#91

9.1K 414 71
                                    

DU POINT DE VUE DE V

Le numéro du poste de police dans lequel bosse le fiancé –et donc sa petite chérie– était inscrit sur l'insigne qu'il avait dans la poche. J'ai eu aucun mal à en trouver ensuite l'adresse sur internet.

Bordel de merde...

Je lève les yeux vers le building devant lequel je suis planté.

Le siège judiciaire. Le putain de siège judiciaire de la capitale.

Rien que ça.

Et dire que je m'attendais à tomber sur l'un de ces petits postes miteux qu'on trouve à tous les coins de rue dans Séoul...

Nan... Fallait que cet enculé soit de ces petits chanceux qui taffent dans les mêmes bureau que tout le gratin militaire.

À vrai dire, je sais pas si je dois m'en inquiéter ou en être content.

Ce genre d'endroit craint...

Parce que les quartiers généraux n'en sont pas pour rien en général : flics hauts-gradés, entrées surveillées, portiques de sécurité et caméras...

La liste d'emmerdes est longue.

Surtout que j'exclue pas la possibilité d'être reconnu par un de ceux qui bossent au "service trafic", dont une branche se trouve certainement dans ces locaux.

Mais d'un autre côté...

Qui dit personnel important, dit aussi mine d'informations. Bien juteuses, les informations.

C'est sûr que si je veux découvrir où en sont les uniformes vis-à-vis de mon réseau, je suis au bon endroit.

Et rien que ça, ça vaut bien le coup d'entrer.

Et puis...

Je crève d'envie de voir où bosse ma petite prisonnière.

Tout comme je crève d'envie de saccager le bureau de son foutu fiancé.

Reste plus qu'à trouver le moyen d'entrer.

Je remonte rapidement mon pantalon sur mes hanches, et réajuste nerveusement le col de l'uniforme en grimaçant.

Ce torchon pue.

Il pue la sueur et le sang.

Je regrette de m'être foutu cette merde sur le dos. Mais je sais que je vais en avoir besoin.

Maintenant.

Je fais quelques pas en direction du building, et baisse la tête -histoire de dissimuler ma gueule derrière mes cheveux- en entrant dans le champ des caméras braquées sur l'entrée.

Au même moment, à quelques mètres, les portes coulissantes à l'entrée du building s'ouvrent. 

Sur deux flics.

Nickel.

Tordant l'une de mes putains de chevilles sur le côté, laissant traîner mon pied sur le sol pour me mettre à boiter, j'accélère le pas.

Je courbe l'échine d'une manière qui n'a rien de naturel, et plaque une paume sur mon torse, les doigts crispés, à l'endroit où l'uniforme est souillé du plus de sang.

Ils capteront pas qu'il est sec.

Je percute violemment l'un des deux enfoirés en les croisant, et feins d'être violemment destabilisé par l'impact.

- Eh !

Lui et son collègue ont pas le temps de s'énerver d'avoir été bousculé : je simule une respiration difficile, et lâche un putain de gémissement, qui sonne plutôt bien à mes oreilles.

Pris de court, les deux me rattrapent par les bras alors que je me laisse tomber sur eux, laissant la gravité faire son boulot. 

- Eh ! Ça va, mon gars ?

L'un d'eux passe une épaule sous mon aisselle pour me garder de bout, alors que l'autre vient accrocher ma taille.

- Merde, il est de chez nous, constate l'un des deux en reconnaissant l'uniforme et l'écusson sur mon épaule droite.

- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? me somme l'autre, alarmé. Où est ta patrouille ? Ton coéquipier ? Punaise, il est pas en état de répondre...

Les dents serrées, je le laisse me renverser la tête en arrière, et me foutre des petites claques pour tenter de me garder éveillé.

- Hey ! Reste avec nous.

Je baragouine exprès des paroles incompréhensibles à la limite du gargouillement.

- Dépêche, on l'emmène à l'intérieur, le presse alors l'autre. Aide-moi à le porter... Vite !

Comme escompté, ces pigeons me traînent à l'intérieur du bâtiment.

En quelques secondes, je deviens le centre d'attention de la centaine d'employés qui circulent dans le hall géant quand j'y pénètre, en simili-loque-humaine.

Mais j'en ai rien à foutre.

Tout ce qui m'intéresse, c'est que je passe portiques, détecteurs et contrôle sans m'y arrêter.

Les doigts dans le cul. C'est presque trop simple...

En plus, j'arrive à garder la tête baissée jusqu'à l'espèce de grosse infirmerie, dans laquelle les deux pigeon me larguent sur un lit vide.

- Je vais chercher l'infirmier en service, préviens l'un. Prends le nom de ce gars, il faut faire un rapport. Il le complétera quand il ira mieux.

Allongé sur le flanc, la tête enfoncée dans un oreiller, feignant d'avoir perdu connaissance, je tends l'oreille.

Des bruits de pas qui s'éloignent me parviennent, en même temps que la sensation d'une main qui aggripe la broche métallique que j'ai sur la poitrine.

- Jeon Jungkook, lit le pigeon sur la petite plaque. C'est pas vrai... Jeon ?C'est pas le gendre du Haut Commissaire ça ?

Je peux pas m'empêcher de froncer les sourcils, alors qu'il s'active à m'étendre les jambes pour m'allonger correctement sur le matelas.

Haut Commissaire ? C'est du super poste ça, non ?

Ça alors.

Mon idiote, ma petite prisonnière, l'imbécile qui me fait bander plus que n'importe qui... cette fille est celle de l'un des enculés les plus puissants du système judiciaire du coin.

J'ai envie d'hurler de rire.

Mais pas que.

Cette idée m'excite pas mal aussi, je dois dire...

On s'est bien trouvés, elle et moi.

- Infirmier ! s'impatiente le flic.

Je verrai plus tard ce que je ferai de cette info.

Je bande les muscles de mon abdomen, et me mets à convulser.

On va accélérer les choses.

J'ignore de quel mal je suis censé souffrir, mais ça marche :

- Infirmier ! crie l'autre. Mince, qu'est-ce qu'il fout !

Il quitte la salle à son tour, au pas de course. 

***

▶️ À SUIVRE :

Oups... Ça fait pas DEUX MINUTES que Tae est sur notre lieu de travail, qu'un de nos secrets a déjà sauté !! 😨

Mais QU'EST-CE QU'IL VA DÉCOUVRIR maintenant qu'il est libre de fouiner !?

Des choses qu'on aurait aimé garder pour nous, ça c'est sûr...

Des choses qui, comme la profession de notre père, vont énormément l'intéresser 😏😏😏

Mais je n'en dirai pas plus !

LE LIVREUR [TOME 1/BTS, V, LEMON]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant