22.2. Baisser les armes et en lever d'autres

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DAREN

Des mains douces palpent mon front, ma gorge et mon poignet tandis que je grogne comme une bête en rut, la peau brûlante. J'entends vaguement quelqu'un s'exclamer avec surprise devant mon état avant de recommencer à me tripoter.

— Eh... dégage, t'es qui toi ?

Je repousse la personne, peu importe qui c'est, et tente de lui tourner le dos.

Sans succès.

— Tu as une grippe musculaire Daren, arrête de bouger.

Je reconnais peu à peu la voix douce et entrouvre une paupière, aussitôt aveuglé par les lumières du plafonnier.
Elles n'ont jamais été aussi lumineuses.
Je me force à tourner la tête vers la femme qui se tient accroupie à mon chevet au prix d'un énorme effort.

— Oh, Pen, gémis-je en refermant les yeux. Je suis en train de mourir. C'est le karma.

Le gloussement qui lui échappe me fait grogner et malgré ses avertissements, je tente toujours de me rouler dans le lit pour lui tourner le dos, mais plus je bouge, plus mon corps entier se crispe.
Crever aurait fait moins mal.

— Tu ne vas pas mourir, idiot. Je vais te faire des compresses et aller te chercher des médicaments et ça ira.

Je la regarde du coin de l'œil à nouveau.

— Et comment est-ce que tu es entrée ? Pourquoi est-ce que toutes les femmes que je connais sont des psychopathes qui savent tout sur moi, putain ?

Je pousse un gémissement de douleur lorsqu'elle me donne une tape sur l'épaule qui m'aurait laissé indifférent en temps normal.

— Oh, pardon, s'excuse-t-elle rougissant.

— Ne me touche plus, haleté-je.

— Il va falloir que je le fasse.

Je ferme les yeux, éreinté, tandis qu'elle se met debout. Je l'entends épousseter son uniforme de l'hôpital et je devine avec ce qui me reste de neurones qu'on est le soir et qu'elle a profité de sa pause avant son shift de nuit pour venir s'assurer que je vais bien.

— Ça faisait deux jours que tu ne donnais aucun signe de vie. Il fallait que je vienne te voir. Et puis, la deuxième clé sous le paillasson, c'est vieux comme technique, ajoute-t-elle avec un gloussement.

À moitié dans les vapes et la bouche pâteuse, je maintiens tout de même la conversation.

— Ç-Ça fait deux jours que je suis comme ça ?

— Ouais.

— Alors pourquoi je ne suis pas mort encore ?

J'ouvre momentanément les yeux, le regard voilé.

— Est-ce que tu es un ange ?

Elle éclate de rire pour de bon, cette fois.

Je grommelle en refermant les paupières.

— Pardon, mais c'est hilarant. Allez, reste sage, je reviens.

Je gémis en la laissant partir, le corps entier atrocement douloureux. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis dans cet état, mais selon elle, il semblerait que je sois en train de mourir de l'intérieur depuis quarante-huit heures. Je n'arrive plus à bouger, plus du tout.
Et il fait chaud, trop chaud.
Je repousse à grande peine les couvertures de mon torse imbibé de sueur avant d'être secoué par un frisson lorsque l'air frais de la chambre percute mon corps en feu. J'ai même envie de me gratter la joue, mais je n'y arrive pas. Putain.

Sixty Shades of a Unicorn - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant