Chapitre 36

1.7K 97 31
                                    

Elle ferma les yeux et se laissa glisser dans la piscine. Plus rien ne comptait à ses yeux, si ce n'est l'apaisement de ses supplices. C'était l'ultime solution pour qu'elle retrouve la paix en elle. La vie était injuste. A quoi bon de continuer un jeu qui ne l'amusait plus ? Bérénice était fatiguée de vivre. Elle soufflait ses dernières bouffées d'air de libération. Elle luttait pour ne pas revenir à la surface. Encore un peu et c'était la fin... Mais quelque chose lui fit remonter à la surface. Elle se retrouva projetée au bord de la piscine.

- PUTAIN, Bérénice ! Ca ne va pas la tête !

Tristan la secoua de toutes ses forces pour lui faire comprendre la situation.

- Laisse-moi tranquille !
- Qu'est-ce que tu es en train de faire ?!
- Je fais ce que je veux ! Lâche-moi ! Tu me fais mal !

Il lui serra les épaules encore plus vigoureusement. Elle le repoussa de toutes ses forces en vain.

- NON ! MERDE ! J'ai déjà failli te perdre, je ne veux pas te perdre à nouveau ! Arrête de me faire culpabiliser encore plus !
- Quoi ?! C'est toi, qui me fait culpabiliser !
- Tu ne comprends pas...
- Écoute, Tristan, tu es une magnifique personne en tout point. Le problème, c'est moi ! Je ne te mérite pas. Je ne mérite pas de vivre tout simplement. Je n'ai plus rien à t'apporter. Je ne sers plus à rien sans ma mémoire...
- C'est faux ! Ne dis pas ça, Bérénice. Tout ce qui est arrivé, c'est à cause de moi...
- À cause de toi, comment ça...?

Son mari fuyait son regard, il regardait loin vers l'horizon. Il avait les larmes aux yeux. Bérénice voyait qu'il ne savait pas comment aborder le sujet.

- Je te demande pardon, ma chérie. Je ne savais pas comment t'avouer la vérité. Tu vas me haïr... Le soir de ton accident, tu dînais une énième avec tes collègues. J'étais jaloux de ne pas pouvoir passer plus de temps avec toi. Je m'imaginais des choses. Je pensais que tu me trompais... J'ai bu, je t'ai téléphoné et... Je me suis emporté et je t'ai fait du chantage pour que tu rentres. Tu as dû conduire vite en pleine nuit, alors que la conduite nocturne te fatiguait les yeux... Tu n'as pas pu éviter ce connard qui a grillé son stop. Ton accident est survenu à cause de moi. Je te jure que je ne voulais pas. Il n'y a pas un jour où je ne regrette pas... Je t'aime Bébé, je ne veux pas te perdre à nouveau.

Bérénice était abasourdie par l'aveu de Tristan. Elle pensait que c'était juste un simple accident de la route.

- Dis quelque chose, Bérénice..

Est-ce qu'elle avait le droit de lui en vouloir ?

- C'est le destin... Je ne t'en veux pas.
- Merci...
- On ne peut pas changer le passé. Je viens de me rendre compte qu'on m'avait donné une deuxième chance pour vivre, pourtant je n'en profite pas...
- Pourquoi ? Est-ce que je ne te rends pas heureuse? C'est pour ça que tu veux tu mourir ?
- Tu étais au courant de mon attirance pour les femmes, n'est-ce pas ?
- Mais de quoi tu...
- Réponds-moi, le coupa-t-elle.
- ...
- Je sais que tu es allé voir Héloïse avant notre mariage.
- Est-ce que tu as retrouvé la mémoire, Bérénice ?
- Non... Je l'ai revu.
- Vous vous êtes remises ensemble ? demanda-t-il sarcastiquement.
- NON.
- Je savais que tu aimais les femmes, j'étais tombé sur tes poèmes un jour... En parlant à nos quelques amis communs, je suis vite tombée sur l'identité de ton ex. Je voulais fermer les yeux car tout me monde a un passé. Cependant, un jour, tu m'attendais toute chamboulée en bas de chez moi. Malgré mes insistances, tu refusais de m'expliquer quoi que ce soit. Lorsque ton téléphone se mit à sonner, tu refusas de décrocher. Tu finis par révéler que tu t'étais embrouillée avec une amie. Mise à part elle, je ne voyais pas qui ça aurait pu être, donc je suis allée la voir.
- D'accord... Je n'aime ni qu'on fouille dans mon passé ni qu'on se mêle de mes affaires...
- Je l'ai fait pour nous. J'étais fou amoureux. Je t'aimais, Bérénice... Je ne te le dirai jamais assez.
- Je suis désolée... Je ne sais pas ce que tu aimais chez moi réellement. J'ai l'impression d'être devenue une femme froide, coincée, sans humour, mauvaise joueuse. Un corps et une âme recouverts de cicatrices.
- C'est faux. Tu es une belle personne qui défend ses propres valeurs. Un jour, tu m'avais avoué que tu faisais tout pour être forte, confiante, mais qu'au fond de toi, tu étais fatiguée de paraître. C'est ce qui m'avait fait craquer. Je voulais te protéger à partir de ce jour-là. Tu es une formidable personne, mais tu ne t'en rends pas compte... Arrête de te dénigrer !
- Tu es trop bien pour moi. Je ne mérite pas ton amour.
- Pourquoi dis-tu ça encore ?! J'en...
- J'AIME UNE AUTRE PERSONNE, avoua-t-elle d'une traite. Je suis désolée...

Il lui demanda calmement de développer. Elle lui racontait toute son aventure avec Nina sans rentrer dans les détails. Il comprit que c'était trop tard.

- Je lui te pardonne à une condition...
- Laquelle ? 
- Promets-moi que tu ne mettras pas fin à ta vie à nouveau...

Elle se rappela de la promesse qu'elle avait fait à Nina... Elle avait oublié...

- Je te le promets...

Il la pardonna. Quelque temps plus tard, ils finirent par divorcer. Elle quitta Pa pour une autre grande ville, Homeostasis. Elle ouvrit un restaurant qui proposait des repas équilibrés, divers et protéinés. Elle voulait cibler en particulier les sportifs quel que soit leur niveau. Elle était en quelque sorte une pionnière dans ce domaine. Son restaurant était devenu une cantine pour certains habitués. Elle commençait à entretenir une relation avec une de ses clientes. Qui sait peut-être que ce sera la bonne.

L'homéostasie.

Certains y parviennent. D'autres en rêvent. D'autres méconnaissent ce lieu. D'autres n'atteignent jamais la destination. Ils se perdent en route. Ils ne trouvent pas le bon train pour y arriver. D'autres encore font juste des haltes à Homéostasie, avant de repartir. D'autres ne veulent plus entendre parler de cette ville car ils s'ennuient lamentablement dedans. Pour ma part, j'oscille. Mon train traverse sans cesse cette ville, sans pour autant s'arrêter à la station prévue. Je reprends le train d'en face, mais c'est un cercle vicieux. Mon voyage s'éternise jusqu'à l'épuisement. ( Un peu comme le foie de Prométhée ou le rocher de Sisyphe. ) Dans l'espoir que ces portes s'ouvriront un jour à la bonne destination.

L'homéostasie, c'est bien plus qu'un simple équilibre des propriétés et des compositions dans un système donné. Nous nous intéressons non seulement aux résultats, mais aussi aux réactions du système, aux stratégies mises en place par le système pour atteindre l'équilibre initial. L'homéostasie mène au bon fonctionnement du système, elle détermine donc la survie du système.

The end

« L'amour véritable commence là où tu n'attends plus rien en retour. »
Antoine de Saint-Exupéry

Mia Serotonina [ Complet ]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora