ICE&FIRE [levixReader]

CHAPITRE 2

- e s p o i r -

Le chaos. Voilà ce qui régnait sur le district de Trost en cette belle journée ensoleillée. Rien d'autre que la mort et la désolation.
    Le massacre était total. La ville habituellement si apaisante et animée, n'abritait maintenant plus que ses habitants, méconnaissables, gisant à même le sol. Et leurs bourreaux, cherchant désespérément d'autres proies à travers les dédales de rues qu'ils avaient déjà ravagées.
    Chacun le sentait, plus rien ne serait jamais plus pareil ici.
    Malgré tout, la porte intérieur restait debout, solide et imprenable, permettant d'achever, par miracle, l'évacuation de quelques chanceux.
    Laissée aux mains des titans, Trost n'était plus qu'un bastion de plus, perdu à jamais. Un échec de plus. Un pas de plus vers la fin de l'Humanité, inexorable.

    Cependant, il en restait toujours, des marginaux, incapables de se plier face à la fatalité. Et quand bien même la peur les assiégeait, abandonner restait impensable. Dot Pixis était de ceux là, et en découvrant la capacité d'un jeune bleu prêt à tout, un pari naquit dans son esprit. Résister était possible. La riposte allait venir, et avec elle, l'espoir d'une victoire trop longtemps évincée.
    Alors du haut du mur, trônant par dessus les regards éteints de ses soldats, il présenta un garçon et sa capacité à générer un corps de titan. Eren Jäger.
    Ce fut tout d'abord l'indignation et la colère qui s'élevèrent d'en bas. Puis, la peur, l'incompréhension, le désarroi.     Et enfin, face aux paroles du vieux commandant, l'étincelle trop faible dans les yeux des Hommes sembla se raviver.
    Trost était à eux, et ils comptaient bien se battre pour leur district.

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    Alors que j'arpentais encore comme une dératée cet enfer, quelque chose se tramait, juste là, dehors. J'en avais la certitude.
Pendant un moment, j'avais cessé d'entendre combats et hurlements. Seuls les pas assourdissant des titans rythmaient ma fuite dans les décombres. Puis ils reprirent. Et parmi les cris et les coups de lames, tonnèrent les canons.
    Intriguée, j'escaladai -après m'être assurée que j'étais bel et bien seule- les vestiges d'une maison pour essayer de comprendre. Une fois en hauteur, tout me parut beaucoup plus clair, et j'en fus sidérée.
    Parmi les soldats retournés au combat, les grondements de l'artillerie fixe et la vapeur, se dessinait un titan portant sur son dos ce qui autrefois nous protégeait de l'autre côté. Et avec lui, semblant l'escorter, voltigeaient une escouade de soldats aguerris. C'était à n'y rien comprendre. Tous se dirigeaient vers la brèche pendant que le reste des troupes s'agglutinait en haut du mur opposé, attirant à eux la majorité des monstres du district.

    — Bordel ... m'étonnai-je dans un souffle.

    Que se tramait-il sous mes yeux !? L'armée essayait-elle réellement de récupérer la ville -si c'était bel est bien ce qu'elle tentait de faire- !? Comment !? Et ce titan, d'où pouvait-il bien sortir ?!
    J'étais comme paralysée face à tout ça. Tellement perdue dans mes pensées que je n'entendis pas arriver dans mon dos un titan de quelques mètres, jusqu'à me retrouver prise au piège dans sa poigne.
    C'en était fini de moi. J'allais me faire bouffer par cette crevure alors que j'étais presque au bout de mes peines.
J'avais beau me débattre rien n'y faisait, la poigne de cette chose était telle que je pouvais à peine respirer.
    Sa main s'approcha dangereusement de sa bouche immonde. J'aurais pu compter ses nombreuses dents lorsque son haleine putride vint s'échouer sur mon visage. La nausée me prit. Tiraillée par la peur, mon sort ne m'importait même plus. Il était trop tard, j'avais échoué et je me résignai.

    Soudain, plus rien. Aucune pression sur mon corps. L'odeur atroce disparue. Puis j'eu l'impression de voler. Quelle ne fut pas ma surprise, alors, en rouvrant les paupières, de découvrir que je volais vraiment !
    Un soldat avait découpé les doigts du titan qui me retenait prisonnière et venait de me sauver in extremis d'une mort certaine.
    Après m'avoir déposée au sol en sûreté, mon sauveur reparti de plus bel combattre le monstre. S'en suivirent plusieurs attaques pour qu'il vienne à bout de son adversaire, et l'espoir brûla de nouveau dans ma poitrine lorsque le titan se fit occire. 
    Cependant, en découpant sa nuque, le soldat ne remarqua pas l'immense paume prête à l'attraper. Ce n'est qu'au moment de la chute de la bête que son imposant bras accrocha les câbles de mon sauveur qui vint inévitablement s'écraser au sol, tel un insecte empêtré dans ses filins.
    Le fracas de leurs chute fut terrible et ce qui me pris ensuite reste encore un mystère. Redevable envers cet homme qui m'avait sauvé, je me mis à courir tout mon soûl pour le tirer dans un endroit plus calme, bien à l'abris d'autres titans.
    Les plaintes qu'il hurla à mon initiative ne présagèrent rien de bon, et alors que je reprenais péniblement mon souffle, j'inspectai le piètre état du jeune homme à mes pieds. La chute lui avait coûté cher. Les os de son avant bras étaient visiblement brisés et la jambe adjacente du malheureux ne devait pas avoir fière allure elle non plus. La chance, si on pouvait l'appeler ainsi, avait voulu que rien ne lui soit fatal. Pour le moment. Car si aucune de ses blessures ne lui avaient pris la vie, l'impossibilité de reprendre la route, elle, la lui coûterait très certainement!

— F..Fuyez... bredouilla-t-il. Sauvez votre vie...

— Vous vous foutez de moi ?! M'insurgeai-je. Il est hors de question que je vous laisse crever ici comme un chien, surtout après ce que vous avez fait!

    L'air ahuri que m'offrirent ses pupilles fatiguées fit naître en moi une peur viscérale qui gela jusqu'à mes os. Qu'est-ce que je fichais !? Par quels foutus moyens je pensais pouvoir aider ce pauvre type ?! C'était bien mon genre ça, de parler avant de réfléchir. Saletés d'instincts !
    Je scrutai les alentours avec vigueur à la recherche d'une solution. N'importe laquelle, peu importait du moment que ça nous sauvait la mise ! Mais rien ne semblait pouvoir nous sortir de cette misère. La grande porte : bien trop loin pour que je trimballe le blessé sur mon dos. Absolument personne à portée de voix : pas un cheval, pas un homme. Rien. Rien d'encore vivant, du moins... 
    Soudain, une idée émergea. Une idée discutable, certes, mais les gémissements du soldat à mes pieds et l'urgence de notre situation désastreuse me firent perdre tout bon sens en un rien de temps.

    — Votre équipement ! Il est hors service !?

    Incrédule, le jeune homme balbutia difficilement.

    — Il..Il a l'air intact, pourquoi ?

    — Parce que je vais nous mettre à l'abris avec !

    — Vous ... vous vous moquez de moi j'espère ?

    — Mon vieux, c'est pas vraiment le moment de plaisanter ! Repris-je plus fermement en m'attaquant aux harnais de son équipement sans attendre son aval.

    Alors que je peinais à retirer les sangles du soldat, ce dernier partagea sa réticence entre deux gémissements.

    — Vous allez nous tuer !   

    — Si on ne tente rien on est déjà morts ! Repris-je. Des titans sont en train de se rapprocher, c'est notre seule chance. Continuai-je en essayant moi même de me convaincre. Le mur n'est pas si loin, si seulement j'arrivais à nous hisser là haut, on serait sauvés...

    L'hésitation dans ses yeux sembla se dissiper à la vue de la détermination dans mon regard. Finalement, résigné, il acquiesça et défit lui même son équipement.
    Harnais et bonbonnes enfilés sous ses directives, j'immobilisai au mieux les blessures de mon ange gardien dans l'espoir de ne pas aggraver son état. Après l'avoir hissé avec peine sur mon dos dans un râle déchirant, je me préparai.
Des années que je n'avais pas touché à cette saloperie d'équipement tridimensionnelle et je priais pour que m'en servir soit encore inscrit dans mes gênes.
    Prête à partir, une puissante montée d'adrénaline envahit tout mon corps, et j'en tremblai d'appréhension.
    Je ne savais pas si ça allait fonctionner, mais il le fallait.
L'échec n'était pas une option.