Il donne l'impression de se rapprocher un peu plus, comme pour faire peser d'avantage ses mots.

— Ça fait quinze ans que je le connais. Deku a perdu son grand-père paternel quand il avait six ans et en ce qui concerne son grand-père maternel, il est mort d'un cancer il y a tout juste trois ans. Donc Deku n'est pas en deuil, et Todoroki a menti.

Ces révélations, c'est comme une douche froide. Les explications de Shoto avaient été horribles pour elle, mais aussi le moyen de se convaincre que son ami allait bien, qu'il allait s'en remettre. Mais si tout cela n'était que mensonges, alors cela veut dire que les craintes de la brune n'ont pas lieu de s'éteindre.

— Mais alors ça veut dire...

— Que double-face et Deku nous cachent quelque chose. Je sais pas encore quoi, mais j'ai le pressentiment que ce n'est rien de bon.

Assise en face de lui, la brune semble totalement décontenancée par ce que vient de lui dire le blond. Jusqu'à aujourd'hui, jours et nuits elle a tenté de se contenter de ces explications, de se dire « Deku-kun va bien, il est juste triste, et tu n'as pas été là pour lui ». Jusqu'à aujourd'hui, Ochako a tenté de se persuader qu'elle avait tord, alors qu'elle avait raison.

— J'ai besoin que tu m'expliques tes soupçons, ce qu'il t'a révélé, ce qu'il t'a expliqué j'en sais rien moi.

Elle met quelques secondes à chasser les larmes qui tentent de s'évader de ses yeux par tous les moyens. Puis, elle met sans doute une ou deux minutes à se remémorer leur conversation, leur dernière conversation.

— C'était deux semaines après son retour de l'hôpital. J'ai bien vu qu'il n'allait pas bien alors je suis allée lui parler. Ensuite... il a commencé à me dire des choses assez étranges.

— Du genre ?

— Du genre qu'il était comme spectateur de ses actes, comme si quelqu'un agissait à sa place. C'était trop bizarre et j'ai essayé de trouver une explication pour tenter de le rassurer...

— Qu'est-ce que tu lui as dis ?

— Je luis ai dis qu'avec ce qu'il avait vécu, c'était juste la fatigue, le contre-coup du stress. C'était pour moi l'explication la plus logique mais... il a commencé à s'énerver.

La brune marque une pose dans son récit face au regard interloqué de son camarade. Il est vrai qu'il n'est pas dans les habitudes du vert de s'énerver contre ses amis, d'où cette expression choquée que le blond arbore.

— Il m'a répété que quelque chose prenait le contrôle de son corps. Puis il s'est mis à me hurler dessus en se relevant. Pendant quelques secondes... j'ai cru qu'il allait me frapper ou... je ne sais pas quoi d'autre. Mais il y avait tellement de rage dans son regard que ça m'a effrayée. Pourtant je connais Deku-kun et je sais qu'il ne m'aurait jamais frappée, mais à cet instant j'ai eu l'impression... que c'était quelqu'un d'autre devant moi.

Le blond reste stoïque, attendant la fin du récit de la jeune fille. Mais plus les paroles défilent, moins il a l'impression que le portrait qu'elle dresse soit celui de son ancien ami.

— J'ai pas cherché plus loin, et je me suis enfuie de sa chambre. Une fois dans le couloir, j'ai senti que je pleurais, tant j'avais eu peur. Puis je me suis réfugiée dans ma chambre sans oser en sortir. J'ai dû mettre... deux ou trois heures à en sortir. Puis j'ai fait en sorte de l'éviter...

Le cendré voit un éclair de culpabilité briller dans ses yeux tandis qu'elle baisse la tête, fixant ses doigts qui ne cessent de triturer le tissus de sa jupe.

La légende de l'alter de Dieu (Tododeku)Where stories live. Discover now