Chapitre 19

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« Bonsoir, habitants de Gotham ! Moi, Joker, j'annonce : dans trois heures exactement, douze personnes seront tuées à leur domicile. Personne ne pourra rien y changer. Douze criminels en col blancs, douze vampires qui se nourrissent de la mauvaise santé des habitants de cette ville et qui financent la pire racaille qui soit : Roland Daggett. Tu peux paniquer, peuple de Gotham, ou tu peux garder ton poste allumé pour la retranscription en direct de ces événements ! Le Joker a parlé. »

Eclatant de rire, le Joker attrapa la caméra à deux mains et embrassa l'objectif, son visage se déformant, inquiétant. Lunacy grimaça, dégoûtée, et éteint la télévision. Le message était lancé, en direct, et il n'était plus possible de faire machine arrière. Elle avait refusé d'accompagner le Joker pour l'enregistrement de la vidéo, préférant s'isoler et rester au calme –elle n'avait pas vu le clown depuis trois jours, communiquant avec lui uniquement par messagers. Ils avaient convenu qu'elle s'occuperait de la logistique de leur coup, pendant qu'il gèrerait la communication. Elle avait donc reçu Zsasz, Deadshot et les hommes qu'ils avaient recrutés, et leur avait donné des instructions très précises avant de leur verser la moitié de leur prime. Elle avait organisé la rencontre dans un entrepôt à l'extérieur de la ville, refusant de les recevoir dans son appartement défoncé, et elle avait maîtrisé tout l'entretien, ignorant les regards avides de Zsasz, déjouant les tentatives de Lawton pour la déstabiliser.

La télévision désormais éteinte, le message du Joker diffusé, le silence lui parut soudain pesant. Il était extrêmement rare qu'elle doive confier un coup à d'autres personnes, et elle détestait le sentiment d'impatience que ça provoquait. Désobéissant aux ordres du Joker, qui l'avaient enjoint à rester planquée, elle attrapa sa veste, et décida de le rejoindre. Il était dans un hôtel abandonné, le Tatch Hotel, au cœur des Narrows, et elle décida de s'y rendre à pied. La nuit hivernale était tombée, et la morsure de l'air froid lui parut agréable. Dans les rues, tout le monde ne parlait que de l'annonce du Joker, et elle gardait la tête baissée, se couvrant avec sa capuche. Elle évita soigneusement les rues autour du Club des Sirènes, voulant à tout prix éviter les commentaires désagréables des femmes d'affaire, et crocheta la serrure de l'ancien hôtel quand elle y arriva.

Un homme chargé de la sécurité du clown pointa une arme sur elle quand elle entra, et elle le désarma d'un coup de pied sans crier gare, l'obligeant à marcher devant elle, un pistolet sur la tempe, jusqu'à la pièce où se trouvait le Joker.

« Tu es vraiment mal protégé, pour un ennemi numéro 1. » salua-t-elle en poussant l'homme sur le sol. Ce dernier se carapata pour éviter un coup de pied que le Joker voulut lui adresser en riant, et quitta la salle.

« Qu'as-tu pensé de mon message ? » demanda l'artiste en suivant le vigile des yeux. Derrière-lui, il avait fait installer de vieux écrans de surveillance qui diffusaient en direct ce qui se passait dans les appartements des douze actionnaires. La police s'était déjà rendue sur place, cherchant à les protéger, les éloignant des fenêtres, sans savoir que toutes les mesures prises étaient vaines.

« Tape à l'œil. Et tu pourrais vraiment nous éviter les gros plans sur ton maquillage mal étalé. »

« Je suis très bien maquillé ! C'est mon métier, je te rappelle. Est-ce que je critique la façon dont tu crochètes une serrure, moi ? » demanda-t-il, outré, les yeux fixés sur les écrans.

« Bouffon, ce n'est pas un métier. » râla Lunacy dans son dos.

« Oulah, mais c'est que tu es mal lunée, Luna ! » rit le Joker en s'installant face aux caméras. Il alluma une cigarette et lui en proposa une, qu'elle accepta en s'asseyant sur le bureau devant lui.

Associations Douteuses à GothamWhere stories live. Discover now