III

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Tendresse de nuit

Et elle ne trouvait plus le sommeil, seule dans ce lit qui désormais n'était plus chaud mais d'une obscure froideur, et dont l'odeur des draps lui rappelait encore cette soirée auprès de son grand amour.
Elle l'avait profondément aimé lui et ses yeux bleus, aussi puissant que son corps, mince mais d'une blancheur étonnante. Elle était charmé par ses épaules si rassurante, et de cette tête si parfaite, créée pour aimer et chérir. Cette face d'enfant parfais, que l'on veut baiser d'amour quand on devrait alors le punir, cette femme bien qu'indépendante et respirant la joie de vivre, aimait s'éteindre le temps d'une nuit au creux de son lit. Parfois il venait chez elle, et alors il y avait toujours cette fameuse tradition ; les deux amants aimaient à discuter durant quelques heures avant de débuter leur ébat sur le lit, et s'adonner à des positions passionnées. Souvent c'était lui qui se levait le premier, après sa cigarette tandis qu'elle en était à sa troisième ; et puis elle le suivait, le cendrier dans la main gauche et la droite éteignant frénétiquement la clope contre le métal froid. Croisant les bras, se dérobant de son regard vide, et tombant auprès de lui dans les draps.
Et l'heure sonnait fort dans la maison, parvenant de l'horloge et se mêlant aux cris frénétiques de la femme, chevauchée par l'homme qui s'agrippait à ses hanches, de peur de la perdre au petit matin. Finalement ils s'endormaient, bercés par les petits rayons de soleil d'été, les derniers avant le début de l'automne.
Elle savait que jamais elle ne voudrait le quitter, mais elle avait peur de son départ ; après tant de haine, tant d'amour et de peine déversés, et elle en voulait un peu trop, juste assez pour paraître sous son regard projecteur, qui lançait sur elle des désirs provocateurs.
Ta peau qui me donne envie de t'entretenir comme de la porcelaine, elle extirpe mes obscurités et toute la haine qui divaguent en moi, tu me calmes et je me sens si bien quand je nage dans tes cheveux châtains. Ébènes dans la lumière, parsemé d'un noir trop noir, je vois sous les lampadaires ton nez briller de curiosité, et je veux te baiser les lèvres.
Légèrement gercées et pourtant elles me paraissent toujours rosées, c'est ton regard qui fuit le mien qui m'inquiète parfois. Quand t'es cils se ferment, ton visage cachée dans mon cou, et qu'ils m'effleurent la peau de leur tendre douceur, c'est à ce moment que j'en veux au monde de ne pas en moi pouvoir te garder.
Ton esprit et moi pourrions parcourir les terres, mon psy m'a dit que j'étais possessif.
La jeune femme déposa ses lèvres sur celles de l'homme, en espérant ne jamais le voir s'enfuir vers une autre. Elle aussi se pouvait devenir jalouse avec le temps, mais les jours suivants elle l'aimait encore et encore, de plus en plus et sans arrêt. Toujours désireuse et fantasmant sur lui les heures durant la nuit.
Elle rêvait qu'elle était auprès de lui quand sa présence manquait au draps ; alors ils s'appelaient en se criant des "je t'aime" trop innocents. Ils s'aimaient même séparés, c'était beau lors de cette période d'été. Quand ils descendaient à deux le point d'eau, formant une ligne droit pareille à une colonne vertébrale, et portant à ses bords sur les coins secs la présence des humains fêtant la vie, et se déchirant l'intérieur de leur être pour mieux se  confier à l'être aimé.
Il faisait chaud, même à 22 heures les soirées ne s'arrêtaient pas et les lieux s'animaient jusqu'à trois heures du matin. Les gueules de bois le lendemain, les regrets et les aveux de la veille revenait. Les écouteurs dans les oreilles et le regard rêveur, l'homme est assit dans le bus et s'en-va un peu au loin de la ville pour récupérer son paradis artificiel, puis revient chez lui. Il se douche, passe une main sur son visage comme pour se confirmer qu'il vivait encore et toujours, puis sortait, reposé de sa salle de bain.
Torse nu, le pantalon mit avec maladresse il marche dans sa chambre et regarde ses messages. Son cœur palpite quand il lit le message de celle pour qui il sortira ce soir, il se sent de nouveau dépendant d'elle.
Très cher, ce soir aura lieu les festivités chez notre ami commun. Notre relation restera dans le silence, et si même je désire ardemment crier à quel point je vous aimes, j'espère votre conscience accepter sans remord ma pudeur face aux autres.
Il pense à son joli visage, ce regard taquin qui sans cesse le cherche et le fuit, cours sur le monde et tente de garder en lui chaque détails.
Il tente de lui répondre avec simplicité, avant de se rendre compte que c'est ce qui l'effrayait le plus.
Bien sûr, nous nous y retrouverons. J'espère passer de nouveau une soirée auprès de votre peau, et de votre bouche.
Il s'assoit sur son lit, finit par s'habiller, passe par la terrasse et sort.

Recueil I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant