Chapitre 31 : Territoires edorians, de nos jours. (1/2)

94 14 41
                                    


Le corps de Saalyn avait bien été transporté dans l'atelier qu'Aldower avait réservé au taxidermiste. Les porteurs l'avaient posé n'importe comment. Avec délicatesse, Sardar allongea les membres et l'examina à nouveau, de manière beaucoup plus approfondie que précédemment. Puis il sortit, laissant sa jeune assistante derrière lui pour rejoindre son employeur.

Une fois seule, elle perdit son air craintif. Elle manifestait de l'assurance et n'avait plus l'air d'une petite esclave maltraitée malgré les haillons qui la couvrait. De ses bagages, elle sortit une tenue plus adaptée que celle, à la limite de l'indécence, que le drow avait donné à la guerrière. Elle ressemblait fortement à celles dont elle avait l'habitude en mission. Elle l'habilla. Si ce n'est sa pâleur due au froid, une personne entrant dans la pièce aurait pu penser qu'elle dormait.

Dans sa chambre, Deirane était retournée rejoindre sa nièce. Par la fenêtre, le ciel commençait à s'assombrir. La nuit approchait et elle n'avait rien eu à manger de la journée. Elle se leva pour manifester sa présence.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Cleindorel.

Elle se retourna intriguée vers sa nièce, la jeune fille n'avait pas prononcé un mot de la journée.

— Quoi donc ? demanda-t-elle.

— Ça.

Elle désignait quelque chose sur le sol.

— C'est tombé de votre poche.

Un petit morceau de papier qu'elle n'avait pas remarqué était par terre. Elle n'avait rien trouvé quand elle avait enfilé la robe de chambre la veille au soir. À vrai dire, elle n'avait pas fouillé les poches non plus. Intriguée par la façon dont il avait pu arriver là, elle le ramassa. Pendant qu'elle le dépliait, sa nièce la surveillait, la respiration haletante. C'était un message, il était bref. Elle sourit de joie et le montra à Cleindorel.

— Je ne sais pas lire, dit la jeune fille.

— Excuse-moi, répondit Deirane, il y a marqué : « cette nuit, dernier monsihon, soyez prête ». Le message est rédigé en helariamen. Il n'est pas signé.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Ça veut dire qu'on vient nous chercher. Ils savent où nous sommes, ils arrivent.

Un léger sourire illumina le visage de la gamine, mais rien de plus. Elle était encore trop perturbée pour se laisser aller librement. Deirane examina une dernière fois le message.

— Je me demande qui l'a mis là. Un domestique peut être. En tout cas l'Helaria a un espion dans la place.

Elle réduisit le morceau de papier en miette qu'elle dispersa dans la cheminée. Le feu était éteint, elle espérait que personne n'irait voir l'âtre de près. Il ne fallait pas que Aldower ou ce Sardar trouvent ce message.

Deirane fouilla les placards pour trouver une tenue plus adaptée que celle qu'elle portait. Le drow n'avait prévu de la garder que quelques jours. Il avait réduit sa garde-robe au minimum. Il n'y avait aucune tenue pour l'extérieur, juste sa robe de soirée et sa robe de chambre. Les vêtements qu'elle avait en arrivant n'étaient nulle part. Le drow avait dû juger qu'ils ne serviraient plus jamais et les détruire, ou les donner à ses domestiques.

Cleindorel était encore plus pauvre puisque Aldower n'avait pas fait suivre les affaires de la jeune fille, au demeurant fort peu nombreuses, quand elle avait déménagé pour la chambre de sa tante. Elle estima que cela conviendrait. Il le fallait, elle n'avait pas le choix. Elle alla rejoindre le lit et sa nièce pour attendre le moment de partir. Elle espérait juste qu'elle n'aurait pas trop de buissons épineux à traverser lors de leur fuite.

La Paysanne (La malédiction des joyaux - livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant