Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]

1. La Plaine ( Partie 2/3 )

« Tss... T'es con... ! »

Le brun se redresse tant bien que mal et m'insulte.

« Petit enfoiré ! »

Je suis tellement hilare que je n'ai pas le temps de voir arriver sa boule de neige, qui me percute en pleine poire avec la même puissance qu'un missile atomique. L'impact est si vif qu'il me déséquilibre et je finis par terre à mon tour. J'entends les deux autres rire aux éclats.

« Au moins moi je sais viser ! »

Je me relève en souriant.

« Pas mal, pas mal, c'est de bonne guerre ! »

« Un as du tir, mon vieux ! »

Pas très loin, un son expiré suffisamment fort pour être audible interrompt l'allégresse générale. Je suis le premier à voir l'origine du rugissement.

Un modèle réduit du cadavre. Mais bien vivant, cette fois.

« Jung, ton flingue ! » S'écrie Cléo, visiblement paniqué à l'idée de se retrouver face-à-face avec un de ces animaux en plein jour.

Je n'ai pas le temps de protester que le brun me devance.

« Non, c'est un juvénile, on risque rien. »

Les genoux fléchis, nous restons un instant là à jauger le comportement du bipède. Comparativement à l'autre spécimen, sa taille est ridicule. Tout au plus celle d'un berger malinois adulte. Son corps tout entier semble comme recouvert d'un duvet rouge pâle qui contraste avec la blancheur de notre environnement. Il ne semble pas vouloir s'approcher, mais lève les pattes à intervalles réguliers en faisant du sur place. Sa tête pivote un peu à la manière de celle d'un pigeon.

Il semble... Agité.

« Ignorez-le, c'est sûrement un orphelin de celui-ci. » Décide Jung en pointant la créature morte à ses pieds.

Ses dires semblent se confirmer quand il entame une des côtes avec le coté denté de ma machette. Le jeune théropode se met alors à multiplier les cris, et après un court instant d'hésitation, charge dans notre direction.

Pris de surprise, je vois Jung sursauter et se mettre en garde en catastrophe. Lorsque la bête arrive à son niveau à vive allure, il parvient à l'esquiver d'un pas chassé instinctif et lui décoche un coup de pied tellement puissant dans la cage thoracique qu'il l'envoie voler sur plusieurs mètres. Il s'écrase sur le corps de son parent en couinant.

Etourdi, il met quelques secondes à se relever. Entre deux rugissements, Cléo s'égosille.

« Il est trop agressif, faut le descendre ! »

Ni moi, ni le brun ne prenons en compte sa demande quasi-phobique. Je pense qu'il a lui aussi a compris la situation. Toujours en position défensive, il tend sa main vers Cléo pour l'intimer au silence.

« Non. Il n'est pas agressif, juste effrayé. »

J'acquiesce de la tête.

« Il a attaqué seulement quand tu as commencé à raboter les os. C'est sûrement sa mère et il a dû se planquer toute la nuit pour veiller dessus. » Je complète.

La jeune femme au teint hâlé semble reprendre doucement ses esprits mais reste tout de même sur ses gardes.

« Bon, c'est bien beau tout ça, mais on en fait quoi, du coup ? »

En voyant le farouche animal se retourner et commencer à renifler le corps inerte et à moitié dévoré, Jung se relâche et époussette ses manches.

« Rien du tout, on va gentiment s'en aller. Il est condamné, de toute façon. »

Cette idée semble plaire à la fille aux cheveux noirs.

« Ça me va. On bouge, alors. »

Je hoche la tête également.

« Oui, ne perdons pas plus de temps, on n'a même pas réussi à chopper un seul Brouteur et je me passerais bien des railleries des autres si on rentre bredouille. »

Les deux autres semblent d'accord avec moi et c'est avec précaution ; d'abord à reculons pour juger de la position du jeune dinosaurien à plumes, puis en se retournant ; que nous quittons la clairière.

Avant de le perdre définitivement de vue, je tourne la tête en direction du juvénile. Il semble s'être assis aux côtés de sa mère.

La nature, ici plus que partout ailleurs, est souvent d'une cruauté sans pareille.

Un instant, un peu sans comprendre, je ressens comme une pointe de tristesse pour cette bête au destin déplorable.