Barbacado

3.4K 315 28
                                    

Me voilà enfin arrivée devant le bar, et j'ai même deux minutes d'avance. J'en profite pour m'allumer une sèche en attendant Julie et Sarah. Je les vois arriver ensemble. Sarah se joint à moi et s'allume une clope tandis que Julie nous raconte les dernières facéties de Joséphine, sa fille.

- Elle entre dans l'adolescence. Tu auras beau faire ce que tu veux, ça n'y changera rien, elle grandit.

- Chut, tais-toi, je ne veux rien savoir. Pour moi, ça sera toujours mon bébé.

Je souris. Julie est vraiment une maman formidable qui aime sa fille et son mari plus que tout au monde. Ah, si seulement je pouvais trouver un homme pour vivre pareille histoire...

Le bar est bondé ce soir, c'est la soirée latino et ça déplace les foules. Heureusement, Julie connait bien la proprio et elle nous a réservé une table VIP. Ouf!

Sarah est souriante, c'est déjà ça de pris, parce que ces derniers temps, c'était pas gagné. On danse toutes les trois, on s'amuse, on boit... bref, la soirée est plutôt un succès, jusqu'à ce que, d'un coup, Sarah perde toutes ses couleurs.

Je suis la direction de son regard, et là, j'ai un choc. Au bar se trouvent Benoît... et Stéphane? Depuis quand ces deux-là trainent-ils ensemble?

- Sarah, ça va? demande Julie.

- Je... oui, oui, ça va, je dois juste aller aux toilettes, j'arrive.

Elle part presque en courant. Julie et moi nous regardons, nous demandant si nous devons la suivre, quand les garçons nous repèrent. Ils nous saluent de la main et se dirigent vers nous, chacun ayant une bière à la main.

On s'entend à peine au milieu de la piste de danse, et Julie les amène vers notre table VIP, un peu à l'écart, tandis que je fonce aux toilettes.

- Sarah? Sarah, tu es là?

Une des portes s'ouvre et Sarah sort des toilettes, le maquillage ruiné.

- Lequel des deux? je demande, car il est évident qu'elle s'est entichée soit de Benoît, soit de Stéphane. Bizarrement, j'espère que ça sera Benoît...

- Stéphane, répond-t-elle dans un murmure.

Aïe, ça pique! Il y a à peu près 1 % de chance que Stéphane craque sur Sarah, et encore, je crois que je suis généreuse. Avec son passé, comment pourrait-il faire confiance à une fille qui a la réputation de sauter tout ce qui bouge?

- Il est au courant?

- Non... enfin, je ne sais pas. Je lui ai fais des avances, mais il m'a repoussé.

- Ouais, connaissant le bonhomme, ça devait pas être super sympa.

- Quoi? Non, il a été très gentil. Vraiment, ajoute-t-elle devant mon levage de sourcils perplexe. Il m'a simplement dit que son cœur était déjà pris. Je ne lui en veux pas, c'est juste que...

Son cœur déjà pris? Le pauvre, il n'a toujours pas tourné la page avec son ex...

- Que quoi?

- Je crois que c'est la première fois que je suis amoureuse, Annabelle, et ça fait mal en fait.

Je soupire et la prend dans mes bras.

- Oui, l'amour, ça peut faire mal quand ce n'est pas partagé, mais c'est une émotion forte, et elle va te permettre d'apprendre à mieux te connaître. Ne te ferme pas à l'amour à cause de ça. Ouvre-toi aux autres, et je ne parle pas de tes cuisses hein, dis-je en rigolant, histoire d'essayer de la dérider. Sérieusement, Sarah, tu passes d'un homme à un autre sans jamais chercher à les connaître. Il est peut-être temps de changer de mode de fonctionnement.

- Oui, tu as raison. Mais de le voir là...

- C'est douloureux, je sais...

Dans le fond, je ne pense pas que Sarah soit vraiment amoureuse de Stéphane. Il n'est pas du genre à s'ouvrir facilement aux autres, et je doute qu'elle le connaisse vraiment, mais cette première étincelle ne peut que lui faire du bien dans l'avenir, et je ne vais pas lui faire part de mes réflexions.

Elle se refait une beauté, prend une grande inspiration, et nous retournons auprès des autres.

Julie est en grande conversation avec Benoît, et Stéphane est un peu en retrait, comme toujours. Quand elle me voit, elle me fait les gros yeux, comme si j'avais eu l'audace de dire à mon plan cul où j'allais et que c'était pour ça qu'ils étaient ici tous les deux.

Je lui fais mon regard "je te jure que j'ai rien dis" et elle semble me croire.

Sarah est mal à l'aise, Stéphane aussi, mais Julie, Benoît et moi discutons et rions follement. Finalement, les deux autres se dérident un peu et participent à la conversation, jusqu'à ce que Julie nous informe qu'elle doit rentrer.

- Quoi? dis-je, éberluée. Tu ne peux pas rentrer, c'est notre soirée filles... enfin, presque filles, j'ajoute en regardant nos deux cavaliers impromptus.

- Je sais, je suis désolée les filles, mais c'est ma sœur. Son petit dernier est malade et ça l'inquiète, elle va aller à l'hôpital, elle a besoin de moi pour garder les autres.

Que dire à ça? Rien... Elle s'en va, nous promettant de se rattraper une prochaine fois. Avec son départ, l'ambiance redevient tendue, et Sarah me glisse à l'oreille qu'elle va s'en aller elle aussi.

- Tu peux me prêter ton téléphone que j'appelle un taxi? Je suis venue avec Julie donc...

- Laisse, intervient Ben. Je vais te ramener, je suis claqué moi aussi.

Sarah le remercie poliment et nous leur souhaitons une bonne soirée. Reste Stéphane et moi.

- Tu veux danser? me demande-t-il à brûle pourpoint.

Je hausse un sourcil.

- Tu danses aussi?

- Ma chère, tu sauras que je danse aussi bien à la verticale qu'à l'horizontale.

- Je demande à voir.

Et je ne suis pas déçue. C'est un formidable danseur, comme il l'avait dit. Évidemment, qui dit soirée latino dit danse lascive et la température monte rapidement entre nous. N'y tenant plus, je finis par l'embrasser et notre danse n'en devient que plus sensuel.

J'ai chaud, vraiment, et j'ai tellement envie de lui.

- Un petit tour aux toilettes? je lui propose à l'oreille.

Il me fait un signe négatif avec sa tête. Aïe, je suis déçue, mais avant que je puisse réagir, il m'entraine vers la sortie.

Oh, ce que ça fait du bien un peu d'air frais.

- Viens, dit-il en me tirant par le bras. Je le suis docilement un moment, puis je lui demande quand même où il m'emmène.

- Chez moi, me répond-t-il avec un sourire ravageur.

Chez lui? C'est de la folie... Mais d'un autre côté, mes hormones me disent que c'est la meilleure idée de la journée, alors bon.

Il n'habite pas très loin, et ça nous prend une vingtaine de minutes à pied.

C'est seulement en arrivant chez lui et qu'il me lâche pour ouvrir la porte que je me rends compte que nous nous sommes promenés main dans la main tout le trajet...

On monte au premier étage et il ouvre la porte de son appartement. Il n'a pas le temps de la refermer que je l'embrasse, le plaquant contre la porte qui claque violemment. Il me rend mon étreinte, et nous nous déshabillons au rythme de nos pas qui nous mènent vers sa chambre. Notre étreinte et brève et passionnée, et je me blottis contre lui, dans ses draps de coton si doux, le sommeil cherchant à me happer...

Annabelle, ma belle... (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant