Chapitre 35

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[ 🔞 Attention ! Le contenu de ces prochains chapitres est susceptible de choquer les plus jeunes. ]

Un mélange de curiosité et de devoir s'empara d'elle.

" Quoiqu'il arrive, cela arrivera un jour ou l'autre. Apprends à l'aimer. Songe à fonder une famille, à avoir des enfants. "

- Tu es sûre ?

Oui, enfin non. Elle avait l'impression de repartir à zéro. Elle se rappela de sa première fois comme si c'était hier. Le stress se faisait ressentir. Son coeur battait la chamade. Elle devait se décider oui ou non elle allait donner sa deuxième première fois à un homme.

- Oui...

Ce soir, ce n'était pas elle qui dominait la situation. Le temps était interminable. Crispée, la douleur était inévitable. C'était très différent de ce qu'elle avait senti dans les bras d'une femme. Malgré le fait que ce soit son mari, malgré que ce ne soit pas sa "vraie" première fois, elle s'est sentie salie à jamais...

- Je t'aime, déclara son mari avant s'endormir.

" Je sais... " était lu sur les lèvres de Bérénice.

Elle n'arrivait pas à trouver le sommeil. Ses yeux observaient la Lune qui brillait dans le ciel en espérant que Nina la regardait aussi.

Les jours passèrent. Sa vie se dégrada peu à peu. Sa motivation disparut. Le vide qui s'est développé au fond d'elle se faisait ressentir de plus en plus. Elle avait l'impression d'être dans un état de transe. Elle était vide de sentiment. Elle était fatiguée physiquement et émotionnellement. Elle éprouvait même un désintérêt pour la culture saphique. Elle passait ses journées à dormir. Lorsque ses responsabilités d'épouse la rattrapaient, le stress n'était jamais loin. Elle passait des heures à regarder son chien jouer à la balle, à regarder l'écran de télévision sans s'imprégner des émissions, à cuisiner sans grande volonté. Elle était un peu ailleurs. Elle cherchait le sens de sa vie en vain. L'appétit n'était guère au rendez-vous. Elle était rassasiée très vite. Même une bouchée en plus lui donnait l'envie de vomir.

Après plusieurs examens, le médecin diagnostiqua un syndrome dyspeptique. Il essaya de creuser le contexte psychologique, malheureusement Bérénice resta fermée.

L'étiologie de sa maladie était claire, c'était Nina. Elle lui manquait terriblement. Son regard, sa voix, son toucher, son odeur, son sourire, son humour, sa présence lui manquaient. Bérénice se demandait si elle allait bien, ce qu'elle faisait, si elle pensait à elle, si elle était heureuse... Elle avait beau être loin de Nina, son coeur ne s'était pas éloigné, il était toujours à Tentazione.

Elle finit par lui écrire une lettre qu'elle n'eut jamais le courage d'envoyer...

" Je ne t'ai jamais demandé de me choisir. Tu en avais trop à perdre, ta famille, tes principes. Si tu n'avais choisi,un jour ton sacrifice me retomberait dessus, tu m'en aurais voulu de t'avoir mené sur cette route désastreuse. Je n'ai pas d'avenir stable à t'offrir. Ton homéostasie, ce n'est pas moi. Si je t'avais demandé de me choisir, m'aurais-tu choisi ? Sans doute, non. Je n'ai même pas osé te demander car j'avais peur de la réponse. Quelle lâche, suis-je ?! Ne pas oser se battre pour la personne qu'on aime. Aha.

Parfois, j'ose à peine rêver que tu reviennes sur ta décision pour me rejoindre, mais ce sera à jamais un rêve. Tout espoir, sans action, n'est qu'un rêve. Tout cela est ma façon de t'aimer. Je ne voulais que tu te prennes la tête ni pour moi ni à cause de moi. Je ne voulais te demander de choisir ni entre ta famille et moi ni entre tes valeurs et moi. Surtout, je ne voulais pas que tu regrettes de m'avoir choisi, d'avoir partagé ces instants invraisemblables avec moi, d'avoir fait ce petit bout de chemin ensemble. Ca m'a fait vraiment chaud au coeur de t'avoir eu à mes côtés. Tes mots, mes pansements. Tes mots, mes gourmandises.

J'ai peur d'être abandonnée, mais je te laisse partir à jamais car je peux confronter mes démons pour la personne que j'aime. Je veux que tu sois chouchoutée par tes proches. Je veux que tes enfants aient un papa et une maman. Je veux que tu continues à sourire. Je veux que tu croques la vie à pleines dents. Je veux que tu sois heureuse. Je sais qu'il est capable de te rendre bien plus heureuse que moi.. "

Un jour, elle s'était mise au bord de la piscine. Elle regardait le reflet du soleil dans l'eau turquoise. Tout le monde aurait aimé avoir une piscine comme celle-ci, elle-même la première. Elle avait tout pour être heureuse, mais elle ne l'était pas. Chaque jour, elle attendait que quelque chose la surprenne et lui redonne le sourire, mais rien ne se passait. Devant, ses amis, ses parents, son époux, elle paraissait la femme la plus heureuse du monde.

" Pourquoi ?! Où est le problème ? C'est moi, le problème... Pourquoi la seule chose que je désire est-elle inaccessible ? "

La petite voix lui répondit qu'elle ne pouvait pas tout avoir dans la vie.

" Je sais, mais je n'arrive pas à trouver la paix. "

Elle n'arrivait pas à oublier Nina. Seul le sommeil lui apaiser de ses maux. Inconsciemment, elle trouvait toujours quelque chose, un objet, une situation, des mots qui lui rappelaient la femme. Chaque citation d'amour rencontrée lui faisait penser à elle. Elle faisait tout pour tomber amoureuse de son mari, mais seul un sentiment d'affection, de respect, de responsabilité subsistait. Il avait tout pour plaire, mais elle n'y arrivait pas. Si seulement il était une femme...

Elle s'enfonçait dans un tourbillon de pensées noires. Elle désespérait de retrouver sa vie d'avant. Elle n'en pouvait plus de rester à la maison. Une vie de femme au foyer n'était pas faite pour elle. Elle n'arrivait plus à faire face à son mari. Lors de son absence, elle pouvait souffler un peu. Se forcer à paraître la rendait encore plus triste.Elle ne se sentait pas à la hauteur. Elle ne méritait pas d'avoir un destin comme celui-ci. Pourquoi le sort s'acharnait-il sur elle ?

Par-dessus tout, elle n'en pouvait plus de pleurer silencieusement en regardant la Lune pendant que son mari dort. Nina lui manquait, mais c'était impossible, elle ne reviendra jamais dans ses bras. Bérénice regrettait d'avoir cédé à la demande d'Héloïse. Si elle n'était pas allée à Tentazione, elle ne serait pas dans cet état. Cette rencontre a rajouté une couche à ses problèmes initiaux.

Bérénice avait l'impression d'avoir tout foutu en l'air. Elle ne parviendrait pas à rejoindre la surface une nouvelle fois. Elle n'arrivait pas à lutter contre les forces qui l'attiraient vers le fond. La lumière s'éloignait encore et encore. Bérénice s'habituait à ce supplice mental qui ne la lâchait pas. L'ivresse des ténèbres infiltrait son sang. Elle délectait ce poison libérateur.

" Espérons qu'à la prochaine vie, je pourrais être avec Nina. "

Mia Serotonina [ Complet ]Where stories live. Discover now