Fanfiction Leiftan - Lying Trust

36ème Souvenir

Plus il la regardait, plus il comprenait qu'Ashkore s'était trompé, et que lui même avait été stupide de croire ne serait-ce qu'une seule seconde qu'il suffirait qu'elle soit sienne une nuit pour que sa faim s'apaise.
Au contraire, elle n'avait fait que grandir.

Leiftan approcha doucement sa main de la joue d'Adelayd pour la caresser du bout du pouce, l'air grave : pour une fois, rien ne se passait comme il l'avait prévu, et il savait qu'il s'en mordrait les doigts tôt ou tard.
Mais là, tout de suite, il ne regrettait rien.
Il s'était senti devenir... entier.

Ses yeux dérivèrent le long du corps de la jeune fille, et il se mit à sourire, d'un sourire satisfait, en la voyant partiellement empêtrée dans les draps, dans ses draps, lui offrant une autre preuve irréfutable confirmant le fait qu'elle lui appartenait, si jamais la veille n'avait pas été suffisante...
Mais son sourire se figea quand il retomba sur les légères éraflures qu'il avait cru sentir du bout du doigt, hier, quand il avait passé ses mains sur son ventre : il plissa les yeux, sceptique. Ces petites cicatrices ne dataient pas d'Yvoni...
S'était-elle blessée en s'entrainant?
Il n'avait pas osé poser la question.
- Hmmmpff...

Il tourna la tête vers elle en l'entendant gémir, sourcils froncés, et il comprit en la voyant enfouir sa tête dans le coussin que c'était les rayons du soleil qui lui posaient problème. Amusé, il se leva pour tirer les rideaux qu'il ne fermait jamais d'ordinaire, mais quand il se retourna, elle avait déjà les yeux grands ouverts, un sourire béat sur le visage.
- Pardon... Je t'ai réveillé? demanda-t-il d'une voix douce, incapable de se retenir de la détailler une nouvelle fois de la tête aux pieds, terriblement séduit par l'idée qu'elle lui appartienne enfin pleinement.
- Non...

Elle contemplait son corps nu, son visage figé dans une expression de pure admiration, de bonheur, voire même de débauche : Leiftan avait l'habitude que les femmes le regardent avec une telle intensité, et pourtant, quand c'était elle, ça parvenait presque à le rendre timide...
Il s'avança pourtant confiant, et vint s'allonger à côté d'elle en lui tendant les bras : sans hésiter, elle vint s'y loger en soupirant longuement de bien-être :
- Rassure-moi, demanda-t-elle à voix basse, je ne suis pas en train de rêver ?
Il se mit à rire, puis se recula un peu d'elle pour la regarder avec douceur :
- Non, Adelayd, tu ne rêves pas.

Son sourire s'étendit encore, et elle baissa les yeux, presque gênée :
- Ca me paraît tellement surréaliste...
Il s'empara d'une mèche de ses cheveux en bataille pour la faire glisser le long de ses doigts: ils étaient secs, complètement ébouriffés, et vraiment sublimes. Elle ne le quittait pas des yeux, les joues roses, une main timidement posée sur son torse : on aurait presque pu croire qu'elle faisait preuve de pudeur, si une certaine lueur au fond de son regard ne dénonçait pas clairement quelques pensées bien moins raisonnables.
- La semaine avait débuté si bizarrement, expliqua-t-elle, le regard dans le vide. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se finisse aussi bien.
- Tu veux parler de ta nature faery...? murmura-t-il tout en replaçant distraitement la mèche de cheveux avec laquelle il jouait jusqu'alors derrière son oreille.

Elle acquiesça, et il sentit son regard s'assombrir un peu : lui-même avait passé la nuit à y réfléchir, tout en la regardant dormir. Comment était-ce possible ?
Les trois races ne s'étaient jamais reproduites entre elles.
Aucune trace d'une possible descendance hybride n'avait pu être observée, jusqu'à aujourd'hui... Elle ne faisait décidément que le surprendre, de jours en jours.
- Oui, hésita-t-elle, Miiko m'avait dit de ne pas en parler, mais j'ai confiance en toi.

Il esquissa un sourire crispé.
Ce n'était pas la première fois qu'elle reconnaissait ce fait, et pourtant, à chaque fois, il entendait son démon intérieur rétorquer : "tu ne devrais pas".
- Je me demande bien de laquelle des deux de ces trois lignées je descends ? souffla-t-elle en fronçant les sourcils, comme si elle lui posait véritablement la question.