Chapitre 33 : L'histoire de ma vie

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Il est une tristesse si profonde qu'elle ne peut pas même prendre la forme des larmesHaruki Murakami



Deux semaines se sont écoulées depuis le soir où j'ai donné ma démission à Monsieur Davis.
Ma vie en a été complètement chamboulée. Retournée.

Les premiers jours ont été les plus durs.

J'ai pris quelques jours de répit pendant lesquels j'ai demandé à ce qu'on me laisse tranquille pour faire le point sur ma vie. Ivanna m'a appelée le lendemain de la soirée et m'a demandé de mes nouvelles, mais j'ai rapidement compris que c'est Adam qui lui avait demandé de tenter de me joindre.

Le lendemain matin, j'ai donc fait une chose que je n'avais pas faite depuis des années : j'ai éteins mon portable. J'ai vaguement le souvenir d'avoir remarqué plusieurs dizaines d'appels de la part d'Adam, mais je les aie ignorés. Ils me rappelaient avec bien trop de précision la discussion que nous avions eue la veille, juste après que j'ai annoncé ma démission à Monsieur Davis.

Adam m'avait rattrapé à l'extérieur alors que je tentais de m'échapper de la soirée, les yeux striés de larmes...

« -Lena ! s'était-il exclamé d'un air désespéré.

Je me souviens de m'être arrêtée en plein milieu du trottoir désert. Je me souviens qu'il faisait froid et que je regrettais de ne pas avoir pensé à prendre de manteau.
Je me souviens également d'être en train de trembler, mais il me semble que le froid n'avait rien à voir avec ça.

Je me suis retournée lentement et je l'ai regardé.
Dans ses yeux, quelque chose s'est illuminée. Et il en aurait fallu de peu pour que je succombe et retombe dans les délices de notre attraction.

Mais j'ai essayé d'ouvrir les yeux et de le voir comme si c'était la première fois de ma vie. J'ai essayé de comprendre qui il était, ce qu'il voulait, pourquoi il avait agit comme il l'avait fait...

Il se tenait à quelques pas de moi, l'expression découragée et le corps courbé. Son teint était si pâle qu'on aurait pu croire qu'il n'avait pas dormi depuis plusieurs jours. Tout son visage était sous tension, ses sourcils étaient obliques et son regard semblait rougit par l'épuisement.

Je me suis demandé un instant si j'avais devant moi l'homme que j'avais un jour connu. Celui qu'il m'avait faire croire être.

-Lena, avait-il répété une seconde fois en voyant que je m'étais arrêtée.

Des rides d'inquiétude striaient son front, lui donnant un air malade. Il semblait avoir prit dix années d'un coup, mais je me suis bien retenue de le lui faire remarquer.
A chaque seconde qui s'égrainait, Adam avançait un peu plus. Il me fixait toujours en avançant lentement, comme si j'étais un animal qu'il ne voulait pas effrayer.

-Je t'en prie, laisse-moi t'expliquer...

J'ai tendu une main devant moi pour lui faire signe de s'arrêter, ce qu'il a fait immédiatement.

Il s'est figé et a attendu. Il a attendu que je réagisse, que je dise quelque chose, que je fasse quelque chose...

J'étais dans un état second.
Tout en moi me criait de m'éloigner. Tout ce que je savais, c'est que j'étais fatiguée et que je n'arrivais pas à enlever ce sentiment de culpabilité que j'avais. Cette sensation d'avoir laissé quelque chose d'inachevé et que c'était peut-être ma faute.

Un sentiment de regret s'est alors mit à s'immiscer dans mon esprit. Mon plus gros regret était de ne pas l'avoir laissé s'expliquer. De ne pas lui avoir donné l'occasion de me donner sa version des faits.

J'ai alors pris conscience d'une chose : avec lui, je ne voulais avoir aucun regret.
Rien à me reprocher.

This Crazy Eternal Love (L'amour est une infinie folie #2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant