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Je me précipite dans l'eau chaude, Lim devant moi. Mes talents de nageur me sont bien utiles au milieu de ce gigantesque lac. Jugeant préférable de m'éloigner le plus possible de la surface, j'attrape le bras de Lim et nage à grandes brasses puissantes vers le fond sûrement vaseux.

J'inspire de grandes bouffées d'oxygène, niveau respiration, aucun problème. Mais mes yeux me piquent atrocement et je ne vois rien. Le courant tente de m'entrainer à la surface mais je tiens bon. Me déplacer sous l'eau me parait étrange, la pression sur mes muscles me force à donner beaucoup d'énergie.

Cet univers est magique, plus je descends vers le fond, plus l'eau se rafraichit. Mais je ne frissonne pas, elle reste tiède malgré tout. Ca pourrait être parfait, si le son du canon ne résonnait pas me rappelant l'horreur dans laquelle je suis.

Un coup... Deux coups... Trois coups... Quatre coups... Cinq coups... Six...

Six malheureux n'ont pas réussi à trouver un point d'eau, ou encore n'ont pas réussi à se munir d'une bombe d'oxygène à temps. J'imagine la terreur qui a du les saisir quand ils ont entendu le compte à rebours commencer.

Et leur familles, leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs oncles, leurs tantes, leurs amis... Tous ces gens ont des proches, des proches qui viennent de les voir décéder... Peut-être que Noah me regarde en ce moment, peut-être pas...

Notre progression est lente, je n'attends qu'une chose, atteindre le fond et trouver une prise ou m'accrocher en attendant la fin, le moment ou la surface ne sera plus mortelle. Si nous remontons, tout est fichu, je m'en rends enfin compte.

Je sens Lim resserrer sa prise sur ma main. Elle n'est pas à l'aise sous l'eau, je le sais mais nous n'avons pas le choix. Tout est flou, le peu que je parviens à distinguer me catastrophe, rien aux alentours, pas de rocher, pas de plante, rien ou m'accrocher. Et mes muscles ne tiendront pas longtemps comme ça. J'ai une énorme crampe dans la jambe droite. Il faut que nous nous dépêchions.

J'accélère mes battements de jambes. Je dois parvenir jusqu'en bas. Pour Lim qui s'accroche à moi comme à une bouée de secours. Je sens quelque chose contre ma main, une chose gluante, j'ouvre rapidement les yeux et me rends compte que c'est une algue. Nous sommes sauvés. Lim lâche ma main et saisit la plante aquatique, je fais de même.

Mes jambes remontent vers le haut et je me retrouve la tête en bas, bêtement en train de tenir la plante. Si ma vie n'en dépendait pas, j'aurais ri de cette situation. N'est-ce pas pathétique ? Deux ados qui tiennent une plante dans les fonds marins pour ne pas finir carbonisés dans une arène où ils doivent tuer d'autres jaunes pour ne pas être tués. Je n'aurais jamais cru ça possible il y a deux mois mais je dois affronter la triste réalité, le plus grand danger pour l'Homme est l'être humain lui-même. Nous nous détruisons tous seuls et nous en profitons pour en faire un divertissement.

Un bruit familier me tire de mes pensées. Le bip incessant d'un parachute. J'entrouvre les yeux malgré la douleur et cherche l'objet tant convoité. Une boîte est posée à mes côtés. Tant pis pour mon appui, il faut que je découvre ce qu'il y a dedans. Je lâche prise de ma main gauche et saisit la boîte. Puis je m'empare de mon couteau à ma ceinture et tente de le passer dans la fente de l'objet. Puis mon amie s'en empare et me fait signe qu'elle revient avant de lâcher prise. C'est risqué, mais elle se dirige vers une pierre à proximité et frappe de toutes ses forces la boîte métallique dessus. Cette dernière explose révélant deux objets bleus. Des lunettes de plongée ! Lim enfile une des paires et revient vers moi pour me tendre la paire restante. Je lui souris et met fin au supplice de mes yeux en l'enfilant. Je soupire de soulagement mais tout ce que ça donne sont des bulles.

Mon amie agrippe l'algue mais elle se retrouve entrainée en arrière. Je m'apprête à tendre la bras pour la rattraper mais une horrible créature hideuse, mi-humaine mi-poisson m'entoure le torse et se met à tirer sur ma bombe d'oxygène. J'avale de l'eau et la recrache dégouté. Je parviens à libérer une de mes mains pour maintenir mon masque à oxygène en place. Je tourne le regard vers Lim essayant de l'apercevoir en vain, elle a disparu, emportée par un monstre marin.

Mon agresseur serre de plus en plus et je ne parviens plus à aspirer l'air de ma bombe. Il faut à tout pris que je me libère, ce serait bête d'avoir tout fait pour trouver ce fichu point d'eau pour finalement mourir au fond. J'attrape ses bras écailleux et gluant puis je me débats tout en essayant de ne pas suffoquer car le tuyau qui m'amenait l'oxygène s'est détaché. J'arrive finalement à pousser mon adversaire qui vient s'éclater la tête comme contre une vitre.

Une vitre? Dans l'eau? Non, ça ne doit pas être ça, le monstre marin semble plutôt électrocuté...

Un champ de force! J'en ai déjà entendu parler.

Je m'empresse de remettre le tuyau qui me permet de rester en vie et inspire une bouffée d'air soulagé.

A peine remis de ce combat et fatigué par cette créature je partis dans la direction opposée afin de tenter de retrouver Lim, j'espère seulement qu'elle ne s'est pas fait avaler toute crue par les animaux barbares des environs.


Je dois être sous l'eau depuis une trois quarts d'heure maximum et j'ai déjà réussi à la perdre. Eh bien disons que ce n'est pas vraiment une réussite. Le courant, sûrement artificiel tente tant bien que mal de me ramener à la surface de l'eau mais je parviens à garder une distance raisonnable avec la chaleur qui s'émane de l'arène.

Épuisé, je parvins à m'accrocher à un rocher enfoncé dans le sol sablonneux.  Mais je me rendis vite compte que je n'étais pas le seul, un autre tribut se trouvait à mes côtés. Je pris peur jusqu'à me rendre comte qu'il n'était pas en bon état et que son visage était bien amoché. En effet, il lui manquait une partie de la mâchoire et il était recouvert de marques de dents.

À tous les coups, il avait rencontré les mêmes créatures que moi mais n'avait pas eu la chance de s'en tirer. Et à en juger le liquide rouge qui colorait l'eau des alentours, il ne lui restait pas longtemps à vivre. Le garçon était brun et frêle. Je sais d'avance qu'il ne s'en sortira pas. Ses yeux bruns me supplient de l'achever. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je ne peux pas le laisser mourir en se vidant ainsi au fond de l'eau. D'ailleurs, sa bombe d'oxygène ne doit pas lui apporter grand chose...

Je saisis alors mon couteau et lui trancha la gorge avant de lui fermer les yeux.

Le canon retentit, pour marquer la fin de sa vie.

Mais quand deux bras puissants me plaquèrent contre un rocher, je compris que ce que je venais de faire était une erreur. Une fille me regarda les yeux pleins de rage.

"Elle pense que je l'ai tué pour gagner les jeux..." pensais-je.

Ce qui était totalement faux. Malgré le fait que je sens la fin proche, je garde mes principes et jamais ô grand jamais je ne tuerai quelqu'un pour m'amuser.

La fille commença à me frapper le visage, heureusement, la pression de l'eau ralentissait ses mouvements et je ne ressentais aucune douleur. Mais quand elle saisit son couteau, de la même façon que j'avais saisi le mien précédemment, je compris que la fin était proche.

Dans un dernier espoir, je propulsais mon pied contre sa cage thoracique avant de m'enfuir en nageant.

L'air vint à me manquer et je compris que le temps ou la surface nous brulait était écoulé.

Je me mis alors à battre des jambes à toute vitesse et parvins à sortir la tête hors de l'eau. Enfin c'était terminé.

THE HUNGER GAMES - le renouveau - FinnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant