La Guerre Du Sang [ Tome 2 ]

Chapitre 8:

Une pluie fine réveilla Nuit, qui plaqua ses oreilles contre son crâne pour ne plus entendre le chant des feuilles au contact de la pluie. Quelques jours étaient passés, et les petits de Vipère s'amusaient déjà au milieu du Camp, sautant sur des boules de mousses.
Nuit fut prise d'une bouffée d'affection pour eux, ils étaient petits et innocents, aimants et surveillés par une mère courageuse, qui avait fait tout son possible pour retrouver Sang.
Nacre remua près d'elle, encore endormi. La femelle aux yeux noirs s'imagina à ses côtés, avec leurs chatons, jouant et sautant joyeusement dans l'herbe. Elle soupira, avant de reposer sa tête sur ses pattes et tenter de se rendormir.

Un cri suivi d'un feulement la réveilla de nouveau en sursaut, elle se leva et scruta le camp, sur ses gardes. Vipère était partie et tous les autres semblaient chercher quelque chose et Hiver et Blessure n'étaient pas là non plus.
Sang semblait affolé aussi, cherchant désespérément quelque chose lui aussi. Nuit se précipita vers Borgne, qui sentait une piste.

"- que se passe-t-il ?" Demanda la femelle, paniquée.

"- le père des chatons est venu dans la matinée" expliqua brièvement le jeune félin. "Il s'appelle Guimauve, il est grand et blanc aux yeux verts et il a pris les chatons"

"- mais personne ne surveillait les chatons ?" S'alarma Nuit.

"- ce n'est pas la question !" Feula le guérisseur en suivant la piste.

Nuit regarda autour d'elle et ne vit personne dans le camp, ils devaient tous être à la recherche des petits pour les sauver de leurs père. Je dois les aider, si Vipère n'a pas ramené Guimauve auprès de ses petits, c'est qu'il y a une raison !
Elle dressa les oreilles et leva la truffe, consciente qu'elle était l'une des meilleures pisteuses même au sein du Clan du Sang. Elle sortit du Camp en courant puis leva de nouveau la truffe. La trace était éventrée, mais assez fraîche pour qu'elle puisse la suivre.
La petite femelle se faufila entre les hautes herbes et les fougères pour trouver la trace des chatons et du père, et s'arrêta net en sentant l'odeur beaucoup plus forte soudainement. La femelle tendit l'oreille et bondit sous les fougères en reconnaissant la voix des chatons.

"- où va-t-on ?" S'enquit Blessure.

"- très loin d'ici, en ville" leurs apprit un grand matou blanc.

Guimauve... Songea Nuit, à quelques longueurs de queue des trois chats. Le père marchait en tête et les trois chats étaient passés par plusieurs chemins pour brouiller les pistes. Il est malin. Comprit la jeune femelle. Il ne veut pas que Vipère les rattrape.

"- et ensuite ?" Questionna Hiver. "On ira où ?"

"- mon bipède va déménager.. c'est à dire changer de nid, et loin très loin d'ici. Il veut m'emmener avec lui, et j'ai décidé de vous emmener avec moi"

Le sang de la femelle noire se glaça soudain quand elle comprit enfin que si elle n'arrêtait pas tout de suite Guimauve, il partirai avec les deux chatons et ne les reverrai plus jamais. Elle bondit face à lui en feulant et entendit les cris de surprise des deux chatons, blottis derrière le matou blanc.
Guimauve se cabra, prêt à sauter sur la femelle plus petite que lui, puis le grand mâle lui lança un coup bien précis à l'oreille, ce qui déséquilibra la femelle qui n'entendit qu'un sifflement. Elle bondit, essayant de frapper mais l'adversaire était rapide et enchaînait les grappes. Les cris avertirent Sang, qui hurla de colère et bondit directement sur le père. Nacre, Borgne et Vipère arrivèrent peu après et la mère prit ses chatons pour les ramener au Camp.
Nuit s'était remise entre temps et vit que Sang se battait férocement contre le matou blanc, ses muscles roulaient sous son pelage et ses griffes brillantes tranchaient la chair du matou qui hurlait de douleur, essayant vainement de se mesurer au grand mâle noir.

Guimauve finit par reculer, apeuré mais le chef du groupe gronda et avançait à pas menaçants vers le mâle blanc, qui gémissait de douleur. Son frère était menaçant, comme s'il avait laissé toute gentillesse ou pitié lors du combat. Il s'approcha encore, griffes sorties.

"- pars, très loin" conseilla le chef. "Ou je m'assurerai moi même de te faire disparaitre de ce monde"

Cette phrase fit hérisser le poil à Nuit, qui recula pour se blottir contre Nacre. Il devient comme papa... Elle se força à ne rien laisser paraître de ses émotions, tandis que l'intrus, toujours aussi provoquateur, se leva soudainement face au mâle noir.

"- j'ai le droit de rester ici, moi aussi" feula Guimauve. "Mes chatons sont ici, avec Vipère !" Il se tourna vers elle. "Reviens, j'aimais bien quand on jouait à la bagarre avant que tu partes"

"- jouer ?" Feula soudain Vipère en sortant les griffes. "Tu jouais seul, j'étais obligé de me laisser battre à mort !"

Elle bondit soudain sur le mâle, les yeux brûlants de colère. Le mâle blanc hoqueta de surprise et Vipère lui trancha la gorge avant de le mordre par la nuque et secouer le plus possible. Le mâle s'effondra, le sang tâchant sa belle fourure blanche dans une marre pourpre. Nuit hoqueta, reculant d'un pas pour ne pas laisser ses pattes tremper dans le liquide. Elle l'a tué !