OS en pagaille

Chaque instant que je pourrai avoir

« L'année est finie. Et notre mission aussi. On l'a rempli, tous ensemble. Koro-sensei préférait. Il a préféré que nous le tuions plutôt que ce soit l'arme des gouvernements qui s'en charge. C'était, selon lui, l'aboutissement de notre année, de nos entrainements. Jamais j'aurai cru que ce serait aussi difficile. J'en ai encore la gorge nouée. Pourtant je ne supportais pas ce poulpe lorsque je suis arrivé dans la classe E après mon expulsion. Et puis, avec lui, j'ai pu entrevoir d'autres possibilités, une autre façon de faire. Je le regrette. Je souris en relisant le mot que ma mère a écrit sur la première page de mon album, celui que Koro-sensei a fait à chacun d'entre nous : « je suis contente que ton étrange professeur t'ait « pris en otage » cette année ». J'adore particulièrement les guillemets qu'elle a mis autour de « pris en otage ». Mes parents n'ont jamais cru la version officielle à propos de Koro-sensei et je dois bien avouer que ma relation avec eux a beaucoup changé, ces derniers temps. Même si ça ne les empêchent pas d'être toujours en voyage. Mais c'est vrai que c'est plus agréable.

Je feuillette encore mon album. Je vais finir par le connaître par cœur ! Quand à mon livre de conseils... je jetterai un coup d'œil lorsque j'en aurai besoin. Vu son épaisseur, il faudrait être maso pour le lire simplement pour se distraire ! Où alors juste la première page, le petit manga personnalisé. Koro-sensei adorait les mangas... Tout compte fait, je vais m'abstenir. Notre professeur avait un sens de l'humour un peu... particulier. Donc, je reprends le feuilletage de mon album... Tiens, qui peut bien sonner ? Un colporteur j'espère que je puisse m'amuser un peu ! Je reste saisi en ouvrant la porte d'entrée et mon cœur s'accélère. »

- Nagisa ?

- Bonjour, Karma, commença le bleuté puis, il eut un moment d'hésitation en voyant la tête de son ami. Je te dérange, peut-être.

Karma le dévisagea un instant avant de réaliser que c'était bien le bleuté qui était sur le seuil de sa porte et de lui répondre.

- Non, pas du tout ! Tu ne me déranges pas. Viens.

Nagisa répondit rapidement à l'invitation de son ami et après avoir ôté chaussures et manteau, il suivit Karma jusque dans le salon. Il avait un peu craint en débarquant comme ça, sans prévenir, que Karma refuse de le recevoir. Surtout que désormais, ils se verraient moins puisqu'ils allaient dans des lycées différents. Alors il prendrait chaque instant qu'il pourrait avoir. Le bleuté s'arrêta d'un seul coup et manqua de heurter Karma. En même temps, ce dernier s'était arrêté et retourné sans prévenir. Nagisa sentit ses joues chauffer et son cœur s'affoler en relevant la tête pour regarder son ami.

- Tu veux boire quelque chose ? lui demanda Karma avec son habituel sourire moqueur.

- O-oui, s'il te plait.

- Bien. Assieds-toi, je reviens.

Nagisa sentit un frisson parcourir son corps. Karma venait de prononcer ces quelques mots juste à son oreille. Le bleuté était certain que ça amusait son ami de le mettre mal à l'aise comme ça. Il le regarda disparaître hors du salon. Il soupira. Il espérait pouvoir y arriver. Il s'installa sur le canapé tout en regardant l'album ouvert. Lui-aussi l'avait regardé et plusieurs fois ! Koro-sensei avait tout prévu, depuis le début.

- C'est flippant quand on y pense.

Nagisa sursauta. Son cœur piqua un sprint dans sa poitrine et ses joues montèrent d'un seul coup en température. Karma. Il était juste derrière lui, accoudé sur le dossier du canapé, juste à côté du bleuté, le regard fixé sur l'album.

- Tu crois qu'il savait.

- Quoi donc ?

- Qu'il serait mort au mois de mars.