Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]

Jour IIIII : Ou comment tout commence.

« Laisse Arthur, repose-toi plutôt. J'y vais. » Je finis par dire.

J'arrive près de lui. Il est en train de débattre avec Sébastien sur la prochaine tournante d'expédition.

Je ne me propose pas par altruisme. Au contraire.

Techniquement, c'est même censé être mon tour depuis hier en fait. Je me doute que ni Harmony, ni le psy n'aurait tenté de me le rappeler, alors par respect pour son geste d'avant-hier soir, je me propose pour le remplacer.

Même si ça signifie que je vais devoir me taper l'infâme compagnie de la petite blonde pendant des heures, je trouve légitime que ce ne soit pas toujours aux mêmes de déguster leur part de jungle. Et puis ça arrondira les angles déjà bien pointus de mes relations avec les autres membres du groupe.

« T'es sûr ? » Il me demande, sceptique.

« Je commence à prendre racine ici, et vous avez tous les deux l'air épuisé de vos précédents treks. » Je dis en les pointant sommairement du doigt, lui et Sébastien. Je souris ironiquement. « Je sais à quel point notre aventurière émérite est dure à suivre. »

L'intéressée, de dos près des braises, me répond avec un doigt d'honneur sans se retourner. Sébastien fronce les sourcils, lâche un petit soupir puis retourne tripatouiller dans ce qu'il reste de la bagnole.

« Super, merci Léo. »

« T'inquiète. »

La harpie se lève. Elle passe à côté de nous sans me regarder.

« On bouge dans cinq minutes. »

« Je suis prêt. »

Elle ne réagit pas et continue son chemin vers l'abri. Cynthya, qui a assisté à la conversation, me regarde et j'hausse les épaules en roulant des yeux. Je pars récupérer mon sac à dos et fait le plein de fournitures.

J'y ajoute ma dague de fortune, confectionnée discrètement un peu plus tôt dans la journée.

Je me poste ensuite près du feu. Je sors mon fidèle – mais tristement léger – paquet de cigarettes d'une des poches latérales du sac. J'en tire une. Après celle-ci, il ne m'en restera plus que deux. Rien que d'y penser, j'en soupire de tristesse. Je coince l'indus' entre mes lèvres, range le paquet et me mets à genoux sur le sable. Pour ne pas gaspiller le précieux butane de mon briquet, je colle l'extrémité du tabac contre les braises et inspire un grand coup pour embraser la clope. Je me laisse tomber en arrière, savourant les effets de cette dose providentielle de nicotine.

Les fesses sur le sable, je me délecte de chaque bouffée en inspirant avec autant de force que je le ferai par le tuyau d'un narguilé. Personne ne dit rien, mais je pense que nous sommes tous conscients que nous n'en avons plus pour très longtemps. Les vivres s'amenuisent en même temps que notre faim grandit et force est de constater que nos expéditions deviennent de moins en moins rentables.

Si au moins il y avait du gibier. De la viande. N'importe quoi d'autre que ces foutus ananas.

« On y va ! » Crie la blonde dans mon dos, comme un ultime coup de grâce à mon moral.

Je me lève.

« J'arrive. »

☣️

« Tu sais où on va au moins ? »

« S'il fallait t'attendre. »

Je ne réagis même pas à sa pique.

« C'est toi la spécialiste, non ? »