Zéro

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« Ne me quitte pas », la musique raisonne encore dans mes pensées. Je traverse la ville sous ses grandes lumières me rappelant sans cesse la vie, et ainsi, ton existence...
Je me trimbale comme un maudit, un maudit qui ne vit plus que pour toi, que pour tes yeux, mon amour.
Une femme me regarde au loin, au travers du pont, personne ne sait, elle-même ne sait pas si je vais bien, et pourtant dans ma tête je suis bien saoul, mon amour.
Je t'aime, j'aime tes formes mirifiques qui traversent le corps des hommes.
Ta silhouette siffle le désir, et quand il se plongera dans tes yeux il n'aura pour envie que de t'aimer.
Belle, créature en mouvement qui malgré tout arrête le temps, nous nous sommes croisés dans le coeur d'une rue, j'avais le corps d'un enfant et toi le regard d'une femme.
J'ai saisis l'occasion j'ai sauté au travers des pavés, et détruit les minutes pour te parvenir parmis les ombres tristes de cette ruelle. Nos têtes surplombées par un ciel orageux, qui jalousait de notre rencontre.
Tu avais les lèvres colorées d'un rouge saisissant, ensorcelant, mon amour.
Je suis tombé sous le charme de cet oiseau chantant, qui me berça durant nombreuses années. Des jours entiers qui me ruaient de regrets, de remords, où s'acharnait la pluie sur ma pauvre tête enfouie, cachée sous une capuche noire.
J'étais un pauvre garçonnet, du haut de mes 18 ans, quand les tiens te donnaient l'image d'une femme. Tu n'étais pas mère, et pourtant tu transpirais la sagesse, tes yeux d'un marron emplie de curiosité, banalisé par leur couleur et éclatant par leur luminosité si attachante, ce visage fin et délicat encadré par une chute de cheveux noirs, et lisses bien sûr.
Ah, mon amour... Ces cheveux, sans cesse parfumés, je me rendais abruti à les sentir, les humer pour qu'au grand jamais je n'oublies cette odeur ma chérie ?
« Mon doux, mon tendre », je répétais tel un Brel en cavale, car oui chaque jour pouvait être une balade comme une course dans cette vie.

Un jeudi, on a fumé jusqu'à ce que le folie de la nuit nous parle, et tu avais je me souviens, à tes côtés une bouteille.
S'y logeait une liqueur fourbe mais envoûtante, pareille à ton odeur une fois encore, et à cette robe si belle qui s'effondrait sur tes jambes.
Je revois avec nostalgie les étoiles, au travers de ma fenêtre, et ta fumée se mêlant au cadre blanc de mes volets.
J'ai allumé plusieurs néons de couleur, personne n'était là ; nous étions chez moi, avec pour seule intruse la passion.
Je me suis logé sur ton sein, et j'ai murmuré comme un enfant « une poitrine, c'est si rassurant... ».
Tes seins, se levant car tu riais m'ont fait dormir tant de temps, et je somnolais alors, ton parfum aromatisant mes cheveux.
Je voulais t'inventer un langage, qui soit aussi tendre et attrayant que tes lèvres quand elles chantaient l'amour. Je repense encore à elles, embrassant la cigarette et repoussant un nuage de fumée dense mais charmant. À tes doigt tenant cet embout orange, parfois réduit à état de filtre, ces doigts parés d'un nombre de bagues si importantes pour toi. Tu y tenais plus qu'à ton propre frère, un grand frère si violent...

Une nuit nous nous sommes parlé, comme des Hommes d'après certaines légendes plus fausses et étranges pour moi. Le ciel d'Hiver devenait de plus en plus pourpre, et finalement de plus en plus noir. J'ai frappé de toutes mes forces, mais que faire face à un homme qui paraît si grand, si imposant, et moi trop jeune pour endurer les poings qui suivirent par la suite ?
Je ne sais pas, je ne savais plus.
J'entends les cris de cette femme, qui tentait avec douleur d'empêcher la mort d'un de nous. Malgré ma faible corpulence à cette époque, j'animais mes meilleurs fantasmes, mes plus grandes douleurs pour concentrée une haine, qui finalement le fit pisser du nez.
Le sang se répandait sur le sol, j'observais ses membres se contracter ; quand il se relèverait je serai mort.

Un flash, un blanc qui passe devant mes yeux, et ceux de cette femme qui m'observe tombé peu à peu, dans un essaim de cris.

Je ne pense plus qu'à cette créature, de beauté et de torture, j'ai un chagrin dans mes pensées, j'ai une douleur en moi qui est ancrée.

Je l'aime et ça ne sera jamais fini, suis ainsi maudit ? Je ne sais plus ce qui doit passer par ma tête. Un beau matin je me réveille, sentant mes muscles se détruire à chaque mouvement.

C'est un lit d'hôpital qui me tend ses bras, et dans lequel je me suis retrouvé. Cette femme, à mes côtés me regarde ; ce n'est plus de l'amour mais de l'inquiétude ; t'ai-je paru violent, t'ai-je fais peur ?

Elle me tend un collier, un collier en vermeille sur lequel pend une cartouche en or. Un dragon merveilleux qui sans cesse me rappellera par la suite la beauté de l'amour aimé.

Des images me reviennent, et j'ai compris, enfin que j'ai retiré sa vie à son frère. Mais comment ? Je ne le saurai donc jamais. Une idée de poème traverse mon esprit, quand elle passe se collier autour de mon coup dans le plus chic des silences, dans la plus grande prestance que même une princesse ne pourrait avoir, et une couronne ne serait jamais assez prestigieuse pour les qualités de ta personne.

Je pleure des larmes d'amour, j'écris une lettre à la vie à la mort sentant mon coeur se rompre quand elle quitte peu après la pièce. Je tend une main hasardeuse et mon bras retombe minablement contre la barrière blanche délimitant le lit, afin que je ne m'enfuis pas. Mais où irais-je désormais ? Je n'en sais rien. Que vais-je faire de cette vie qui paraît si médiocre aujourd'hui ?

Les mois passent, les jours s'étirent et se détruisent, je n'ai plus rien.

Ma vie reprend, mes yeux se baladent encore mais je ne la trouve plus. Je passe au coin de ma rue, espérant croiser une nouvelle fois cette paire d'yeux si belle et si attrayante.

Je fume ma vie, je la fume depuis quelques temps, toute une vie épuisée ; désormais j'ai une trentaine d'année, l'amour me brûle les lèvres, je recrache une part de mes remords dans l'alcool.

Je loge dans un appartement ; il sent la mort, il sent la faucheuse qui peut-être osera récupérer un être comme moi ? J'ai pu descendre quelques âmes, j'ai pu tué l'amour une centaine de fois, me jugerait-on comme un animal ?

Un homme paré de noir, dans une pièce lourde de souvenirs tortueux m'a qualifié d'inhumain. Je préfère me taire et ne plus revoir la lumière du jour ; je me terre dans cet endroit pareil à une grotte, et j'écris des mots d'amour.

Je saisis une plume comme je serai capable de saisir son bras, j'y plante le bout dans cette feuille blanche aussi fragile et sensible que sa peau, et j'y lance des mots d'amour.

Ce qu'il serait triste, de finir sa vie dans pareil endroit, mais aujourd'hui je n'ai plus ce regret.

"Je donnerai tout pour toi, pour tes yeux, pour l'interminable sourire qui se fend quand je te fais rire, j'abandonnerais mes peurs et mes tracas pour revoir en toi, cette femme irréelle que tu es, celle qui m'a donné maux de tête, lesquels j'ai retranscris sur papier, au fils du temps, des années je t'attendrais, j'attendrais caché dans un trou désert ta venue ma chérie, j'espèrerais la pluie en priant pour te retrouver parmi les larmes et parmi les pleures. Bientôt sonnera, en haut de cette cage cette heure, un beau matin quand je disparaîtrais. La folie m'a hanté, j'ai peur de ce qui arrivera à ce qui pend autour de mon cou, une fois que pendu je ne serai plus fou. Ce collier, cet or emplie de tes merveilles et de tes créations, ton coeur de tous les matériaux les plus beaux, que vais-je devenir une fois parti ? Et où es-tu ? Mon amour, donnes-moi encore et encore de tes craintes, perce ma peau d'un bonheur soudain. Peut-être que je te retrouverais dans les bras d'un ange, qui s'il est gentils m'offrira ton corps. Je veux tes lèvres sur les miennes, je veux ton amour je te veux mienne, je veux et je voudrais encore et encore nos balades sur les quais. Je souhait entendre une nouvelle fois ta voix raisonnant avec ardeur dans mes oreilles, et je rejette ces souvenirs anciens et pris pour en avoir de nouveau. Je crierais nos prénoms sur les toits de la ville, afin qu'elle se souvienne de nous, je graverais de mon propre sang tes initiales sur le par-terre sale que les pires espèces du monde souillent chaque jour, chaque heure dans ce monde. Je traverserais les étoiles, pour te ramener ne serait-ce qu'un bout de la beauté de l'univers pour que tu ne te sentes plus jamais seule, ma tendre douleur... Je crains les autres, je crains la normalité et les devoirs de l'Homme dans la société, alors peut-être suis-je réellement cet animal incontrôlable si mal jugé. Je me sens si seul, aujourd'hui. Je me sens si pauvre. Je suis malingre depuis que tu es parti, mais où es-tu enfin ? Je retrouve ton image dans les murs, dans le sol, chaque parti du monde me rappelle qui tu es, oui, qui tu es... L'élégance la plus triste, d'une féerie sans nom, ton corps d'une grâce sans pareille, tu n'es pas plus humaine que moi finalement. Enrobée d'une magie, d'une folie douteuse, ton visage encadré d'une chute mortelle et pourtant si belle, tu es charmante, tu es somptueuse dans ma mémoire".

Recueil I Where stories live. Discover now