Chapitre 10

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Christopher

San Francisco, Californie – 19h00

Habiller de vêtements bon marché, d'une casquette sur la tête et de sa paire de lunettes protégeant ses yeux des regards indiscrets – ou quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs – Christopher suivit Adrien dans le restaurant italien qu'ils avaient remarqué dans le centre-ville en arrivant. Et pour une fois qu'ils étaient d'accord sur l'heure et l'endroit du dîner, Christopher n'avait pas réfuté l'idée de se restaurer avant d'aller rejoindre leur nouvel hôtel. Passant devant son manager, il s'empressa de demander au maître d'hôtel une table se trouvant très loin des baies vitrées et assez reculée de la salle afin d'éviter qu'une situation semblable à celle du fast-food à San José ne se reproduise à nouveau. D'abord suspicieux, le vieil homme d'une cinquantaine d'années les amena à une table pour deux personnes au deuxième étage de l'établissement, et, comme souhaité, éloignée des autres clients et des quelques fenêtres donnant sur l'extérieur. Christopher S'installa dos au public, tandis qu'Adrien s'assit en face de lui. Ils commandèrent leur plat dans un silence apaisant. Christopher devait avouer que son manager l'étonnait de plus en plus, ces derniers temps. D'abord, il acceptait de tout plaquer pour faire un road trip avec lui, ensuite il se confiait légèrement sur son passé d'Amish et pour finir, il découvrait par lui-même le nom de la maladie de son protégé et ne semblait pas être en colère de ne pas avoir été prévenu pour la maladie.

Cela doit venir de son éducation Amish.

À cette pensée, Christopher secoua la tête. Bien que l'idée lui eût traversé l'esprit en voyant le mode de vie si atypique d'Adrien à Los Angeles, il n'aurait jamais cru que son manager était vraiment né dans une communauté religieuse telle que les Amish. D'après internet et Adrien lui-même, c'était tellement rare qu'un jeune choisisse le monde moderne que les excommuniés se comptaient sur les doigts de la main. Après avoir reçu leur plat, Adrien demanda :

― Christopher, je peux te poser une question ?

Ne me parle pas de ma maladie. Ne me parle pas de ma maladie.

― Évidemment.

― J'aimerais que tu me dises pourquoi tu as voulu partir loin de L.A pour un road trip.

Christopher attendit d'avoir avalé sa bouchée de pâte pour répondre :

― Depuis quelque temps, je sentais le burn-out arriver. J'étais fatigué, je vivais à cent à l'heure, j'en avais marre des concerts et des enregistrements, je râlais à chaque fois que je recevais mes nouvelles chansons totalement puériles, j'avais marre de ne plus pouvoir composer mes propres chansons, d'avoir des millions de gamines en guise de fans, d'être considéré comme une popstar par mes paires, énuméra Christopher en comptant sur ses doigts. C'est vrai quoi, avant, j'étais une rockstar à part entière, et là, depuis cinq ans, je suis promu au rang d'idole des jeunes. Bref, j'étais au bord de la crise de nerfs. Et il y a cinq jours, au moment où j'ai tout plaqué en t'amenant avec moi, c'était à cause de Marc : en voulant me faire chanter avec des notes très aiguës, il a fait déborder le vase.

Adrien acquiesça.

― D'accord, je comprends mieux, maintenant. Et lorsqu'on rentrera, tu souhaites qu'on change quoi ?

Christopher arrêta de manger, sa fourchette à quelques centimètres de ses lèvres. Son manager avait-il bien dit ce qu'il avait cru entendre ?

― Pardon ?

Adrien haussa les épaules.

― Je ne te promets rien, tu connais Marc, mais oui, je vais essayer de faire en sorte de t'alléger ton planning. C'est mon job, après tout.

RockStar ! (BxB)Where stories live. Discover now