Pardon

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Je ne sais pas ce que je dois faire. Le reste de la semaine passe dans un brouillard émotionnel que je n'avais encore jamais traversé.

Quelle n'est pas ma surprise quand Benoît vient frapper ma porte de bureau et me demande si je suis prête.

- Prête à quoi? On a une réunion?

Il me regarde, un sourcil relevé, et je réalise que nous sommes vendredi, que la journée est terminée et que je lui ai promis d'aller boire un verre avec lui.

Je n'ai pas envie d'y aller, mais je colle un sourire sur ma face et prends mes affaires pour le suivre.

Il m'emmène dans le nouveau bar lounge qui a ouvert près de la grand place. Évidemment, impossible de se garer à proximité, et on laisse nos voitures pour parcourir les 250 mètres restant à pied.

Benoît me parle, mais je suis distraite. Je ne l'écoute que d'une oreille, hoche la tête de temps en temps, bref, je suis la fille que vous ne voudriez pas rencontrer a un rencard.

On est encore à un bon 100 mètres du café quand il s'arrête.

- Annabelle, qu'est-ce qui ne va pas? me demande-t'il en me prenant les épaules.

Je lève la tête vers lui, et j'éclate en sanglots incontrôlés.

Il me prend dans ses bras et me serre contre lui. Je m'accroche à lui comme à une bouée de secours. Je ne sais pas pourquoi les vannes se sont ouvertes, mais maintenant que ça sort, je n'arrive plus à m'arrêter.

Il me chuchote des mots apaisants, je ne comprends pas ce qu'il me dit, mais ça finit par me calmer.

Je me reprends doucement et quand enfin les larmes se tarissent, je reste dans ses bras, parce que j'ai besoin de réconfort.

Je le sens se reculer légèrement, juste assez pour me regarder. Je lève les yeux vers lui, et je comprends à cet instant que je ne pourrai jamais sortir avec Benoît. Je n'ai aucune attirance physique pour lui, mon cœur ne palpite pas contre le sien, et à cet instant, il le comprend.

Ses yeux exprime une infinie tristesse que je n'ai pas envie d'y voir. Je ne veux pas le blesser, mais qu'y puis-je? Je suis une putain de sale conne amoureuse d'un mec qui voulait juste me sauter.

- Benoît, je commence, mais il secoue la tête pour me faire taire et me serre à nouveau contre lui.

Enfin, il me relâche. Il semble prêt à m'écouter car il me regarde intensément.

Je tortille mes mains nerveusement, mais je lui dois une explications.

« Je suis désolée » est tout ce que je parviens à dire sur le moment. Comment lui expliquer sans lui faire du mal? Ça me semble impossible...

Je baisse la tête, honteuse. Honteuse de m'être montrée si naïve, de n'avoir pas compris la place que Stéphane avait pris dans ma vie. J'ai tentée de me protéger, je me suis forcée à croire qu'il n'était qu'un plan cul, j'ai paniqué quand j'ai cru qu'il s'attachait a moi, mais la vérité, c'est que j'avais peur de m'attacher a lui, alors que c'était déjà trop tard. Comment dire tout ça à Benoît sans qu'il me déteste, sans qu'il déteste Stéphane surtout? Je ne peux pas.

- Annabelle, parle-moi!

Je relève la tête vers lui. Il n'y a pas de haine dans ses yeux, juste de l'incompréhension.

- Quand tu as commencé à m'envoyer des sms sous le pseudonyme de Jo, j'ai été intriguée, aguichée même, je l'admets, mais...

- Mais j'ai attendu trop longtemps! me coupe-t'il.

- En partie. Mais j'ai rencontré quelqu'un d'autre... je suis tellement désolée Benoît.

- Pourquoi as-tu accepté de sortir avec moi alors? Si tu as déjà quelqu'un dans ta vie, il suffisait de me le dire, j'aurais compris.

- Je n'ai personne dans ma vie. J'ai été stupide, je croyais que c'était juste un plan cul, et je ne me suis pas rendue compte que j'étais amoureuse de lui avant qu'il me jette. Je n'aurais pas dû venir, tu as raison, c'est moche pour toi, et je m'en veux terriblement.

- Oh, Annabelle, ne t'en veux pas. Je suis un grand garçon, je peux comprendre que j'ai loupé le coche. J'ai été stupide, j'aurais dû t'aborder de manière plus directe. Mais c'est tout moi ça, j'ai toujours tellement peur de me prendre une claque que j'hésite, trop longtemps, c'est ma marque de fabrique.

- Je ne comprends pas. Regarde-toi! Tu es beau, gentil, intelligent, drôle. Pourquoi cette peur?

- Je n'ai pas toujours été comme ça. Avant, j'entrais gros, et les filles se moquaient de moi. J'ai pris l'habitude d'être rejeté, et j'ai toujours cette peur au fond de moi.

Il y a une telle tristesse dans sa voix!

- Écoute, je comprends ce que tu as vécu. Moi-même je ne suis pas très à l'aise avec mon corps, mais fais-moi confiance Ben, la prochaine fois, fonce. Tu as tout pour plaire!

- Mais pas à toi...

Je le prends dans mes bras, parce que je ne peux rien faire d'autres. Non, pas à moi! Mais je ne veux pas le dire!

Annabelle, ma belle... (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant