CHAPITRE XLIV

1.1K 118 44
                                    

Publié le : 06/10/2018 | Mis à jour le : 18/04/2023

Publié le : 06/10/2018 | Mis à jour le : 18/04/2023

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Chapitre 44

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Chapitre 44.

 Les premières lueurs percèrent le fin feuillage d'automne, une aube sans chaleur

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Les premières lueurs percèrent le fin feuillage d'automne, une aube sans chaleur. Le vent souffla, emportant avec lui les vestiges de glorieux souvenirs. Bientôt, la Lorien s'endormirait, prise dans la glace qui ne fonderait guère avant plusieurs mois. Chaque jour, les arbres un peu plus dénudés voyaient leur manteau s'envoler en feuilles d'or.

Quelques-unes d'entre elles empruntèrent un autre chemin que celui qui leur était destiné, et s'invitèrent dans l'une des maisons des Elfes. L'atmosphère ici était aussi aveugle que sourde au changement. Le temps s'y était comme arrêté pour deux cœurs meurtris. Rien que pour eux, en ce jour si particulier, le monde avait cessé de tourner.

C'était pareil à l'un de ces contes que les mères racontent à leurs enfants. Un prince couvant la femme de sa vie d'un regard empli de tendresse. Une belle endormie pour qui l'amour était la réponse aux gestes doux de l'homme épris. Un peu maladroits par manque d'expérience, la tentation fébrile, et enfin, la crainte envolée lorsque ses pupilles posées sur lui, elle rayonnait d'un seul sourire... Tout cela était d'une telle hypocrisie.

L'ombre de la mort planait sur les deux visages. Le premier, pour avoir perdu bien plus que la vie. Le second, pour voir le premier s'en aller aussi simplement, sans s'accrocher à ce qui lui restait.

Avachi sur une chaise placée là et guettant un moindre signe, Legolas maintenait toute son attention sur sa protégée. Ses yeux si bleus étaient à présent vitreux et ancrés dans une profonde tristesse. Parfois, un rictus déformait ses traits douloureux, le rappel de la véracité de sa vue.

Un jour que son rire s'était tu. Un jour que son sourire n'avait étiré ses lèvres. Un jour que Mirmel n'avait manifesté aucun signe qu'elle voulait vivre. Plongée dans le sommeil, peut-être faisait-elle un rêve où le bonheur la berçait des mélodies de son enfance perdue.

Ne supportant plus cette vue, l'Elfe posa ses coudes aux genoux et cacha son visage dans ses mains traversées d'un tremblement. On aurait pu croire qu'il pleurait, s'il ne les avait pas retirées aussitôt, s'obligeant à continuer sa funeste punition. Car aux yeux du Sinda, c'était bel et bien là son châtiment. Et il n'aurait guère voulu qu'il en soit autrement. Il l'acceptait. Il l'avait mérité, acteur de leur malheur. Alors qu'il en soit ainsi. Il avait échoué à la rendre heureuse, il en paierait maintenant le prix.

Sous l'arche, à l'entrée de ce lieu prohibé par la loi du cœur, les membres de la Communauté assistaient à cette scène et songèrent à ce qu'elle représentait pour chacun d'entre eux. C'était un désastre, un grand malheur les avait frappés, comment l'appeler autrement ? Était-ce un adieu ? Un au revoir ? Comment savoir à l'heure si proche ? Il était l'heure. La Communauté avait décidé. L'Ennemi les savait ici, dans cette forêt. Ils devaient partir pour le bien de ses habitants et le leur, et pour accomplir la noble quête.

— Mon ami..., tenta Aragorn.

— Laissons-lui encore un peu de temps, somma Gandalf.

Le ton pris par le Magicien eut le don de libérer le groupe de l'attraction de cet instant. Le visage maussade, les Hobbits se comblèrent dans le silence. Gimli serra la mâchoire, tandis que Boromir s'attarda à scruter le lit avec une expression indéchiffrable. Un goût amer en bouche, il consentit à tourner le talon avant de suivre les autres.

La brise caressa le drap d'un blanc immaculé qui enveloppait le corps de la jeune femme. Ses longs cheveux y reposaient telle une couverture carmin, et brillaient faiblement. Sorti de sa transe, le Sinda écarta l'une des mèches qui, soulevée, était venue faire rideau. Le teint blafard de la demoiselle déchira une part de lui déjà sanguinolente. Legolas pria la grâce des Valar, pria fervemment pour que le pire ne survienne.

« Pas elle. Qu'importe le gage, seulement elle... »

Les genoux à terre, au bord de l'effondrement, l'Elfe s'autorisa un ultime geste. Celui qui témoignait de ses sentiments les mieux enfouis, et qui le définissait tout entier, corps et âme.

Ses doigts effleurèrent la joue de l'endormie et se penchant, s'offrit sans retour ni détour, osant l'impensable. Délicates, ses lèvres s'approchèrent et entrèrent en contact avec celle qu'il aimait. Ses désirs soumis... Sa dévotion inébranlable... Et leur souffrance commune.

Le prince déposa un second baiser sur le front de sa belle. Il détailla ensuite son visage, une dernière fois. Elle ne se réveillerait pas. Ce conte ne connaîtrait pas de fin heureuse.

Legolas s'arracha de cet endroit, forçant son corps à bouger, enfouissant son âme morcelée. Il quitta promptement les lieux, sans se retourner. Dehors, il saisit machinalement ses armes qu'on lui rendit devant l'escalier qui le mènerait au reste du groupe. La Dame de Lorien vint à lui.

— Vous savez ce qu'il vous attend si vous la laissez. Elle est votre Ninglor*.

Devant ce fait immuable, le Sinda sourit péniblement.

— Je ne puis demeurer à ses côtés... Et demander à ce qu'elle me pardonne. Je n'en ai pas le droit... Ni l'envie.

Haldir apparut aux arrières de Galadriel et Legolas lui adressa la même image : juste une ombre.

— Prenez soin d'elle.

— Nous le ferrons, lui assura le Galadhrim.

Le Sinda disparut bientôt dans l'escalier. Un jour nouveau se levait, mais sous ce soleil... Elle ne serait plus là.


🌱


🌱


🌱


🌱


N/A

Une fin déchirante pour ce TOME II. La menace de Sauron pèse sur la noble quête. Mirmel et Legolas ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. La Communauté doit partir, mais Mirmel ne fait plus partie de l'aventure. La Guerre sera bientôt là et Legolas confie Mirmel à ceux qu'il juge aptes à la protéger à sa place, convaincu que seul le malheur l'attend à ses côtés.

Nous entamons ainsi le TOME III qui promet d'être plus sombre et encore plus chargé en émotions que le précédent. Chacun devra faire face à eux-mêmes et se relever... ou couler.

Pour finir, Ninglor* signifie « fleur d'eau dorée » en sindarin. Ce mot est utilisé dans l'univers de Tolkien pour désigner la Rivière aux Iris. Dans cette histoire, je lui prête une autre signification. Une idée ?


Nous repassons à un rythme de publication d'1 chap' tous les mardis. RDV donc le 25 pour le 1er du TOME III !

Mirmel, l'Elfe naine T.1 : L'Orge d'AulëWhere stories live. Discover now