Elsker Nord (L'amour du nord) Livre 2 et Livre 3

Chapitre 30

                                                                                 Arlun

-Dis donc vous deux, vous ne dormez pas encore ?! Mais il est tard voyons !!!! Dis-je en fronçant les sourcils, les mains sur les hanches.

Biarni et Ida sursautent en m'entendant et se regardent en coin alors que j'avance vers eux dans la petite pièce attenante aux appartements du roi Ecbert afin de les recoucher. Le château étant réquisitionné par les vainqueurs, j'ai choisi ces deux pièces en sachant qu'elles seraient sûres et calmes pour les enfants. Cette petite pièce d'aspect simple, sûrement réservée aux domestiques n'en est pas moins confortable... Deux lits, dont un beaucoup plus large que l'autre, séparés par une petite table de bois où trône une bougie éteinte et deux coffres de bois posés contre une petite armoire occupent l'espace. Les lits sont recouverts de peaux entières et douces à souhait et garnis d'énormes oreillers emplis de plumes et moelleux à souhait.

J'ai donné le plus grand lit aux petits en sachant que comme à son habitude, Thorolf viendrait les rejoindre pour la nuit et l'autre à Henrik qui dort déjà à poing fermés en ronflant doucement. Mais les gamins, habitués à dormir dans des tentes et sur des matelas de peaux ont bien du mal à rester tranquille et à ne pas sauter sur les matelas rebondis dès que je tourne le dos. Cela fait plusieurs heures maintenant que j'essaie de les faire dormir, mais rien n'y fait, ces chenapans ont décidé de me faire tourner en bourrique !

-Il faut dormir les gamins ! Allez ! Allongez- vous !!!

Ils s'exécutent à contrecœur tandis que je vais m'assoir sur le bord du lit pour les recacher et me penche vers eux pour les embrasser... pour la centième fois de la soirée.

- Mama font trop bruits !!! Murmure Ida en me regardant avec des yeux de chien battu. Peut pas faire dodo !

Je lève un instant les sourcils en acquiesçant, contrainte d'avouer que la petite à raison. En bas, les hommes pour la plupart complètement ivre sont déchainés. Galvanisés par leur victoire, ils hurlent, chantent, se battent et invoquent les Dieux à grands renforts de beuglement...

-Je sais qu'ils sont bruyants, mais je sais aussi que si vous ne dormez pas, le grand Troll viendra vous manger !

Biarni rigole doucement tandis qu'Ida tire un peu plus la peau sur son visage, les yeux agrandis par la peur.

-Aconte !!! Ordonne le garçonnet en me souriant tandis que je soupire.

-Non ! Demain ! Je réplique doucement tandis qu'il fait mine de commencer à pleurer. Je m'en fiche ! Tu peux pleurer, tu sais que ça ne marche pas avec moi ! Moi aussi je voudrais aller dormir !

Je suis exténuée... J'ai la tête cotonneuse et les membres lourds et pas franchement envie de raconter une légende aux gamins... Je les embrasse, me lève et sors de la pièce en prenant soin de ne fermer qu'à moitié la porte, histoire qu'ils ne se retrouvent pas dans le noir.

Mais à peine ais-je fais quelques pas que j'entends la porte grincée dans mon dos. Je me retourne en soupirant et les vois tous les deux dans l'encadrement main dans la main, attendrissant malgré tout dans leurs chemisettes de nuit beaucoup trop grandes.

-Aconte Mama... Sitepai !!! Murmure Biarni en penchant la tête sur le côté d'un air suppliant tandis qu'Ida hoche la tête.

Je les regarde dépitée et finis par soupirer.

-RRRRRhhh ! Bon d'accord mais après vous dormez ! Et au lit, sinon je ne raconte rien du tout !!

Les gamins s'empressent de retourner au lit et se pelotonnent tandis que je saisi une bougie allumée avant de les rejoindre. Je pose doucement la bougie sur la table entre les lits et m'assois au bord de la couche en essayant de trouver une histoire qui ne les ferait pas hurler de terreur. Et n'en trouve aucune... Toutes les légendes parlant de Troll ou de géants sont sanglantes et dépeignent des monstres sans aucune humanité... Je réfléchis quelques instants et décide d'en inventer une qui les fera rêver et pas cauchemarder ! Je m'éclaircis la voix, prend un ton de conteur en les regardant et commence mon récit tandis qu'ils se sourient complices.