CHAPITRE 22

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Yoongi était assis dans une petite cellule, les coudes posés sur les genoux et le visage baissé, en détention provisoire, dans le commissariat de son quartier. Silencieux, il supportait les regards dégoûtés des policiers sur lui depuis environ deux heures. Ses yeux ne quittaient pas ses mains, qui ne cessaient de se triturer entre elles. On lui avait enlevé son téléphone, sa ceinture, ses bijoux et tous ses accessoires.

Malgré l'ennui, et le mépris dont il était victime, la chose la plus dure était l'absence de Jimin. Qu'est-ce qu'il faisait, à cet instant précis ? Que pensait-il de lui ? Viendrait-il le voir ? Non, il n'aurait sûrement pas le droit de venir le voir. C'était injuste, bon sang. Il avait enduré les coups de ses parents jusqu'ici sans rien dire, et voilà qu'on lui retirait le seul bonheur qu'il avait eu de sa vie !

Il croisait les doigts pour que son amant ne retourne pas chez ses géniteurs. Il ne fallait pas qu'il retourne là-bas, il n'y survivrait pas. Pas alors qu'il avait fugué pour s'enfuir de leur maison.

« Vous avez de la visite. » cracha l'un des hommes.

Le gris se leva comme un ressort et se colla aux barreaux lorsqu'il vit son père, le visage blême et froid. Il semblait vraiment épuisé. Le directeur d'entreprise passa une main sur son visage et lâcha un soupir à peine perceptible. Il

« Pourquoi tu ne m'as pas dit qu'il était mineur ? » lâcha-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.

« Qu'est-ce que tu aurais pensé, si ton fils de vingt-six piges t'avouait qu'il était amoureux d'un mineur ? » contre-attaqua-t-il, sur les nerfs.

Le quarantenaire garda le silence et détailla son fils. Il interpella l'un des gardes et lui demanda de lui ouvrir la cellule, pour qu'il puisse y entrer et avoir une discussion plus intime. Le policier observa longuement le père et finit par ouvrir la cellule, sans un seul regard pour le prisonnier provisoire. Le plus vieux vint s'asseoir sur le banc en béton où était censé dormir son fils, avant de desserrer sa cravate dans un geste automatique. Ici, il avait l'impression d'étouffer. Il n'avait jamais aimé ce genre d'endroit, et voir son fils enfermé comme un criminel lui donnait des nausées.

« Tu te rends compte dans la merde que t'es ? » reprit l'autre en essayant d'adopter un ton doux. « Tu aurais pu attendre qu'il soit majeur, au moins ! Il a quoi, dix-sept ans ? »

« Le problème sait qu'on n'en sait rien, papa. » lâcha Suga, une boule dans la gorge. « Jimin a vécu toute sa vie dans une famille qui ne lui prêtait aucune attention... il ne sait pas calculer, lire et écrire, c'est moi qui lui ai appris ! Il n'a ni carte d'identité, ni passeport. Ses parents ne le considéraient pas comme un fils, juste comme un esclave. Son père le battait, sa mère fermait les yeux, et c'est moi qu'on accuse. Je l'ai recueilli deux fois, et les deux fois, il était dans un état pitoyable. J'ai juste voulu le rendre heureux. »

Les deux hommes d'affaires gardèrent le silence, le regard dans le vide. Soudain, le père de famille resserra sa cravate et se releva, déterminé et les yeux fiers. Le torse bombé, il se tourna vers le plus jeune :

« Tu sais quoi, Yoongi ? Hors de question que mon fils pourrisse en prison à cause de deux salopards. Pour quand est ton passage devant le juge ? » s'enquit-il.

« Dans deux jours. »

« Écoute-moi bien : je vais tout faire pour que tu sois innocenté. Parole de père. Je reviens demain, avec du thé à la framboise et à la fleur de sureau. Courage, mon fils. »

Il déposa un baiser délicat sur le front du gris, et s'enfuit de la cellule, sans un regard pour les connards de gardes qui, malheureusement, ne faisaient que leur métier et étaient très mal informés. Ces derniers refermèrent la cellule, et quittèrent le couloir pour retourner dans leur bureau.

Son plan était simple : en quelques jours à peine, il était prêt à parier que son fils serait libre. Pour ça, il devait tout d'abord aller voir Layla. Il se frotta les mains et s'installa dans sa voiture noire et brillante, avant de prendre la route vers l'appartement de Yoongi. Normalement, elle devait encore y être. Cependant, il ne voyait pas vraiment l'intérêt qu'elle pouvait avoir dans cette histoire. Après tout, elle en avait après la richesse de la famille Min, pas vrai ? Alors comment pourrait-elle y toucher si son ex-mari croupissait en prison ?

Minho se gara devant l'immeuble, et se hâta de monter les escaliers ; pas le temps pour l'ascenseur. En priant sa bonne étoile, le quarantenaire abaissa la poignée de la porte et y entra avec un grand sourire. La jeune femme se releva du canapé avec un cri, et crut défaillir en croisant le regard de son ex beau-père, qui se craqua les articulations de ses mains, prêt à en découdre. Elle s'était toujours méfiée de ce dernier, qui ne l'avait jamais portée dans son cœur. Au contraire, il l'avait toujours silencieusement menacée. Il avait presque explosé en apprenant que cette garce avait trompé son fils.

« Vous... » murmura-t-elle, sous le choc.

Elle recula dans un geste automatique. Elle savait que le père de Yoongi était prêt à tout, vraiment tout, lorsqu'il était question de son fils. Il pouvait ruiner une vie d'un simple claquement de doigt, et prendre plaisir à traîner la personne dans la boue jusqu'au bout, jusqu'à ce que cette dernière ne craque. Layla n'était même pas certaine que Suga soit conscient de la dangerosité de son propre père. Certains racontaient même qu'il avait quelques contacts parmi les Yakuzas, au Japon...

« Tu pensais vraiment que j'allais laisser une merde comme toi foutre le bordel dans la vie de mon fils sans rien faire ? » ricana-t-il avec un sourire mauvais.

« Allez vous en ou j'appelle la police ! » hurla la jeune femme, terrorisée.

La noiraude recula jusqu'à la fenêtre, presque paralysée, tandis que Minho ne cessait d'avancer, aussi provocateur que pouvait l'être son fils. Les Min tenaient leur sauvagerie dans leurs gênes. Ils pouvaient rapidement devenir incontrôlables et indomptables, comme des tigres. Ce n'était pas pour rien que le patriarche s'était fait tatouer ce félin dans son dos.

« Appelez la police ? » fit-il sur un toux doucereux. « Tu es dans l'appartement de Yoongi, qui n'est plus à ton nom. Donc, tu vis ici illégalement, et je pourrais porter plainte contre toi pour violation de vie privée et de domicile. Alors tu vas poser ton cul sale sur cette chaise et m'écouter, sinon je vais me montrer vraiment méchant. »

L'homme d'affaires ferma la porte à clefs, et se dirigea vers la femme, tremblante, qu'il avait l'intention de détruire jusqu'à la moelle. Personne ne touchait à son fils et à son bonheur sans en payer les conséquences.

lonely hearts +yoonminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant