SUJETS SENSIBLES ET LITTÉRATURE ENGAGÉE : PEUT-ON ECRIRE N'IMPORTE QUOI ?

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Coucou ! A l'époque de "la liberté d'expression" clamée à tout va, la place de la littérature, et plus particulièrement celle de la littérature du web, est  de plus en plus remise en question : chroniques qui font l'apologie du viol et du mariage forcé, auteurs qui dérapent sur la questions du terrorisme, mais aussi une levée de boucliers des mouvements LGBTQA+ pour dénoncer le queerbaiting, ou des mouvements féministes pour dénoncer les violences faites aux femmes. La littérature, outil de pouvoir, a perdu un peu de son pouvoir dans les librairies. Mais ne sommes-nous pas en train d'assister à une repolitisation numérique ? 

Beaucoup d'auteurs clament que l'écriture sur les sujets sensibles doit être maîtrisée, documentée, voire laissée aux concerné.e.s, alors que d'autres, au contraire, se dédouanent de toute responsabilité, sous prétexte qu'il ne s'agit que de fictions. Jusqu'à quel point l'auteur est-il responsable de son texte ? 

C'est ce que nous allons voir aujourd'hui !

C'est ce que nous allons voir aujourd'hui !

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1. La littérature engagée, qu'est-ce que c'est ?

La littérature engagée trouve déjà ses précurseurs au XVIIIe siècle, pendant la Philosophie des Lumières. Un groupe d'auteurs connus de l'époque se lancent dans L'Encyclopédie, lancée par Diderot et D'Alembert, afin d'instruire la population, tout en critiquant en sous-texte la monarchie , la religion et leur fonctionnement. Des auteurs comme Voltaire ne cherchent d'ailleurs même plus à se cacher. Si vous avez lu le Traité de la Tolérance, ou même Candide, il se place clairement pour la liberté d'expression face à une monarchie trop dure et trop sévère. Cela lui a valu quelques problèmes : il vivait à la frontière, pour pouvoir fuir dès que la situation devenait un peu trop... tendue avec les autorités. Ces auteurs manifestaient également pour une reconnaissance de leur métier et une baisse de la censure, omniprésente, qui gâchait la sortie d'une oeuvre sur deux.

Au XIXe siècle, le grand nom de la littérature engagée, c'est Emile Zola. L'affaire Dreyfus a divisé la communauté littéraire. Dans sa lettre "J'accuse", Zola prend clairement partie pour Dreyfus et demande sa libération, même s'il doit se faire enfermer pour ses idées. Quelques années plus tard, il mourra d'une intoxication au monoxyde de carbone, qui est presque prouvée aujourd'hui comme étant un assassinat. L'auteur dérangeait, et de nombreux médias ont cherché à le faire taire, sans succès. Il a fallu lui couper le sifflet.

Mais c'est au XXe siècle que naît réellement la notion d'engagement : « Tout artiste aujourd'hui est embarqué dans la galère de son temps... Nous sommes en pleine mer. L'artiste, comme les autres, doit ramer à son tour, sans mourir s'il le peut, c'est-à-dire en continuant de vivre et de créer », comme le disait Albert Camus. Alors que la Première, puis la Seconde Guerre Mondiale font rage, les auteurs sont de nouveau censurés. Toute une génération d'auteurs va aussi périr à la guerre, une véritable claque pour les artistes qui n'en peuvent plus. Beaucoup décident d'arrêter de se taire, prennent la plume et critiquent le monde qui les entourent, avec plus ou moins de virulence : si certains prônent l'appel à la liberté, comme Paul Eluard, d'autres cherchent à faire tomber le gouvernement.

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