Jour III : Ou comment la plage devient radeau.

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« Enfoiré... »

Le goût du sable dans ma bouche est désagréable. Il craque entre mes dents comme du sucre en poudre, la saveur en moins. Je me relève en grimaçant, ne manquant pas de ricaner pour garder un minimum de prestance.

« Qu'on ne dise pas que je suis celui à avoir porté le premier coup. » Je finis.

Je m'échauffe la nuque et les épaules. J'avance ma jambe droite devant la gauche et lève mes deux bras en croix devant mon visage pour achever ma garde.

Ma joue me fait encore mal, je vais lui faire payer.

« Alors, c'est tout ce que tu peux donner, vieillard ? »

La provoc fait mouche. Je peux voir d'ici ses yeux se gorger de sang, tellement la rage lui monte à la tête.

« Léopold, arrête ! Ça sert à rien ! » Tente Cynthya, en élevant un peu la voix, paniquée.

J'ignore son avertissement. Si je ne veux pas me reprendre une beigne en pleine poire, je dois rester concentré. Ce connard est massif, s'il m'en met une deuxième, pas sûr que je me relève.

Il marche vivement vers moi, le poing serré. Il arme son bras droit et le rabat avec mon nez en ligne de mire. J'esquive en déroutant son poing du revers de mon coude gauche et décoche un coup de poing sec et puissant dans son estomac. Avant qu'il n'ait le temps d'avoir mal, je profite de mon élan pour catapulter mon coude droit sous son menton. Ses dents claquent entre elles, m'assurant de l'efficacité du coup. Je profite de son étourdissement pour lui balayer les jambes au niveau des chevilles d'un tacle agressif et il bascule comme un sac de purée sur le sable, tête la première. Il se tortille au sol en s'agrippant les côtes, non sans quelques râles de douleurs.

Je savoure ce mini-triomphe avec autant de saveur qu'un homard mayonnaise. L'adrénaline coule à flot dans mes veines et mon corps tout entier tremble encore d'excitation. Toutes ces années à botter le cul de mes camarades de classe n'auront pas été vaines, tout compte fait. Je me retiens de ne pas lui coller un dernier coup de pied dans le flanc.

« Bah alors quoi, c'est tout... ? » Je me moque.

Le psy se relève difficilement et crache au sol. Je ris mentalement du geste, ce qui me vaut de ne pas prévoir le crochet qu'il m'envoie dans le ventre. La douleur est aussi vive que le coup en lui-même. Le souffle coupé, je parviens néanmoins à parer son coup de genoux d'un revers de paume. Ce mec se bat sans technique, mais il dispose d'une force brute redoutable. Chacun de ces assauts sont pareils à des coups de marteaux. Il a maintenant complètement repris ses esprits et le combat est féroce. Je dirais même que je perds lentement mon avantage, par défaut d'endurance.

« Hey ! Qu'est-ce qu'il se passe ici ?! »

C'est Arthur. Il arrive en courant vers nous. Je profite du manque d'attention de Sébastien pour lui propulser un coup de pied retourné qu'il n'oubliera pas de sitôt en plein dans la tempe.

Cynthya lâche un cri.

Il finit une nouvelle fois par terre, cette fois sans bouger. Vu l'impact, il s'est sûrement évanoui. Pardonnez-moi la lâcheté du coup, mais j'ai toujours été un partisan du résultat final, et force est de constater que je sors vainqueur de cette petite joute.

Mes muscles en redemandent, ivres d'adrénaline.

« Mais t'es devenu malade Léopold ? Qu'est-ce qu'il t'a pris de faire ça ? » Crie Arthur à dix centimètres de mon visage.

Le regard dans le vide, les mains tremblantes d'excitation, je l'ignore. C'est à ce moment qu'il commet l'erreur de me saisir par l'épaule un peu trop violemment.

Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant