L'éveillé

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Mô : Shaka. Shaka ! C'est à toi !

Shaka : à moi de quoi ?

Mô : de dire quelque chose.

Shaka : sur quoi ?

Mô : sur toi.

Shaka : pourquoi ?

Mô : tout le monde l'a fait, tu sais.

Shaka : et alors ? Parce que tout le monde l'a fait, moi, il faudrait que je le fasse aussi ?

Mô : Saga l'a fait ! Et moi aussi !

Shaka : Quoi ?! Tu t'es abaissé à raconter ta vie !

Mô : pas du tout. Juste un petit truc. C'était plutôt plaisant.

Shaka : plaisant ?! Comment peut-on trouver plaisant de parler de soi ? C'est de l'égocentrisme à l'état pur ! Je n'ai pas à parler de moi ! C'est contre mes principes. Et puis, tu sais combien je répugne de parler de mon humble personne. Seuls mes actes et mes enseignements sont importants ! Mes disciples et mes amis les plus proches sauront bien mieux parler de moi que je ne saurai le faire. Et pourtant, grâce à mon niveau très élevé de méditation, je me connais mieux que quiconque. Le seul être à connaître tous les recoins les plus sombres de mon âme, c'est Bouddha ! Seulement, je n'ai pas un seul recoin sombre. Je suis plus pur encore que l'enfant qui vienne de naître. Grâce à la méditation, je me suis élevé au plus haut degré de conscience. A tel point que je pourrai obtenir la connaissance de toutes choses, si je le voulais ! Mais mon humilité naturelle me l'interdit. Je n'ai besoin que des connaissances qui me permettront d'améliorer le niveau spirituel ridiculement bas des simples mortels. Heureusement que j'ai des trésors de patience pour remplir la tâche qui m'est assignée. Et ce n'est pas parce que ces pauvres diables ont la tête vide qu'il est plus facile de les remplir ! Mais heureusement que je suis pourvu d'une grande charité, je supporte toutes ses épreuves avec sérénité et je dispense gracieusement mon savoir spirituel afin qu'eux-aussi puissent avoir un minimum d'ouverture d'esprit. Même si ce serai très difficile pour eux de m'arriver à la cheville. D'ailleurs, je ne comprends pas qu'ils éprouvent autant de difficultés à trouver la voie menant à la sagesse de Bouddha. C'est pourtant si facile. Je n'ai eu aucun problème pour trouver le chemin vers la méditation ultime. J'ai même surpassé mon maître alors que je n'avais que trois ans à peine ! C'est ce qui l'a amené à penser que je pouvais être la réincarnation de Bouddha. Mais je savais qu'il n'en était rien. Bien sûr, je n'en ai rien dit à mon maître. Et ce n'est pas parce que tout le monde me traitait tel un dieu vivant, ce qui n'a rien de plaisant, tu en conviendras. Être adulé à longueur de temps... (soupir). Non, si je n'ai rien dit à mon maître, c'était uniquement pour lui éviter la honte de s'être trompé et rien d'autre ! Ce n'est jamais plaisant de se tromper... paraît-il. Enfin, j'imagine. Parce que moi, je ne me trompe jamais. Mon maître ne pouvait donc pas perdre la face, face à ses disciples ! Après tout, un maître est censé avoir la parole juste ! Même s'il y en a qui répande volontairement une parole mauvaise dans le seul but de perdre ceux qui ont placé leur confiance en lui. C'est quelque chose que je ne peux pas admettre, montrer sa mauvaise foi... euh... la mauvaise voie ! Bon, c'est vrai que certains disciples ne mettent strictement aucune bonne volonté pour trouver le chemin de la sagesse, voir ils déforment carrément mes paroles ! Mes explications sont pourtant d'une grande clarté ! Cela me laisse souvent perplexe. Comment peut-on ne pas comprendre des choses aussi simples que la méditation et l'éveil à un niveau supérieur...

Kanon : euh... on l'arrête comment ?

Mô : on ne l'arrête pas. On attend qu'il s'épuise.

Kanon : c'est un chevalier d'or...

Mô : mille jours et mille nuits...

Kanon : (soupir)

Mô : je te l'avais bien dit, qu'il ne fallait surtout pas qu'il commence !

OS en pagailleWhere stories live. Discover now