Chapitre 8

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- Est-ce que je peux inviter une charmante inconnue à dîner ce soir ?

Le cœur de Bérénice rata un battement. L'inconnue l'avait vraiment estomaqué. Elle pensait se quitter simplement sur quelques politesses et ne jamais se revoir.

- Euh...
- Je te ramène après.

" Oula. Attends, qu'est-ce qu'il se passe là ? J'ai raté un épisode ? "
En voyant l'hésitation de Bérénice, sa voisine s'empressa de s'expliquer.

- Ce n'est pas du tout dans mes habitudes de proposer un dîner à une passante, mais je trouverai fort dommage de ne pas poursuivre notre conversation.
- Hum... D'accord, mais à une condition.
- Laquelle ?
- Que je paye ma part.

Elle éclata de rire. Bérénice la regarda méduser. Elle n'avait pas l'habitude des personnes qui prennent aussi facilement la confiance, mais elle appréciait agréablement cette simplicité, cette véracité.

- Ah ça, ce sera à discuter ultérieurement. Allons-y. Je suis garée là-bas.

Bérénice la suivit en feignant d'être vexée.

- Je vois que mademoiselle n'aime pas se faire entretenir, reprit la brune. Quel caractère !
- Figure-toi que je l'assume parfaitement.
- Je sens que nous allons bien nous amuser.
- Arrête de faire comme si nous nous connaissons depuis des lustres.
- Cela fait à peine deux heures que je t'ai rencontré et je t'apprécie déjà ! C'était vraiment inimaginable !

Bérénice piqua un fard immédiatement. Elle balbutia " ", avant de tourner la tête pour cacher son malaise.

- Merci, balbutia-t-elle.C'est juste que tu ne connais pas encore mes défauts.
- Ne t'inquiète pas, j'ai de bons sens. Puis-je connaître ton prénom ?
- Bérénice.
- C'est un beau prénom.
- Merci, c'est gentil.
- Mais quel personnage tragique de Racine...
- Tout à fait. Dont l'amant, l'empereur de Rome, Titus a dû choisir le pouvoir à l'amour qu'il lui porte puisque les Romains refusaient une impératrice d'origine étrangère. Elle fut contrainte de quitter l'Italie. En tout cas, ce ne serait pas surprenant qu'un destin tragique m'est réservé...
- N'importe quoi !

Dans la pénombre, soudain, les phares d'une voiture s'allumèrent avant de s'éteindre aussitôt. C'était une citadine grise. La taille était parfaite, ni trop grand ni trop petite. Elles montèrent dedans silencieusement. L'inconnue ouvrit la boite à gant et sortit une paire de lunettes.

- Pas de commentaire, suggéra-t-elle en les mettant. Je n'aime pas les mettre. Je les mets juste pour conduire et pour regarder loin.
- Pourquoi ne les aimes-tu pas ?
- Ça me rajeunit trop.
- Je ne trouve pas. Au contraire, ça te va bien.
- J'en doute, mais merci.
- Je t'assure que c'est vrai... Euh. Je me rends compte que je ne connais pas ton prénom.
- Nina, enchantée.

Cette dernière lui tendit sa main. Bérénice la serra sans tarder. Elle prenait cette poignée de main comme un défi. Elle ne lâchait pas son regard. Ce qui fit sourire Nina.

- De même. Tu portes le nom de mon parfum préféré.
- C'est peut-être un signe, la provoqua Nina.
- Oui, sans doute que cela signifie que tu es aussi facultative qu'un parfum, rétorqua Bérénice en lâchant sa main.
- Tu es vraiment de mauvaise foi ! broncha la conductrice, blessée. Les parfums reflètent la personnalité du porteur. Je suis peut-être ton reflet.
- J'en doute sincèrement.
- Rira bien qui rira la dernière.
- Ne m'en veux pas si je t'ôte ton sourire permanent.
- C'est mon arme secrète, pas touche !
- Ce n'est plus un secret du coup !
- Je refuse d'avoir tort.
- Tant pis, j'ai faim.
- Aaah. Désolée ! Tu m'as fait oublier de démarrer, se plaignit Nina en démarrant promptement la voiture.

Mia Serotonina [ Complet ]Where stories live. Discover now