Chapitre 37 : Sernos, de nos jours. (4/5)

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Le silence de Vespef équivalait à une réponse.

— Avec nous, vous pouvez être sûr que ces armes ne seront jamais utilisées, repris la pentarque. Nous avons vu les dégâts qu'elles produisent. Beaucoup d'Helariaseny encore vivants y ont assisté. Moi-même je l'ai vu. Les humains ont une vie courte, le souvenir du danger de ces bombes a été filtré par cinq générations. En ce qui vous concerne, vos terres portent encore les stigmates de leur action.

— Le blé qui pousse à Ortuin est mortel, confirma le roi d'Yrian.

— Ortuin doit donc importer toute sa nourriture. La ville a été obligée de se spécialiser dans le commerce de produits non comestibles. Mais pour les Shaabianos, il n'en est pas de même. Leur territoire se trouvait loin de la zone de guerre, il n'a pas été ravagé comme tant d'autres endroits, les pluies de feu ne les atteignent pas, ils n'ont pas de rivières et de lacs empoisonnés. Chez eux, la nature est luxuriante, généreuse et intacte. Ils connaissent les faits relatifs à ces bombes, mais pour eux ce n'est qu'un mythe.

Vespef marqua une petite pause pour bien faire entrer l'idée dans l'esprit de ses interlocuteurs.

— Ils se déplacent pourtant, remarqua Menjir, pour commercer avec les autres nations. Ils doivent bien voir tout le mal accompli dans les autres royaumes.

— En êtes-vous sûr ?

Dans son esprit Deirane chercha à deviner ce que les commerçants de la Hanse pouvaient voir lors de leurs voyages. Ils se rendaient à Kushan, que les Helariaseny avaient largement reboisé, ils remontaient l'Unster bordé par une jungle empoisonnée. Vu depuis le centre du fleuve le rideau d'arbre était assez épais pour faire illusion. Ils arrivaient enfin à Sernos qui était relativement épargnée par les horreurs des pluies de feu. Certains allaient dans le continent de Shacand. Les anciens royaumes de la côte nord avaient été totalement anéantis par la guerre et la population s'était réinstallée sur des rivages plus méridionaux, encore vierges il y a peu, et qui n'avaient absolument pas subis de dégats. Un shaabiano venant commercer avec l'Yrian pouvait ne pas remarquer les dommages de la guerre. Il fallait y vivre et combattre constamment une nature hostile pour comprendre.

Menjir avait dû arriver à la même conclusion vu sa réponse.

— Vous aurez deux divisions de cents hommes.

— Deux cents, remarqua Vespef, c'est bien peu. Vous ne pouvez pas me donnez plus ?

— J'ai ma propre guerre à mener. Deux cents pour le moment. Vous comprendrez que ce n'est pas gratuit.

— Annoncez votre prix.

— Je veux une éolienne. Pas un des petits joujoux que vous utilisez, j'en veux une vingt fois plus grande.

— Une grande éolienne. Ce n'est pas évident. Il va falloir tréfiler de grandes quantités de cuivre. C'est un travail énorme.

Menjir leva la main pour imposer le silence.

— Je n'ai pas fini, dit-il sur un ton royal. Pour chaque division supplémentaire je veux un pantographe du style de ceux que vous utilisez pour communiquer entre vos îles.

— Je suis d'accord pour les pantographes, mais avec l'éolienne, je veux quatre divisions.

— Trois divisions.

Vespef prit le temps de réfléchir avant de répondre. À moins qu'elle soit en train de consulter les autres pentarques par télépathie. Toujours est-il qu'elle garda le silence quelques vinsihons.

— Va pour trois divisions, dit-elle.

Ils scellèrent leur accord en buvant une gorgée d'hydromel.

La Paysanne (La malédiction des joyaux - livre 1)Where stories live. Discover now