Chapitre 15

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- À vrai dire, j'ai envie d'abandonner, mais je ne peux pas m'y résoudre...
- Pourquoi... ? chuchota Nina en s'approchant dangereusement de Bérénice.
- Parce que je tiens à toi, Nina, murmura Bérénice d'un air innocent.
- Je tiens à toi aussi... Tellement, tellement que tu ne peux même pas imaginer.

Nina la prit contre elle. Bérénice passa immédiatement ses bras autour de sa taille et ferma les yeux. Elle pouvait entendre le coeur de Nina battre. Un battement régulier dont elle ne se lassera jamais.

- Je me rends compte que je ne connais rien de toi, alors que tu sais beaucoup de choses de moi, Nina.
- Il n'y a rien d'intéressant à mon propos... Que veux-tu savoir, Bérénice ?
- Que fais-tu dans la vie ?
- J'ai fait des études de pharmacie. Je travaillais dans un grand laboratoire pharmaceutique. J'ai démissionné récemment.
- Pourquoi donc ?
- Je n'aime pas la mainmise de l'industrie pharmaceutique sur la société. Les gens ne savent pas ce qu'ils se passent vraiment dans les coulisses. Après toutes ces années, je suis lassée de la pression du temps, des contraintes financières... Ce n'est pas dans cette ambiance que nous pouvons trouver des innovations.
- C'est triste...
- Oui, j'ai envie de m'aérer l'esprit, de faire autre chose...
- Comme ?
- Comme travailler dans un établissement plus petit, plus convivial, plus aux petits soins des consommateurs. Je me suis trop éloignée de mes valeurs. A la base, je voulais trouver de nouveaux médicaments pour sauver plus de gens et non faire des chiffres d'affaires. L'espérance de vie augmente donc le nombre de maladies augmente également, en particulier les maladies chroniques, donc la consommation de médicaments augmente... C'est un système très florissant. Mais malheureusement l'industrie pharmaceutique cible que les bénéfices financiers et non les bénéfices thérapeutiques. La plupart de leurs productions concerne les maladies les plus récurrentes des pays riches... Même lorsqu'ils produisent des médicaments pour les pays en voies de développement, ils ne sont accessibles qu'aux plus aisés.
- Ah oui, je vois...
- Tu as certainement vu des publicités de "médicalisation" à la télévision... Ils ciblent souvent les modes de vie, la nutrition. Ils n'hésitent pas à transformer des cas physiologiques en maladie afin de l'inciter à acheter ces médicaments.
- Ah bon ? Je n'avais pas fait attention...
- Mais ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Je ne dis ni d'arrêter les médicaments ni de les sous-doser. Lorsqu'on ne veut pas un médicament, il faut en parler au médecin ou à un pharmacien, surtout il ne faut pas prendre des initiatives tout seul. Par exemple, sous doser un antibiotique est dangereux car les bactéries ne seront pas éliminées correctement et vont développer une résistance à cet antibiotique. Quand elle sera multirésistante, ce sera l'hécatombe...
- Oui, c'est vrai... Que veux-tu faire maintenant ?
- Je vais me tourner vers un poste de pharmacienne dans une petite officine du coin. - Je te la montrerai la prochaine fois.- J'ai envie de conseiller et d'expliquer les traitements aux clients. Je commence en début de mois prochain. Argh... Je vais devoir réviser tous les noms de traitement...
- Ah oui, dur. Et...
- Oui ? Qu'est-ce qu'il y a, Bérénice ?

Bérénice ne savait pas comment aborder le sujet. Autant y aller directement...

- Quand est-ce que ton mari va rentrer ?  Je n'ai pas envie de le croiser...
- Je comprends... Je suis désolée de te faire ressentir cela. Ne t'en fais pas pour ça. Il revient samedi de la semaine prochaine, tu ne le croiseras pas. Il est parti en vacances avec les enfants.

Des enfants, super ! C'était de mieux en mieux...

- Euh... Pourquoi n'y es-tu pas allée ?
- Mon passeport est périmé, je m'en suis rendu compte trop tard. Je ne voulais pas priver mes enfants de leurs vacances. Mon mari arrive à se débrouiller avec les enfants, donc je les ai laissé partir. Ca me permet de souffler un peu aussi.
- D'accord. Tu es très compréhensive.
- Eh bien, cela me permet aussi d'avoir du temps pour moi. En jonglant entre le travail et la famille, on s'oublie un peu parfois... De plus, les vacances avec les enfants, ce ne sont pas des vacances ! Ahahaha.
- Pas faux, ahah. Quel âge ont-ils ?
- Mon fils a 11 ans et ma fille 7 ans.
- D'accord. Comment s'appellent-ils ?
- Roméo et Juliette.

Mia Serotonina [ Complet ]Where stories live. Discover now