Chapitre 9

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    Encore une fois, ses doigts viennent se frotter nerveusement entre eux, signe que le vert est au maximum de sa nervosité. Depuis sa discussion avec Shoto la veille, il est plongé dans une sorte de léthargie, des pensées trop obnubilantes pour être chassées. Assis sur la grande table du salon collectif, Izuku ne fait pas attention aux autres qui discutent, qui rient en se racontant des blagues. Non, lui, il repasse en boucle ce que lui a dit le bicolore la veille, osant à peine y croire.

    — Tu te souviens de ce que nous a raconté Yaoyoruzu la dernière fois ?

    Oui, il s'en souvenait car cette histoire ne l'avait pas laissé indifférent. Un pur récit d'horreur, un pauvre garçon pris au piège dans un monde d'adultes avides de pouvoirs.

    — Je crois... je crois que tu possèdes en toi l'alter de Dieu.

    La main posée sur sa joue, Izuku ne peut s'empêcher de taper de ses cinq doigts sur la table à un rythme régulier. Désormais, son regard est rivé vers la fenêtre en face de lui, là où un croissant de lune brille dans le ciel noir. Lorsque Shoto avait prononcé ces mots, Izuku avait eu l'impression de tomber dans un gouffre profond, un gouffre de désespoir.

    — C'est impossible Todoroki, ce n'est qu'une légende.

    — Alors comment peux-tu expliquer tout ça ?

    — Je ne sais pas...

    Car il n'y avait pas d'autres moyens pour expliquer ce qu'il vivait. En réalité, la légende était la meilleure explication à tout ça, la plus logique. Mais pourtant, si cela s'avérait être la pure vérité, alors Izuku n'avait pas fini de s'inquiéter.

    — On doit faire quelque chose Midoriya.

    — Mais quoi ? Tu crois vraiment qu'on me prendrait au sérieux si je déclarais être « possédé » ?

    Il entend encore sa voix dérailler face à cette dure réalité. Mais surtout, ce qu'il peut parfaitement se figurer, c'est l'expression totalement défaite qu'arborait le bicolore à ce moment. Sur son visage, on pourrait y lire toute son impuissance, toute la peine qu'il avait pour son ami qu'il ne pouvait pas aider.

    — Tu dois en parler à All Might, il te croira lui.

    — Non, je ne pense pas.

    Oui, Izuku connaît All Might, et All Might connait Izuku. Il est peut-être le héros numéro un, mais c'est un homme de logique, quelqu'un d'intelligent. Et une personne intelligente ne pourra concevoir un seul instant qu'un de ses élèves soit possédé par l'alter de Dieu. Il pensera plutôt que son élève aux cheveux verts est tellement stressé pour une quelconque raison qu'il en vient plutôt à se faire des films. De toute évidence, il ne peut pas lui en parler.

    — Si tout cela est vrai, tu es en grand danger Midoriya.

    — Je sais.

     Selon la légende, l'alter de Dieu serait surpuissant, capable du pire. S'il est bel-et-bien enfermé en lui, Izuku risque vraiment d'être en danger. Mais comment ? Comment en parler aux autres sans qu'on le prenne pour un véritable fou ?

    Doucement, sa main droite qui n'arrête pas de se frotter contre l'autre depuis tout à l'heure, s'ouvre pour faire apparaitre sa paume. Sa main, sa peau, son corps. Pourtant, tout lui parait étranger. Il est Izuku Midoriya, mais il est aussi un enfant français : Edgard.

    — Ouah, ça fait longtemps que je ne t'avais pas vu autant plongé dans tes pensées.

    Le vert relève la tête vers cette voix qui le sort de ses pensées. Il croise le regard doré de Denki, assis à l'autre bout de la table, son téléphone dans les mains. Izuku était tellement plongé dans ses pensées qu'il n'avait pas remarqué à quel point la salle commune s'était remplie. Maintenant, Denki accompagné de Sero sont assis devant lui, le regardant d'un air amusé de le voir aussi à l'ouest.

La légende de l'alter de Dieu (Tododeku)Where stories live. Discover now