Prélude - Tome 2

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La neige crisse sous nos pieds en même temps que nous nous frayons un chemin au travers de son épais manteau. Le froid engourdit mes membres. Le vent fouette mon visage comme des milliers d'aiguillons et un solide brouillard mêlé à un début de blizzard réduit significativement mon champ de vision.

« C'est quoi son problème ? »

Je remonte le col en cuir de ma cape pour me réchauffer. Je souffle en secouant la tête. Un nuage de buée parvient à traverser ce masque de fortune en un dense panache de vapeur.

« On va le perdre s'il continue d'avancer aussi vite. »

Je ne relève pas le fait qu'elle m'ait ignoré. Elle a raison, rester groupé est plus important que de comprendre les humeurs de chacun.

« On le rattrape et on monte un camp ? » Je commence. « J'crois que c'est mort pour ce soir. »

Je tourne ma tête sur la droite pour voir Cléo acquiescer.

« On est d'accord. »

« Je te laisse te charger de lui. » Je regarde rapidement autour de moi. « Y a un sapin qui a l'air pas mal juste là, j'm'occupe de monter la bâche. »

« D'acc. »

La jeune femme commence à presser le pas pour rejoindre le troisième membre de l'expédition, quelques dizaines de mètres en amont. Avant qu'elle ne soit hors de portée de ma voix, je l'apostrophe.

« Attend ! Me faut les piquets ! »

Elle se retourne et je devine un sourire amusé sur ses lèvres. Elle plie son coude pour récupérer une pochette nouée au coté droit de son sac à dos, avant de me la lancer en cloche. J'intercepte l'objet qui vient s'écraser dans mes paumes en un bruyant cliquetis d'acier.

« En effet, ça pourrait t'être utile. À tout-de-suite. »

Je lève la main pour la remercier et bifurque vers le conifère choisi pour la montée du bivouac. L'arbre est très large à sa base. Elle doit bien faire cinq mètres de diamètre. Je me fraye un passage entre les branches pour atteindre tant bien que mal le tronc. De là, j'escalade sans difficulté l'escalier naturel de toutes ses ramifications pour m'élever à un peu plus de quatre mètres au-dessus du sol. Déjà, je sens le vent et le froid perdre en intensité par rapport à l'extérieur de la structure du sapin. Je m'assois un instant sur une des branches pour reprendre mon souffle. Après ce court répit cependant, je me défais de mon barda et le coince comme je peux. Je défouraille la machette harnachée à mon flanc et l'empoigne avec force. Je donne de multiples coups de manche sur la ramure environnante pour la décaper du surplus de flocons s'y étant accumulé.

D'un revers de manche, je me nettoie le visage. Il me reste encore la bâche à tendre. Quand Cléo et l'autre idiot seront de retour, il faudra aussi raboter pas mal de branches avant de pouvoir tirer les hamacs.

Je soupire.

La nuit va être longue.

Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant