LES FORMATS COURTS : UNE LITTÉRATURE SIMPLISTE ?

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Depuis le XIXe siècle, de grands noms de la littérature française monopolisent les rayons des librairies de romans longs et compliqués. Depuis la révolution numérique, ce n'est plus le même refrain. Entre les géants du genre romanesque, de petites graines essayent désespérément de trouver leur chemin. C'est le web qui va leur offrir leur première vraie existence. Que sont ces formats courts qui révolutionnent la scène littéraire française aujourd'hui ?

1. Des tentatives de littératures courtes sur papier...

Sous le terme générique « formats courts » se cachent différentes littératures dont les origines sont diverses et variées. Contrairement à certains genres aux pays de naissance marqués, les textes courts proviennent d'un peu partout sur la planète.

Pendant longtemps, ce sont les anthologies, c'est-à-dire les recueils de poèmes ou de nouvelles, qui étaient plébiscitées par les lecteurs. Mais l'expansion du roman à partir du XIXe siècle a fini par les noyer dans une masse de textes, baissant grandement visibilité et intérêt pour tout lectorat potentiel. Cet effet n'a fait que s'accroître ces dernières années et, aujourd'hui, de nombreuses maisons d'éditions refusent tout bonnement de publier ce type de textes par peur d'imprimer à perte.

Les textes courts auront pourtant tout essayé pour avoir de la visibilité et, cela, dans tous les domaines de la littérature. Les haïkus, petits poèmes japonais aux thèmes simples, suggestifs et humoristiques originaires du XVIIe siècle, font partie des rares textes courts à avoir connu une postériorité en Europe. Cependant, la perte d'intérêt des lecteurs pour la poésie a également touché le milieu et les poèmes ont fini par devenir méconnus, à part pour quelques grands passionnés de littérature nippone. Dans le même genre, les Maximes de La Rochefoucauld ont également traversé le temps, davantage à cause de la célébrité de l'auteur que du contenu de celles-ci. Elles sont toujours utilisées aujourd'hui « pour faire beau » sur les réseaux sociaux, par ailleurs.

Pour survivre, les formats courts ont pris d'autres formes dès le XXe siècle, principalement grâce au développement de la presse. En 1906, Félix Fénéon innove avec des nouvelles en trois lignes, publiées de façon anonyme dans le journal Le Matin. Leur but ? Raconter des faits divers, le plus souvent touchant à la mort, avec ironie et sarcasme. En voici un exemple :

"M. Abel Bonnard, de Villeneuve-Saint-Georges, qui jouait au billard, s'est crevé l'œil gauche en tombant sur sa queue." – Félix Fénéon

De même, toujours pour un journal, Fredric Brown sera à l'initiative des short-short stories, des histoires courtes de science-fiction principalement qui travaillent le principe de nonsense, c'est-à-dire des textes qui n'ont, à première vue, aucun sens, et des paradoxes.

Pourtant malgré les efforts fournis pour maintenir les formats courts dans leur version papier, les auteurs ont échoué dans leur manœuvre. Cependant, la révolution numérique naissante va leur redonner espoir et donner une seconde chance à leurs écrits.

2. ... A l'explosion du format dans sa version numérique !

L'arrivée du web et de ses nouvelles contraintes a permis à la littérature courte de trouver son expansion tant désirée. Les lecteurs étant plus impliqués dans la création des œuvres, les auteurs de textes courts ont vu une chance de se faire une place en s'imposant. Les ebooks ont eu du mal à trouver leur succès, principalement parce que lire des textes longs sur un écran est fatigant. Le développement du format court n'a donc pas tardé pour répondre à cette demande de lire plus vite et efficacement. Cette extension a été d'autant plus fulgurante avec le développement des plateformes d'écriture amateur comme Wattpad ou Fyctia, qui ont fait du format court la norme à suivre.

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