Chapitre 25

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Plus rien n'a de sens ces temps-ci. Non, vraiment plus rien.

Pourtant, tout avait si bien commencé avec mon entrée dans ma période sublime, c'est à n'y plus rien comprendre. Mes cauchemars sont de plus en plus violents, de plus en plus intenses, de plus en plus cruels. Et je sens Alix de plus en plus agité, à regarder partout autour de lui au moindre bruit suspect, au moindre faux mouvement de ma part. Si tout cela continue ainsi, je ne serais même plus capable de le calmer, pourtant j'y arrive bien d'ordinaire. Et lui-même, il me calme quand je suis au plus mal. Il s'est même permis de se loger dans mon lit alors que la chose des limbes me saisissait à pleine main. Ça m'a fait du bien sur le coup. Je crois.

Tout va de travers, mais d'une manière grotesque. D'abord ce message avec ce masque en papier kraft. Ensuite ma maison secondaire qui brûle, et dont il ne reste plus rien qu'un tas de cendres froides. Heureusement que j'ai caché le corps de maman ailleurs, quelle catastrophe ç'aurait été si on l'avait découvert ! Mais là n'est pas le propos, loin de là. Quelqu'un m'en veut, joue avec mes nerfs. Si jamais je découvre l'identité de ce quelqu'un, ce dernier s'en rappellera longtemps... à supposer qu'après que la rémanence pourra être après ce que je lui aurais infligé.

Mais il ne faut pas être abattu pour autant, non, il ne le faut pas, sous aucun prétexte. Il faut au contraire garder la tête haute, comme je l'ai toujours fait, parce que c'est cela vivre. Et pour arriver à ce résultat, il est temps de se remettre dans une optique habituelle : fini les repas ordinaires, il est temps de passer à une nouvelle session de gastronomie !

Oui, cela ne pourra que me rassurer, et rassurer également mon petit Alix, il ne faudrait pas que mon seul et unique juge soit dans un trop mauvais état pour ne pas pouvoir faire ce pour quoi il est ici ! D'autant plus que je commence à m'y attacher, même s'il est très étrange, effrayant quelques fois.

Oui, fini de se morfondre, passons une nouvelle fois au plat principal ! Sans mauvais jeu de mots bien entendu. Et je crois savoir qui va passer à table la prochaine fois...

Il est une certaine personne qui a cru pouvoir me faire peur, et sur le coup en effet, c'était plutôt bien réussi, j'en conviens. Mais ce que ce misérable petit rat, ce pitoyable nouveau venu dans cette ville, ce psychiatre de pacotille ne sait pas encore, c'est que lui aussi connaîtra la peur dans peu de temps, c'est une chose certaine. Et la peur, il apprendra à l'éprouver pleinement, et j'en boirai la substance métaphysique sans honte ni pudeur.

Je ne sais pas encore comment je vais m'y prendre, mais je jure de réussir, et ce, peu importe ce qu'il m'en coûtera ! De toute façon, un fou furieux sait déjà beaucoup de choses sur moi, alors que je m'en prenne à quelqu'un qui doit passer son temps à étudier des comme-moi... Mais ses affirmations sont-elles seulement vraies ? Sait-il véritablement tout ce qu'il dit savoir, ou n'est-ce qu'un jeu de sa part pour me faire peur ? Qui peut le dire, l'affirmer ? Dans tous les cas, le jeune homme aux cheveux blancs avec qui je partage ma maison a trouvé un micro dans la salle de bain. Ce qui veut dire qu'il y en a d'autres. Notre visiteur aura poussé son jeu bien loin, et je compte bien en tirer parti.

En effet, pourquoi donc m'embêter à tous les dénicher ? Celui qui les a posés s'en rendra bien compte si nous les déplaçons, et ce serait une bien mauvaise chose que cela... Non, non, nous allons faire comme si nous ne savions rien, et nous attendrons de voir où cela nous mènera... Je vais bientôt attraper un gros rat bien laid comme il faut, avec une vilaine cicatrice trop mal dissimulée. Et peut-être même un corbeau maladroit pour l'accompagner, je suis persuadé qu'il ne se doute pas du risque qui pèse sur ses épaules depuis qu'il a voulu jouer avec ma personne. il passera peut-être pour le repas celui-là...

SilenceWhere stories live. Discover now