23.2. Promis

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MIKA

— Aïe.

— Ouais.

— Ça pique.

— Je sais.

Je grimace lorsque l'aiguille s'enfonce une autre fois dans mon sternum. Allongée sur la table de tatouage près de moi, Isabelle se laisse faire par la tatoueuse avec détachement, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Le tatoueur penché sur moi essuie l'excédent d'encre sur ma peau à vif. Il remonte ensuite son masque sur son nez et remet en marche le dermographe, recommençant à tracer le dessin que je lui ai apporté il y a une heure et me faisant grimacer par la même occasion.

Je ne sais pas pourquoi je ne me fais pas tatouer une licorne, là, tout de suite, maintenant. Mais ce tatouage est un peu beaucoup joli.

Et c'est pour ça qu'Isabelle a décidé de se le faire elle aussi, entre les boobs comme moi.

Juste parce que... vivent les boobs.

Il ne faut pas s'inquiéter, quand même : je n'ai eu qu'à déboutonner mon chemisier sans forcément montrer mes jolis petits nichons sympathiques à un inconnu. Cordialement.

Et pour détourner mon attention de la douleur, je me me concentre sur la musique rap qui remplit le petit salon tenu par le couple gothique qui nous tatoue à l'instant. Les murs sont couverts de nombreuses photos développées des tatouages qu'ils ont effectués, allant de dessins extrêmement compliqués et gros à des trucs simples comme... le contour d'un cœur sur la fesse.
Mon prochain tatouage, c'est décidé.

— Eh, mais regarde comment c'est canon !

Isabelle, debout devant l'un des grands miroirs du salon, la main pressée contre ses seins nus, un oeil admiratif posé sur le dessin que j'ai fait et qui marque désormais à l'encre indélébile le creux de sa poitrine rougi par le dermographe.
La tatoueuse aux cheveux teints en rouge observe à son tour son travail avec satisfaction.

Au moment même, son coéquipier ajoute la touche finale à mon tatouage et retire la feuille qui lui servait de gabarit pour le dessin. Il désinfecte ma peau avec de la Biseptine, s'assurant qu'il ne reste plus aucune goutte de sang ou d'encre qui tache ma peau. Puis, il déroule un fin film de plastique qu'il place sur mon tattoo pour le protéger. La dame en fait de même pour Isabelle et nous procédons toutes les deux vers la caisse en sautillant, toutes excitées.

Notre tout premier tatouage.

— Vous devez désinfecter deux fois quotidiennement avec le produit qu'on vous offre pendant deux à trois semaines, explique la tatoueuse pendant que je compose le code de ma carte bancaire. N'hésitez pas à revenir nous voir pour des retouches gratuites, ça nous fera plaisir de perfectionner notre travail.

Je lui offre un sourire éclatant et laisse ma place à Isa qui insiste pour payer son propre tatouage.

— Merci beaucoup.

Elle nous donne aussi une crème à appliquer pour que ça cicatrise.
Et lorsque nous la remercions à nouveau, elle sourit et se tourne vers son copain qui se vide une bouteille d'eau fraîche, assis sur un pouf coloré. Nous enfilons nos manteaux pendant qu'il nous annonce justement qu'il faut prioriser les vêtements amples pour laisser le tatouage respirer et ne pas salir nos chandails. Après un moment, nous pourrons retirer le film de plastique.

Sixty Shades of a Unicorn - T2Where stories live. Discover now