Chapitre 22

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Ce n'était pas la première fois que Lunacy Crack se réveillait en détention, mais c'était sans conteste la plus douloureuse. Elle ouvrit difficilement les yeux, la tête lourde, la respiration saccadée. Elle n'était jamais passée sous un camion, mais la sensation était certainement similaire. La douleur irradiait dans son épaule gauche et dans son dos, et elle geint en grimaçant. Allongée dans un lit d'hôpital, elle essaya machinalement de toucher sa blessure mais ses deux mains étaient attachées aux barreaux du lit. Dans un coin de sa chambre, un agent somnolait et une silhouette transparaissait à travers la porte vitrée qui donnait sur le couloir. Lunacy ferma les yeux, clouée sur son matelas, et essaya de retrouver ses esprits. Depuis qu'elle s'était effondrée sur le quai du métro, elle n'avait que de brefs souvenirs de son opération et des quelques jours d'hospitalisation. Elle tenta d'humidifier sa bouche, et se vit obligée d'appeler à l'aide pour boire. Elle interpella le garde qui se leva tout penaud d'avoir été pris en flagrant délit de sieste, et il alla chercher une infirmière. Une soignante plus jeune que Lunacy entra dans la chambre et s'approcha de la criminelle sans crainte.

« Il faut lui libérer une main, je vous le dis depuis le début. C'est de la torture, je ne peux pas cautionner ça ! Sortez, on a besoin d'intimité. » râla-t-elle en pointant l'agent du doigt. Ce dernier s'exécuta sans répondre.

« Je m'appelle Carol. Je vous soigne depuis votre opération, même si vous ne vous souvenez sûrement pas de moi. Vous avez été consciente qu'à de brefs instants. »

« Quel jour ? » demanda péniblement Lunacy.

« Quatre. Vous commencez à bien cicatriser, notamment grâce à l'onguent de Poison Ivy. »

« Ivy est venue ici ? »

L'infirmière acquiesça d'un signe de tête et se mit à raconter tout ce qu'elle savait de ces derniers jours en tendant une paille à Lunacy pour qu'elle puisse boire. Cette dernière écoutait avec attention, surprise.

« Le Joker s'est enfui ? »

« C'est ce qu'ils disent. Je suppose que c'est la vérité. La dernière fois que je l'ai vu, il m'a envoyée chercher l'Empoisonneuse, justement. »

« Et je suis en état d'arrestation, c'est ça ? »

« Vous serez transférée à la prison de Blackgate pour attendre votre procès dès que vous serez sur pied, oui. »

« Quand ça ? »

« Rapidement. Deux jours, peut-être trois. Vous êtes très résistante, je n'avais jamais vu une telle volonté de guérir, même dans un état d'inconscience profonde. »

Lunacy bougonna. Sa résistance jouait contre elle : elle n'avait aucun intérêt à guérir rapidement et à être transférée en prison. Même si au moins, là-bas, elle ne serait pas attachée à un lit...

« Merci. » dit-elle à mi-voix. « C'est gentil de m'avoir soignée. Je ne suis pas sûre que je le mérite. »

« Vous répondrez de vos crimes devant Dieu et devant la justice, mademoiselle Crack. Pas devant moi. J'ai prêté serment pour soigner, je soigne. C'est ce que j'ai dit au Joker. »

« Il vous a parlé ? »

« Oui. Il s'inquiétait pour vous, vous savez. »

A son ton, Lunacy comprit que l'infirmière pensait lui faire plaisir. Elle se fichait qu'il s'inquiète pour lui : à l'heure actuelle, il était en liberté et elle se dirigeait tout droit dans le couloir de la mort. Ses bonnes intentions ou ses remords ne valaient rien. Elle repensa à la dernière fois qu'elle l'avait vu, et son cœur s'emballa. Dans leur fuite, ils s'étaient complétés parfaitement, ils s'étaient compris, comme s'ils ne faisaient qu'un. Elle aurait été capable de tout lui donner après avoir été dans une osmose aussi pure avec lui, mais il avait tout gâché en la laissant derrière lui. Amère, elle tourna le dos à l'infirmière et fit mine de se rendormir. Elle devait tout tenter pour s'échapper avant d'être transférée à Blackgate. Elle pouvait toujours essayer de soudoyer Carol, ou l'agent endormi...

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