2. La Cuvette (Partie 1/3)

132 24 14
                                    

« Bon travail, gamin. »

La main robotique de Hèl se resserre sur mon épaule. J'ai encore un peu de mal avec l'étrange sympathie que me porte l'intimidante machine masquée.

« C'est pas à moi qu'faut l'dire. Jung et Cléo ont fait tout le boulot. »

Il retire sa paume et elle disparaît sous sa cape.

« Je connais déjà leur valeur. Tu as survécu aux plaines on m'a rapporté de toi un comportement exemplaire. C'est ça que je félicite. »

Je tourne la tête vers mes deux collègues de traques et leur jette un regard suspicieux. Ce sentiment d'avoir été mis une nouvelle fois à l'épreuve n'était donc pas infondé. Cléo me fait un clin d'œil et Jung aligne son index et son majeur à sa tempe en souriant.

« Ravi d'apprendre que rester en vie est un accomplissement en soit, dans le coin. »

Hèl glousse derrière sa visière.

« Ne crois pas que ta mission s'arrête là. Il est temps de faire tes preuves dans un autre domaine, tout aussi important. »

Je note une touche d'humour dans sa voix électronique. Je fronce les sourcils malgré moi.

« Yaba ? » Demande-t-il se retournant vers le bonhomme autrefois en charge de la nourriture des paralititans.

Ce dernier, assis près du feu derrière lui, se relève et se rapproche de nous.

« Je peux faire quelque chose pour toi, Hèl ? » Demande-t-il, amusé.

« Emmène Léopold s'occuper de l'équarrissage des moschops. »

Je me frappe mentalement le front. J'aurais dû le voir venir. Et moi qui me faisait une joie de rejoindre ma piaule et paresser pour le reste de la semaine. La barbe de Yaba trémousse en même temps qu'il réprime un petit rire.

« Avec plaisir ! »

Sur ces mots, la petite assemblée qui s'était réunit autour de nous à notre retour d'expédition se dissipe et je me retrouve seul avec le grand brun à la peau basané. Je me dis qu'au moins le gaillard est de bonne compagnie et que sa présence servira de tampon à l'ennui et au dégoût que m'inspire déjà ma future corvée.

« Allez suis-moi, les bêtes sont à l'autre bout de la Cuvette. Je te montrerai les bases et je te laisserai te charger du reste, j'ai pas mal de boulot sur les rovers. Le gel n'épargne personne, pas même les machines. »

Génial. Je vais passer ma journée à découper du lézard.

« Je te suis, je te suis... » J'expire, dépité.

Je marche aux côtés de mon partenaire d'infortune pendant bien dix minutes au travers de la base ironiquement baptisée « Cuvette ». L'endroit correspond parfaitement à ce que des fugitifs souhaiterait trouver pour se cacher. Il s'agit d'un plancher relativement uniforme encerclé de reliefs agressifs et dont l'accès est miraculeusement limité à un tunnel naturel d'une bonne centaine de mètres au travers de la montagne. La superficie totale de la Cuvette laisse un peu à désirer mais suffit amplement à camoufler la présence des quelques trente Biozars qui la peuplent tout en leur offrant une certaine protection contre le blizzard et les températures frigorifiques que le vent extérieur ne manque pas d'amplifier pour quiconque ose s'y opposer.

Le reste des membres du groupe d'affranchis est distillé entre deux autres bases se trouvant bien plus au Sud. La Cuvette, par son éloignement et l'inhospitalité de ses alentours, est de loin la planque la plus sûre des trois.

Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant