ICE&FIRE [levixReader]

CHAPITRE 4

- p r e m i e r s p a s -

Trois jours s'étaient écoulés depuis la tragédie de Trost. La tragédie, mais aussi le miracle. Car même après l'attaque du Colossal, la ville était toujours nôtre.
Cela n'était le fait que d'une seule découverte, peut être la plus importante de toutes depuis des dizaines d'années: la capacité d'une jeune recrue des brigades d'entraînement, Eren Jäger, à générer un corps de titan. Les journaux ne parlaient plus que de ça depuis. Il avait, avec l'aide des meilleurs soldats de la garnison, reprit le district des mains des titans en rebouchant la brèche de la grande porte. Mais une question avait alors subsisté : était-il un véritable allié ? Ou au contraire, une terrible menace pour l'Humanité ?

Cela fut décidé lors d'un procès militaire, tenu par le général en chef des armées, Daris Zacley, lui même. Et après un débat tumultueux entre le bataillon, les brigades spéciales et le culte du Mur, ce fut finalement l'insigne aux ailes de la liberté qui hérita de la garde du jeune homme. Erwin Smith semblait encore avoir joué un coup de maître, et Eren se retrouvait maintenant -tout comme moi- à la coupe du bataillon, sous la surveillance aiguisée de ce cher Caporal-Chef Levi.

Le premier ordre tomba peu après le verdict. Le jeune Jaeger, l'escouade tactique du petit Caporal et moi même, dûmes rejoindre au plus vite le nouveau quartier général du Bataillon en attendant le retour du reste des troupes encore à Trost.
Nouveau, cependant, ce n'était que dans les termes. Car en y arrivant sous les coups de quatorze heure, je découvris avec stupeur un vétuste château abandonné depuis de nombreuses années par d'anciens explorateurs. Trop loin des portes, sûrement. Trop loin de tout, en fait. Seule la forêt semblait engloutir les abords de la forteresse. Parfait pour entraîner un gamin capable de se transformer en titan cela dit.

Arrivée à ses pieds, l'immensité de la bâtisse me fit tourner de l'œil. Ou peut être était-ce l'état déplorable dans lequel elle se trouvait ? La verdure y avait reprit ses droits depuis bien longtemps. Du lierre recouvrait une bonne partie des murs de pierre, les jardins n'étaient plus qu'un amas de broussailles disgracieux et les vitraux, grisés de poussière, laissaient tout juste le loisir d'imaginer le désastre qui se cachait à l'intérieur. Je ne fus cependant pas la seule à remarquer ces faits puisque, en s'approchant, -un air profondément dégoûté placardé au visage- le Caporal nous ordonna de nous mettre au travail et de « nettoyer de fond en comble ce merdier ».
À peine eut-il terminé sa phrase que son escouade se mît au travail. Leur réactivité fut si spectaculaire qu'Eren et moi en restions bêtes un moment, plantés comme deux âmes en peine devant la grande entrée, jusqu'à ce que deux paumes sévères s'abattent sur nos épaules.

— Hé. J'ai pas été assez clair, les nouveaux ? Gronda une voix dans notre dos. Au boulot !

La fermeté de la poigne qui s'était plantée jusqu'à ma clavicule et qui me poussa en avant par la suite m'arracha un gémissement fébrile. Ce type était décidément la délicatesse incarnée. Ou pas...
Toujours est-il qu'il avait disparu avant même que je ne puisse lui renvoyer mon regard le plus revêche. Sans vraiment d'autres options, je me mis moi aussi au travail et s'en suivirent des heures interminables de nettoyage.
Il fallait bien l'admettre, même si cela était nécessaire, je ne m'attendais pas à ce genre de tâches en acceptant l'offre du Major.
Malgré tout, cela me permis de faire plus ample connaissance avec la fameuse escouade d'interventions d'urgence. Je connaissais déjà Eld, puisque c'est lui qui m'avait secouru à Trost. Malheureusement, -ou peut être au contraire était-ce une chance à l'heure actuelle- ce dernier était resté dans le district pour recevoir quelques soins spécifiques quant à ses blessures.
Restait alors Petra, la petite rousse qui avait accourut auprès de son ami lorsque je nous avais remonté en haut du mur. Douce et conciliante au premier abord, elle n'en restait pas moins une soldate d'élite avec bon nombres d'éliminations de titans à son actif - tout comme les autres, d'après Eren-. Gunther, plus expansif que sa camarade, semblait agréable à vivre et d'un naturel rieur. Puis finalement, dernier mais pas des moindres, Auruo, qui ne s'était pas gêné pour venter ses performances et ses similitudes avec le Caporal. Mais, pour être tout à fait honnête, même si le petit homme ne m'avait pas fait bonne première impression, ces deux là n'avaient rien en commun. Un monde les séparait et ce pauvre Auruo était -ironiquement- tres loin d'être à la hauteur.