Chapitre 13

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Clémence.

C'est une légère pression sur mon épaule, suite à la vibration peu évidente de mon téléphone dans la poche arrière de mon jean, qui me réveilla en premier lieu. Si ce n'avait pas été de la soirée, je ne me serais jamais levée aussi tôt.

Nous avions tout préparé les trois derniers jours, en particulier Amé qui était toute excitée à l'idée d'un relooking, mettant de côté le plan d'Effy pour me rendre présentable à cet événement.

J'avais eu l'idée suite à l'écoute d'un clip de Taylor Swift par hasard sur internet, où la gentille intello se transformait en reine du bal et réussissait à sortir de la friendzone en retirant ses lunettes et portant une robe qui la mettait en valeur. Seulement, mon plan était un tant soit peu plus compliqué. J'avais beau n'avoir rien dit à propos de Tomlinson, Amé s'en était bien douté lorsque j'avais proposé de me teindre les cheveux. Mes sentiments pour lui étaient de plus en plus difficile à cacher. De toute façon, après ces quatre années à fantasmer sur un garçon qui ne savait même pas pour mon existence, j'avais besoin de l'aide de ma meilleure amie.

- Umph.

Le rire doux d'Amelia emplit la pièce.

- Tu as mis ton réveil sur vibration. Seulement trois jours et tu es complètement sortie de la routine.

Je souris péniblement dans la pénombre qui n'était plus. Nous étions les vacances, et comme chaque fois qu'elles approchaient, je devenais ce genre de zombie ambulant qu'on ne voit que dans les clips.

- J'ai préparé le déjeuner, ma mère dort encore et mon père est déjà parti, tu as faim j'espère.

Ce n'était même pas une question. Chaque fois que j'entrais dans sa maison, je voyais Amé suivre à la lettre un rôle préconçu qu'on lui avait attribué en enfance. Si ce n'était pas toutes les familles riches qui étaient de nature narcissique, celle-ci prouvait le contraire.

- Il est qu'elle heure? Demandai-je entre deux bâillements.

Elle me pointa le cadran à côté d'elle, et je forçai mes yeux sans verres de contact à capter quelque chose. Où avais-je posé mes lunettes?

- Tu te grouilles, je t'en prie, déjà 10 heures et on a rien commencé, allez.

Je me levai à la hâte, apercevant ma silhouette suffisante dans le miroir de sa table de nuit. J'avais l'air d'une bouillie et je priai de tout mon cœur pour qu'elle arrange ça.

- Wow, attends. C'est pas un déjeuner ça, c'est de la pâté pour chat.

Elle rit à ma remarque, ramassant son bol avant de s'enfouir dans un coussin du salon.

- On appelle ça du gruau, je ne suis pas certaine que les chats en raffolent. Tu viens?

Même un chat trouverait ça merdique. À mon tour, je ramassai le truc immonde, je n'étais sans doute pas d'humeur matinale, une cuillère, puis la rejoignis.

- Donc, quels sont tes plans pour aujourd'hui?

J'écarquillai les yeux, prête à lui arracher la tête.

- Ça va, c'est une blague, j'espère que tu as tout ce que je t'ai demandé.

Je hochai la tête en prenant une première bouchée. Bizarrement, avec une certaine quantité de sirop d'érable, ce truc n'était pas mauvais.

- Bien.

Un petit silence prit place, moi étant trop fatiguée pour parler et elle n'ayant rien d'autre à dire.

- Tu comptes me dire pourquoi un relooking?

Je haussai les épaules.

- Je ne suis pas dupe, Clem. Peut-être pas la plus intelligente de nous deux, mais pas naïve. Donc tu vas me dire ce qui t'as poussée à dépenser tes économies en teinture et robe de soirée.

Je n'avais tellement pas envie d'en parler maintenant.

- J'aime bien Louis.

Quoi? L'ai-je vraiment dit?

- J'aime bien Ashton.

Pendant un temps, son besoin de tout ramener à elle m'avait énervée, mais maintenant habituée j'avais compris que son but premier était de rassurer.

- Arrête, le badboy du lycée, sincèrement?

- Oui.

- Celui qui te mène la vie dure si tu le frappes dans le corridor?

Elle hocha la tête avant de la pencher, la larme à l'œil.

- Je m'en doutais.

- Moi aussi, confia-t-elle à son tour, retrouvant son sourire.

S'ensuivit un malaise assez grotesque duquel je m'échappai de façon humoristique.

- Il y a officiellement un truc dans ce gruau, ris-je.

Elle rit à son tour, et j'eus un bien fou de voir un sourire sincère apparaître de nouveau entre ses pommettes.

- Bon allons-y!

Elle avait répété ce verbe trop de fois, mais cette fois-ci était l'officiel, et j'étais prête.

- Allons-y.

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