le doute

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Le samedi 22 janvier 2000

George fixait l'article sur la première page de la gazette du sorcier sans vraiment comprendre ce qu'il voyait. Il était perdu dans toute une nuée de pensées et ne parvenait pas à s'en défaire. L'intervention de Bill l'y aida néanmoins.

– A quoi tu penses ? lui demanda-t-il.

L'un des avantages avec Bill, c'était qu'il tournait rarement autour du pot. En cet instant, il voyait bien que quelque chose préoccupait son frère.

– À Léna, soupira George.

Dans une autre situation que celle-ci, il n'aurait certainement pas révélé le fond de sa pensée. Mais cette fois, il avait vraiment besoin de parler de tout ça à quelqu'un. Bill lui semblait en l'occurrence être la bonne personne. Son frère était quelqu'un sur qui on pouvait toujours compter. Il n'était pas du genre à répandre les petits secrets des gens, ni leurs tracas, tout simplement parce que les ragots n'étaient pas son truc. Bill était d'une bienveillance sans faille, d'autant plus avec les membres de sa famille.

– Tu veux en parler ? demanda doucement Bill.

George réfléchit un moment à la façon dont tourner sa pensée puis commença.

– Je m'inquiète pour elle. Je veux dire, tu sais qu'elle va mal en ce moment. Tu sais aussi pourquoi et comment ça s'est passé. Ce qu'il y a, c'est que je me sens terriblement coupable de la façon dont je l'ai abandonnée cette fois là. Sur le moment, je pensais vraiment agir de la meilleure façon possible, dans son intérêt. Mais plus j'y pense et plus je me dis que j'ai eus tort. C'est ma faute si elle va si mal. J'ai déclenché ce truc chez elle, c'est moi qui lui ai parlé de son deuil, de sa tristesse refoulée à propos de son frère.

– Éventuellement, il fallait que ça arrive un jour, l'interrompit Bill d'une voix posée. Elle ne pouvait pas éternellement fuir son deuil. Plus elle attendait, plus cela risquait d'être pire. Tu le sais bien. Ce n'est pas ta faute.

– Peut-être, mais je n'ai pas réagi de la bonne façon au vu des circonstances.

– Quoi qu'il arrive, ce qui est fait est fait, George, répliqua son frère. La question est de savoir ce que tu comptes faire maintenant...

– Ce que je compte faire ? répéta George. Je n'en sais rien. Je ne suis même pas sûr qu'elle veuille me voir. Je ne pense pas non plus que je puisse l'aider.

– Pourquoi ça ?

– Déjà parce que, avant de me rencontrer, elle allait très bien. En surface peut-être, mais elle allait bien. Je l'ai contaminée avec mon propre malheur.

– Quand vous vous êtes rencontrés, tu allais mal. Elle t'a aidé à aller de l'avant. Elle t'a en quelques sortes réveillé alors que tu n'étais que l'ombre de toi même. Je ne sais même pas si tu t'en es rendu compte. Tu vas vraiment mieux depuis que tu l'as rencontrée. Mais maintenant, je crois que c'est elle qui a besoin de toi, George.

– Mais qu'est-ce que je peux faire ? balbutia George avec désarroi.

– Être présent, répondit simplement Bill. C'est déjà beaucoup, tu sais.

– Je ne suis pas sûr que ce soit de moi qu'elle ait besoin. Comme je l'ai dit, j'ai provoqué ça chez elle.

– Elle n'allait pas bien, George, répliqua-t-il. C'était une bombe à retardement, avec toute cette douleur en elle qui n'attendait qu'à sortir. On peut dire que tu as crevé l'abcès, mais c'était nécessaire. Tu l'as même aidé, en ce sens.

– Peut-être. Mais je ne pense pas pouvoir l'aider à traverser ça. J'ai déjà du mal à trouver la force de me lever, parfois. J'ai beau aller mieux, je ne vais pas bien pour autant. Je pense que, nous deux, ensembles, on serait toxiques l'un pour l'autre.

– Je ne suis pas sûr. Vous pourriez vous aider à vous reconstruire, vous aider à surmonter votre deuil.

George resta silencieux. Peut-être que Bill avait raison. Cependant, il avait peur. Et cela, il ne l'aurait admis pour rien au monde. Il voulait plus que tout au monde venir en aide à Léna, mais il avait peur que cela attise la douleur de sa propre perte.

Il ne se passait pas un jour, pas une heure, durant laquelle il ne pensait pas à Fred. La douleur de sa perte était toujours là, blottie au creux de sa poitrine, tel un monstre tapi dans l'ombre, prêt à attaquer à la moindre faiblesse.

Il savait bien qu'il ne pouvait pas fuir sa peine, ce n'était pas faute d'avoir essayé. Mais il ne savait véritablement pas s'il était capable d'affronter la douleur de Léna sans que cela ait des répercussions sur lui...


***


C'était un chapitre court, c'est pourquoi, exceptionnellement, je vous poste un deuxième chapitre dans la foulée !

C'est mon week-end de générosité, profitez en 😉

J'espère que ce chapitre vous a plu et que le suivant vous plaira également, je vous souhaite une bonne lecture à tous ! 

Une éclaircie dans un ciel sombre [George Weasley] Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ