Chapitre 32 : Territoires edorians, de nos jours. (1/3)

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Öta sentait l'épée posée sur son cou. Il fallait faire vite. Il regarda autour de lui pour voir ce qui pourrait lui servir. Il pouvait esquiver un ou deux coups, guère plus avant que Stranis ne l'atteigne. Son épée était trop loin, l'assassin le clouerait au sol avant qu'il ait pu l'atteindre. Et s'il ne faisait rien, il allait mourir.

Soudain, il la vit. La lampe que le truand avait lâchée au début du combat. Ce n'était pas une lampe helarieal à base de champignon luminescent, mais une lampe à huile de fabrication humaine, un réservoir en argile avec une mèche qui plongeait dedans, la flamme à nue. Par chance, elle ne s'était pas brisée en tombant sur le sol en terre battue. Un peu d'huile en avait coulé, heureusement pas assez pour qu'elle s'éteigne. Et elle était juste à portée de sa main. Quand la lame s'écarta de la peau pour prendre un peu d'élan, il agit.

D'un geste de la main, il projeta la lampe sur le mercenaire. Stranis, surpris, se protégea le visage du bras. Le fragile récipient d'argile heurta la garde de l'épée. Sous le choc, il se brisa et l'huile enflammée se répandit sur lui. Affolé, il secoua le bras, ne réussissant qu'à la répandre davantage. Sous la souffrance, il se mit à hurler. Öta se releva. Il esquiva une seconde flèche et se précipita sur son épée. Puis il fonça sur Stranis. Ses vêtements s'étaient enflammés, le transformant en torche vivante. Il se roulait sur le sol pour tenter d'étouffer les flammes, sans succès. Öta ramassa l'épée du hors-la-loi, il la lui planta dans le cœur et la laissa là, ne cherchant pas à la récupérer.

Le guerrier libre fonça vers la pièce qui contrôlait le verrouillage de la porte. L'archer invisible tirait flèches sur flèches pour essayer de l'arrêter. Il se laissa tomber à travers la porte qu'il ferma d'un coup de pied.

À l'abri, il prit le temps d'examiner les lieux. L'endroit était sombre. Il devinait à peine la roue qui actionnait la barre de fermeture. Le long du mur, une cornière la guidait quand elle glissait. Il se leva, bloqua la porte derrière lui et alla voir la roue de près.

Il commença à la tourner. Le mécanisme était lourd et la barre bougeait difficilement. Malgré tout, elle progressait. Son dos le faisait souffrir et l'empêchait de mener un effort soutenu. La première flèche l'avait blessé plus qu'il ne l'avait cru.

Des coups étaient portés contre la porte de la pièce, son adversaire cherchait à entrer. Il n'en tint pas compte, et continua sa tâche. Il s'arrêta à deux reprises pour souffler. Enfin il arriva en butée. Le verrou était débloqué. Il se laissa glisser contre le mur.

Dehors, il entendit les battants s'ouvrir violemment alors que les soldats du commando investissaient la forteresse endormie.

Deirane entendit un bruit violent de bois fracassé dans le couloir. Mënim dressa l'oreille. Sous le regard affolé de Cleindorel, elle sortit doucement son épée du fourreau et alla se placer à côté de la porte. Le même bruit se fit entendre une seconde fois, plus proche. Deirane ferma la main sur la poignée de son arme. Un bruit de course dans le couloir se termina par un choc plus sourd.

— C'était pas une porte ça, commenta Mënim à voix basse, c'est un crâne contre une massue. La massue a gagné.

— On vient nous chercher ? demanda Deirane.

— C'est possible. Qui ? Le commando n'utilise pas de massues.

Une nouvelle porte fut enfoncée, c'était celle de la chambre voisine. Mënim leva son arme, prête à frapper.

La porte de la chambre vola en éclat. Au milieu des débris, un bawck immense se dressait. Il était vert uniforme, le corps aux muscles noueux, couturé de cicatrices. Dans sa main gauche, il tenait une masse d'arme en bronze tachée de sang. Dans le dos, il avait une immense épée aussi grande que la petite stoltzin. Cleindorel poussa un hurlement de terreur. En le voyant, Mënim baissa son arme de soulagement.

La Paysanne (La malédiction des joyaux - livre 1)Where stories live. Discover now