13.2. L'obliger à lever le drapeau blanc

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DAREN

— Mais Daren, c'est une boîte pour adultes.

— Jeunes adultes, rectifié-je.

Je me gare pas loin de l'entrée du bar et coupe le contact. Détachant ma ceinture, je me tourne à moitié pour faire face à Orane, Olivia et Océane qui frétillent d'excitation. Je ne sais pas trop dans quoi je m'embarque en les emmenant là, mais vaut mieux qu'elles le fassent avec moi qu'avec des ados en chaleur qui ne veulent rien d'autre que les sauter pour aller se vanter auprès de leurs amis.

Pour l'avoir fait un nombre incalculable de fois, je sais de quoi je parle.

— Règle numéro 1 : celle qui touche à l'alcool, je lui roule dessus avec un tracteur.

Elles grommellent, déçues, et je poursuis.

— Règle numéro 2 : restez toujours ensemble. Les vieux pervers vous approcheront moins s'ils voient trois clones danser collé-collé.

— On n'est pas des clones !

— Vous êtes des triplettes. Même chose.

J'enfonce mes clés dans mes poches avant de saisir mon téléphone.

— Vous avez vos cellulaires ?

Elles brandissent fièrement leurs i-machins.

— Vous connaissez mon numéro ?

— C'est celui avec plein de six, non ? demande Olivia en fronçant les sourcils.

— Nan, ça, c'est Mika, objecte Océane. Cette licorne satanique.

Orane le leur récite et elles l'enregistrent aussitôt dans leur répertoire.

Jusque là, tout va bien.

— Règle numéro 3 : s'il arrive quoi que ce soit, vous m'appelez. Et règle numéro 4 : rien sur Snap, rien sur Insta, rien sur Facebook. Vos parents vont me tuer. On leur a dit qu'on allait au Dairy Queen.

Elles hochent docilement la tête.

Je prends une grande inspiration.

— On y va.

Les filles sautent de la voiture et me suivent en babillant sans arrêt. À mesure que nous approchons du bâtiment, la musique forte nous détruit les tympans et je me rends compte qu'une foule gigantesque obstrue le chemin jusqu'à la porte.
Comme d'habitude.
Le Manoir de Henryville est de loin la boîte de nuit la plus fréquentée de tout l'Alabama. Je me souviens encore de ma première fois ici, à mes dix-sept ans. J'avais beau ne pas avoir atteint la majorité, j'étais suffisamment grand et costaud pour qu'ils me laissent entrer.

Et depuis ce jour, chaque fois que l'on revenait en Alabama pour des réunions familiales avec mes parents, Nathan, Zach et moi passions nos meilleures soirées ici.

Nos nuits aussi, parfois.

Nous franchissons la grille noire et nous nous fondons dans la longue file qui serpente jusqu'à deux agents de sécurité qui vérifient les identités des visiteurs. Sous le vent froid qui souffle à cette heure de la soirée, nous progressons lentement dans la ligne. Arrivé devant les gardes, je sors mon permis de conduire et le tend au premier, chauve et à la stature impressionnante, tandis que l'autre, grand et maigre, toise les filles derrière moi sans discrétion aucune.

Sixty Shades of a Unicorn - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant