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Je l'imagine sans mal sur le rebord, le vent dans les cheveux et les orteils dans le vide.

Je la vois serrer fort les paupières, alors que des sales merdeux en uniformes se sont agglutinés dans son dos, et qu'ils lui gueulent en cœur de faire un dernier pas en avant...

  - M. Jeon est arrivé au moment où elle s'est laissée tomber, et il a presque sauté à son tour pour la rattraper.

D'un geste du pouce, elle pointe son dos nu.

- Il s'est accroché au bord et l'a retenue par le cartable. Il paraît qu'ils se sont tous les deux retrouvés suspendus au-dessus du vide, jusqu'à ce que les profs arrivent.

J'étais en train de briser deux trois côtes à ce foutu fiancé il y a encore quelques heures, mais à présent, j'aurai presque envie de lui faire un putain de câlin.

Presque.

- Je plains M.Jeon, reprend le pot de peinture en haussant les épaules. Il aurait mieux fait de rester à sa place ce jour-là. Sa famille faisait partie de celles détruites par le Haut-Comissaire, et il s'est mis à défendre sa fille auprès des autres élèves après cet incident... Depuis la cellule dans laquelle il était incarcéré, son père l'a renié dès qu'il l'a découvert.

La secrétaire-pute aurait mieux fait de s'arrêter là, mais elle ajoute :

- Le pauvre. De toutes les vies qu'il a sauvées, celle-ci était peut-être la première, mais sans doute celle de trop...

Mon sang ne fait qu'un tour : je me lève d'un bon et l'attrape par la gorge.

Je la renverse brutalement en arrière, et  la plaque sans ménagement au bureau sur lequel elle était assise.

- Sale pute, je crache en montant un genou sur la surface lisse pour me pencher au-dessus d'elle. Et dire que t'oses sourire en disant ça.

Son visage vire au rouge.

Elle porte les mains à mon poignet sous son menton, et plante ses putains de griffes de merde dans ma peau, mais je relâche pas ma prise pour autant.

La colère commençait à monter en moi depuis que cette salope avait brisé sur le sol, le foutu cadre posé sur ce bureau. Il fallait bien que ça explose à un moment ou à un autre.

  - Tu ferais du mal à cette fille si tu pouvais, hein ? je feule, les dents serrées. Peut-être même que tu lui en as déjà fait au boulot, j'ai pas raison ? Pourquoi tu la détestes, hein, qu'est-ce que tu lui veux ?

La connasse tousse entre mes doigts, les larmes aux yeux.

  - Je suis ja-jalouse..., elle s'étrangle.
 
Je desserre légèrement ma prise et elle peut parler plus librement :

- Cette pouffiasse a à ses pieds,
un homme canon et un peu trop fidèle, qu'elle n'a rien fait pour mériter...

Elle détache l'une de ses mains de mon  poignet, et vient en caresser mon torse.

  - ...et un deuxième encore plus beau ...

Je grimace en virant ses doigts de mon corps d'un geste sec, puis la relâche pour sauter du bureau.

Je pointe du doigt la commode métallique dans mon dos.

  - Tu fouillais là-dedans et t'avais des papiers plein les pattes au moment où je suis entré dans cette pièce, salope. Qu'est-ce que tu cherchais ?

Elle descend à son tour de la table, et se met à faire le tour de la pièce pour ramasser les foutus habits que je lui ai arrachés plus tôt.

  - Un ordre de mission, les détails d'un plan d'action, une map quelconque..., elle énumère en passant devant moi. N'importe quoi qui m'indiquerait que mon patron est sur le terrain en ce moment.

L'air de rien, je me penche pour ramasser mon pantalon et ma blouse, et les enfiler.

Sur le terrain ? Ah ça oui, il y est...

Si tu savais, salope, ton patron pourrait pas être plus proche de ses ennemis qu'en ce moment-meme... Peut-être même qu'il a l'un d'entre eux en lui. 

  - Il me faut quelque chose pour expliquer pourquoi il n'est pas venu au bureau aujourd'hui, et n'a prévenu personne.

Ouais bien, cherche pas trop, ça m'arrangerait.

En enfilant ses sous-vêtements vulgaires en dentelle rouge, elle explique :

  - Est-ce qu'il a trop bu dans ce club hier soir ? Il m'arrive de le suivre en sortant du boulot de temps à autre, dans l'espoir qu'un jour j'arriverai à le sauter... Hier, jackpot, il est allé en boîte, le lieu idéal pour me rapprocher de lui sans être poursuivie pour harcèlement sexuel sur un collègue... Mais il était avec cette parvenue et, de toute façon, je les ai perdus de vue... Plus une seule nouvelle depuis.

Je fronce les sourcils.

Tiens, tiens.

Si cette conne se trouvait dans la même boîte que le fiancé et ma petite prisonnière la nuit précédente... c'est qu'elle était au Blackout, elle aussi. 

En un éclair, je me revois lâcher mon verre sur la foule là-bas, créer la panique pour faire diversion, remonter la foule à contre-courant pour attraper mon colis en robe bleue par le bras, et l'attirer à moi.

Je me souviens m'être trompé de fille, avoir vu un canon plus âgé s'aggriper à ma veste comme à une bouée de sauvetage, et planter ses griffes manucurées dans le cuir de mon blouson, en levant vers moi ses pupilles dilatées par l'ecstasy...

C'était elle.

Bordel.

J'ai même pas eu le temps de baiser ou de fouiller dans les dossiers du fiancé, mais on dirait que je vais déjà devoir me casser.

Mieux vaut rentrer à la maison, avant que cette pute me reconnaisse, et qu'elle face la connexion entre ma personne et les deux flics qui tarderont pas à devenir des "disparus".

Je me baisse pour ramasser la photo de la fiancée sous les débris de verre, et la fourrer dans ma poche.

Puis, sans me retourner, je quitte le foutu bureau et claque la porte.

***

La suite demain, mes amours !! ❤️

Ça fait deux heures que je republie, je suis crevée...

Demain, Tae nous rejoint là où il nous a laissée ! 😏👍

LE LIVREUR [TOME 1/BTS, V, LEMON]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant